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Le désir a-t-il besoin de distance pour rester vivant ?

Lorsque deux personnes tombent amoureuses l’une de l’autre, elles éprouvent un ardent désir de se revoir dès qu’elles en ont la chance. La passion amoureuse qui anime les nouveaux amoureux est si intense qu’ils ont envie de se retrouver dans les bras l’un de l’autre le plus souvent possible. Ils ne peuvent plus se passer l’un de l’autre. L’état d’euphorie qui les habite est un peu comme une drogue et lorsqu’ils sont séparés, ils ressentent un manque, l’autre prenant toute la place dans leur esprit, et ils passent beaucoup de temps à anticiper les retrouvailles pour fusionner à nouveau… Néanmoins, malgré l’intensité de ce qu’ils ressentent l’un pour l’autre, une certaine insécurité plane car la relation n’est pas encore établie. Cela amène les deux partenaires à se montrer sous leur plus beau jour. Chacun se montre soucieux de plaire à l’autre et déploie sans effort l’énergie nécessaire pour le séduire et le conquérir. Ils se montrent attentifs, attentionnés, se confient, s’écoutent, se complimentent. Ils bavardent et refont l’amour pendant des heures…

Tout de l’autre nous attire. Nous admirons ses projets et les aspects de sa personnalité qui nous différencient de lui. Bref, c’est la phase de l’amour que nous aimerions faire durer toujours. Mais lorsque la relation se concrétise à travers l’engagement au fil du temps, et que les partenaires se sentent plus confiants par rapport à la solidité de leur relation, les différents éléments qui alimentaient le désir de conquête se font moins présents. Le «challenge» des premiers temps étant moins important, le caractère passionnel de la relation tend à diminuer. Et le danger est bien souvent que les partenaires en viennent à se prendre pour acquis et cessent de déployer des efforts pour conserver du piquant dans leur relation.

Certaines personnes conservent avec le temps, cet élan de vouloir toujours partager le plus de temps possible avec l’être aimé. À travers l’amour nous recherchons à combler un sentiment de sécurité. L’état de fusion recherché à travers cette grande proximité avec l’autre, a pour effet de nous sécuriser justement parce que c’est du «connu». Mais est-ce vraiment sain à la longue que deux partenaires fusionnent ainsi, que leurs personnalités se fondent l’une dans l’autre ? Vouloir ne faire qu’un en se collant sans cesse à l’autre, se rendre pareil à l’autre, devenir un caméléon, tout faire avec l’autre, cesser les activités qui nous étaient propres pour adopter les activités de l’autre… Cela ne risque-t-il pas d’étouffer notre identité propre ?

Une croyance fortement répandue stipule que l’amour et le désir sont en parfaite corrélation, qu’ils croissent et décroissent ensemble. Malheureusement, cet idéal ne correspond pas toujours à la réalité. Il y a, en effet, de nombreux couples qui s’aiment profondément et qui s’entendent à merveille mais qui n’ont plus envie de faire l’amour ensemble. Prendre conscience que leur désir est éteint et que leur amour ne suffit pas à conserver «allumée» la flamme de leur désir, qu’il ne garantit pas leur attirance sexuelle est non seulement une déception pour eux mais peut être une source de souffrance.

La surprise
En fait, l’amour et le désir ne vont pas toujours de pair parce que l’amour implique une recherche de sécurité, de proximité, de connu. Par contre, le désir émerge davantage à travers la surprise, l’inconnu, l’inattendu, l’incertitude. N’avez-vous pas remarqué qu’il arrive souvent que lors d’une réconciliation après une grosse chicane, le désir sexuel monte en flèche ? L’insécurité que le conflit a provoquée a eu pour effet d’attiser le désir. Celui-ci est stimulé par une envie de découverte, d’exploration, par la nouveauté, la curiosité, par le besoin d’aventure. Il se construit sur cette envie renouvelée de partir à la découverte de l’autre. Or, lorsqu’un couple est trop collé l’un à l’autre, les partenaires n’ont plus l’espace nécessaire pour avoir le désir de vouloir découvrir l’autre.

Habituellement, nous désirons ce que nous n’avons pas et nous anticipons sur ce qui nous manque. Alors, si deux partenaires vivent un amour fusionnel sans aucune distance, il n’y a plus d’espace pour permettre au désir de s’éveiller. La flamme de l’amour est comme celle du feu, elle a besoin d’air pour être ravivée ! Par exemple, il est fréquent que l’homme désire une plus grande fréquence sexuelle que la femme. Si cette dernière se montre disponible à avoir des relations sexuelles plusieurs fois par semaine pour répondre aux besoins de son partenaire, elle ne le fait pas par réel désir. Si ce couple continue selon ce mode de fonctionnement, cela risque de tuer la mutualité du désir à la longue. Pour la femme dont la libido est moindre, son désir n’a pas l’espace nécessaire pour émerger. Elle n’a pas le temps d’anticiper le plaisir d’une nouvelle rencontre ni de retrouver son appétit sexuel puisqu’elle mange à nouveau avant même d’avoir retrouvé la faim !

On pourrait donc conclure en affirmant que si on vit constamment collés l’un sur l’autre, la passion, le désir et l’excitation finissent par disparaître car il n’y a plus aucun «challenge» et parce qu’on ne peut plus désirer ce que l’on croit posséder. Pour que le désir sexuel puisse s’entretenir, cela demande une certaine distance entre les deux partenaires. Chacun doit aussi continuer d’affirmer son identité à travers des activités qui lui sont propres, des intérêts personnels et à travers le maintien de relations avec des amis intimes. Entretenir le désir sexuel au sein d’une relation stable n’est pas chose aisée et nécessite un investissement de la part des deux partenaires.

Réconcilier le besoin de sécurité avec le besoin d’aventure à l’intérieur d’une même relation est en quelque sorte paradoxal. Mais, les partenaires peuvent voir cela justement comme un beau défi qui les poussera à mettre du piquant dans leur relation pour ne pas se prendre pour acquis et pour trouver de moyens de raviver l’attrait entre eux. Néanmoins, l’excès dans l’autre pôle n’est pas souhaitable non plus. Si l’un des partenaires n’est jamais disponible pour l’autre et qu’il n’y a pas de temps de qualité consacré au couple, l’intimité s’en trouvera affectée. Comme je l’ai mentionné si souvent, lorsqu’un fossé se crée entre deux partenaires, la distance devient si grande qu’ils ne sont plus capables de se rejoindre. Bref, comme dans tout, c’est une question d’équilibre. L’idée est d’accorder du temps pour chacune des dimensions de son existence de sorte qu’il n’y ait pas de manque à un niveau ou à un autre.

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