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Travayer pa décourazé !

Ça bouillonne du côté des travailleurs. C’est le cas de le dire avec pas moins de deux marches ce week-end – une de la platform kont la loi travay anti-travayer, hier, à Rose-Hill et l’autre des syndicalistes réunis au sein du Joint Negotiating Panel de l’industrie sucrière, entre autres, aujourd’hui, à Port-Louis.

La première pour protester contre les nouvelles lois du travail qui, selon Jane Ragoo, présidente de la Confédération des travailleurs du secteur privé, dans une interview à l’express samedi d’hier matin, «protègent le patron et écrasent le travailleur». La deuxième pour célébrer la «victoire» suite aux négociations avec la Mauritius Sugar Producers’ Association après la menace de grève générale et discussion sur discussion et «créer un contrepoids à la force capitaliste».

Ben, c’est bien ça, deux manifestations pour les travailleurs ! Ça démontre que les représentants des salariés sont dans l’action, qu’ils sont toujours «devant devant» pour défendre les intérêts de la classe de travailleurs, d’autant qu’en ce moment, avec la crise, les licenciements à tout-va, le chômage qui prend l’ascenseur, le coût de la vie qui n’arrête pas d’augmenter… le travailleur ne sait plus trop sur quel pied danser.

Il se demande de quoi demain sera fait, s’il aura toujours du boulot, s’il pourra nourrir sa famille convenablement, mener ses projets à bien, etc., etc. L’avenir ne lui paraît pas très réjouissant. Aura-t-il seulement de quoi rétablir la balance dans son budget avec la prochaine compensation salariale, prévue pour janvier 2013 ? À voir l’état de la situation économique, qui ne semble pas aller en s’améliorant non plus, et les déclarations du patronat, rien n’est moins sûr… Comment faire alors si tout augmente, surtout les commodités les plus nécessaires mais qu’on n’a pas les moyens de s’offrir ? Cette question a de quoi susciter des crises d’angoisse chez beaucoup de travailleurs.

Bon, ne soyons tout de même pas trop pessimistes. Il reste toujours de l’espoir, l’espoir que les choses ne se dégraderont pas davantage et même, qui sait, connaîtront une certaine amélioration. L’espoir que malgré tout, «traser» comme il est, le Mauricien trouvera toujours le moyen de s’en sortir même si ce n’est pas à sa totale satisfaction et quitte à revoir à la baisse ses exigences et son train de vie. Ce n’est pas joyeux, joyeux comme programme mais, comme dirait l’Anglais, il faut «adapt or perish». Ce qui n’est pas non plus une raison de tout accepter de la part du patronat et du gouvernement. D’accepter des lois et des conditions qui, comme dit Jane Ragoo, «écrasent les travailleurs»…

C’est pour cela qu’il faut, quand c’est nécessaire, monter au front, protester, marcher, montrer son mécontentement, faire pression… Et c’est là que nos deux marches du week-end prennent tout leur intérêt. Sauf qu’au lieu de deux, il aurait dû y avoir une seule réunissant toute la classe syndicale, créant une force et une unité encore plus dynamique et crédible. Parce que là, ça fait un peu désordre et ça divise le nombre de participants en deux bandes. Dommage…

Tout ça, nous apprend Jane Ragoo, toujours dans son interview à l’express samedi, à cause de «l’orgueil» de deux hommes : Ashok Subron, qui mène les syndicalistes du Joint Negotiating Panel, et Reeaz Chuttoo, militant invétéré de la CTSP. Tous deux luttent aux côtés des travailleurs du secteur privé mais sont incapables, apparemment, de s’entendre. D’accord, on peut ne pas avoir des affinités avec d’autres personnes mais quand il s’agit d’un intérêt suprême – ici celui des travailleurs – on peut faire un effort et mettre son ego au placard pour un temps. Allez messieurs, un petit effort ! Et vous travailleurs, surtout, pa décourazé…

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