Un tollé ! C’est ce que suscite le rapport du Pay Research Bureau (PRB) depuis sa parution. À en croire les syndicalistes, la majorité des fonctionnaires ne sont pas contents, alors là, pas contents du tout, de l’augmentation moyenne de 22 % qui leur a été accordée, de l’écart entre les petits et les gros salaires qui s’est encore creusé, des «injustices» qui n’ont pas été corrigées, des attentes qui n’ont pas été comblées… Bref, on finirait par croire que le rapport est à jeter à la poubelle – comme le suggère d’ailleurs le leader du MSM, Pravind Jugnauth – dans sa totalité, et le directeur du PRB, Mohun Aujayeb, avec !
Bon, c’est vrai, comparé à la hausse salariale accordée en 2008, cette fois, les fonctionnaires n’ont pas «tap plein». Mais après tout, le gouvernement et Mohun Aujayeb avaient bien prévenu qu’ils n’allaient pas jouer au père Noël en ces temps de crise économique. Sauf que la crise, eh ben, elle touche tout le monde, les fonctionnaires y compris. Ceux-ci estiment d’ailleurs que l’augmentation salariale accordée par le PRB, surtout à ceux au bas de l’échelle, ne rattrape aucunement, ou si peu, la perte du pouvoir d’achat encourue en quatre ans. Perte d’achat un peu compensée à travers… la compensation salariale annuelle, soit dit en passant. Comme pour tous les travailleurs.
Car il ne faut pas oublier qu’il y a plein d’employés – du secteur privé – qui, année après année, n’ont pour toute augmentation salariale que la maigre compensation décidée par le gouvernement après consultation avec le patronat et les syndicats. Et qui, en ce moment, ne peuvent s’empêcher d’être un peu (beaucoup) frustrés par tout ce tapage autour du rapport du PRB et qui se disent, en grommelant : «Mais ki zot lé enkor ? Zot ine gagne augmentation, la ousi zot pa contan ?»
Ou qui pensent, parfois à juste raison : «Zot oulé tou letan plis pou travay moins !» Parce que c’est un peu la perception générale : les fonctionnaires «contan casiet lekor», ils font toujours en sorte d’en faire le moins possible. Mais, heureusement, si cette croyance est en partie vraie, elle ne s’applique pas à tous les fonctionnaires !
Ce n’est pas pour rien que les syndicalistes du secteur privé réclament un National Remuneration Board (NRB) – qui décide du barème salarial des employés hors gouvernement – à la manière du PRB, qui réviserait les salaires régulièrement afin de rétablir un certain équilibre entre les fonctionnaires et les employés du privé.
En attendant, la colère gronde de plus en plus parmi les civil servants qui envisagent même, à en croire leurs représentants syndicaux, de descendre dans la rue pour dénoncer ce rapport qui ne leur rendrait pas du tout justice. Les syndicalistes réclament même un nouveau rapport qui leur sera plus favorable alors que du côté du gouvernement, on se dit satisfait de ce qu’il contient, tout en essayant d’apaiser les choses.
Par exemple, le rapport «errors and omissions» qui paraît normalement un an après le rapport du PRB devrait cette fois être prêt dans trois mois. De son côté, l’opposition, comme à son habitude, s’occupe à verser de l’huile sur le feu – «Le climat du pays est explosif et ce rapport ne vient pas arranger les choses», affirme Paul Bérenger.
Quoi qu’il en soit, entre la très grande insatisfaction affichée par beaucoup et la petite satisfaction démontrée par certains, y’a des chances, effectivement, que tout ça se termine dans les rues. Mais ce n’est nullement obligé… Faut peut-être y réfléchir à deux fois et peser le pour et le contre avant. Car après tout, est-ce si catastrophique ?