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Anushka Virahsawmy : «La Covid-19 a fait de nous des personnes meilleures...»

«Beaucoup d’entre nous avons compris que même dans les plus grosses épreuves, on peut tirer du positif, on peut se servir de l’expérience vécue pour aller de l’avant...»

Elle a les yeux qui pétillent, un sourire éclatant et une joie de vivre qui illumine tout son être… Et ce soleil qui brille en elle, Anushka Virahsawmy veut le partager avec le plus grand nombre, notamment avec les femmes, les jeunes filles et les enfants qu’elle accueille dans son Safe Haven, le refuge qu'elle dirige depuis cinq ans. Des lueurs d’espoir pour éclairer ces moments sombres que nous vivons tous, elle en a à la pelle… 

Comment Je vis cette période challenging depuis deux ans…

 

Organisation. Kan Covid inn vini, tou dimounn inn gagn sok ! C’était la première fois qu’on entendait parler d’une telle chose et il fallait s’organiser pour que ce virus n’entre pas chez nous et ne nous atteigne pas. À Safe Haven, c’était toute une organisation pour tout désinfecter, pour faire les courses et autres en prenant les précautions qui s'imposaient. Les femmes du refuge avaient toutes perdu leur travail et étaient déprimées, d’autant qu’il fallait rester enfermés tout le temps, les enfants s’ennuyaient… Heureusement que j’ai vite eu mon Work Access Permit et que j’ai pu me déplacer pour venir au centre régulièrement.

 

Positivité. Mais les quelques jours passés à la maison sans pouvoir sortir m’ont permis de rebuild myself, après le choc de l’annonce du confinement, de la pandémie de Covid-19 qui s’invitait chez nous, pour pouvoir ensuite transmettre de la positivité aux résidents de Safe Haven. Petit à petit, on s’est adaptés à la situation, on a fait le grand ménage dans le centre, on a préparé plein de petites choses à manger d’avance qu’on a mis au freezer ; c’était devenu comme une petite usine. Ça a bien occupé tout le monde, tout en apportant de bonnes ondes. On a fait plein d’autres activités.

 

Entraide. Et puis, il y a eu cette entraide et cette solidarité extraordinaires qui nous ont fait beaucoup de bien. Par exemple, la police de Moka et celle de St-Pierre nous ont donné plein de choses, on a tellement reçu qu’on a pu donner à d’autres qui en avaient besoin dans le voisinage et ailleurs. Nous avons eu la joie de recevoir mais aussi celle de donner. Puis, les choses sont revenues plus ou moins à la normale, les femmes ont retrouvé leur travail, les enfants sont repartis à l’école. Et même s’il y a eu un autre confinement et d’autres restrictions par la suite, c’était plus facile à gérer car nous avions appris de l’expérience précédente.

 

Voir au-delà du négatif…

 

Reconstruire. Il y a définitivement de belles choses qui sont nées de cette période sombre et difficile que vivons en raison de la pandémie de Covid-19, même s’il y a aussi beaucoup de souffrances, de peur, de morts. Beaucoup de problèmes sur les plans économique et social aussi. Il y a pas mal à reconstruire. Le coût de la vie a augmenté drastiquement et il faut trouver des solutions pour survivre. Mais nous sommes sortis beaucoup plus forts de tout cela. Beaucoup d’entre nous avons compris que même dans les plus grosses épreuves, on peut tirer du positif, on peut se servir de l’expérience vécue, de ce qu'on a appris, pour aller de l’avant. Nous avons aussi compris que la solidarité est essentielle à notre vie.

Vie scolaire. Certes, la pandémie de Covid-19, avec ses confinements et ses restrictions, n'est pas facile à vivre. Par exemple, pour les enfants qui ont été privés de l’école en présentiel pendant de longs mois. Ici, heureusement, nous avons un membre du staff, Annabelle, qui aide les enfants avec leurs études durant cette période. Tous les enfants n’ont, hélas, pas cet encadrement. Et puis, sortir, voir leurs amis, avoir une vie scolaire et sociale, c’est essentiel pour les jeunes. Alors que rester enfermés à la maison à apprendre devant un écran n’est pas forcément bon pour leur psyché. Donc, c’est bien que l’école reprenne enfin ! La vie reprend petit à petit son cours pour tout le monde. Il faut mettre le masque, garder la distanciation, respecter les règles sanitaires, faire des tests quand on a un doute mais nous ne pouvons pas rester en mode panique. Je refuse de rester dans la panique, dans le trauma. Covid inn desid pou reste, nou osi nou pou reste !

 

Des leçons pour avancer…

 

Ralentir. La Covid nous a tous aidés à ralentir, à nous arrêter, pour prendre le temps de réfléchir sur nous-mêmes. Autrement, jamais nous n’aurions pris la peine de le faire, tellement nous étions occupés à courir. Là, nous avons eu le temps de rester à la maison, de travailler à la maison… Un mode de vie auquel on n’aurait jamais pensé et qui nous a permis de faire une introspection, de réfléchir sur nous-mêmes et la vie que nous menons, sur ce qui est bon et moins bon, et ce que nous pouvons changer, améliorer. Kouma dir Bondie inn avoy nou enn klak pou dir nou tchombo, pran to letan, reflesi, parski apre sa nou pou bouze-la ! Linn donn nou enn repi, enn moman pou nou mem, pou get nou lavi, rapros nou ek Li a traver nou spiritialite. Nous avons plus ou moins repris notre course aujourd’hui mais nous avons changé et c’est le plus important.

 

Violences. Par contre, j’ai été très attristée par le boom de violences dans les ménages durant les confinements. Ça a brisé certaines familles mais ça a aussi permis à d’autres de trouver des voies de communication. Je suis aussi très triste pour toutes ces familles qui ont perdu un proche durant cette pandémie. Je sympathise avec elles de tout coeur. D’un autre côté, je suis aussi reconnaissante de n’avoir perdu personne de la Covid-19, tout en ayant conscience que ça peut arriver. Cela me pousse à voir les choses différemment. Cela me fait réaliser encore plus la valeur des gens qui m’entourent, je me dis qu’il ne faut rien take for granted mais, au contraire, chérir tout ce qu’on a, voir les bénédictions qui sont là et être grateful pour tout.

 

Meilleures. Nous sommes devenues de meilleures personnes grâce à cette pandémie. Nous réfléchissons et faisons les choses différemment. Nous avons cessé de courir derrière des choses inutiles. Dans la gestion de Safe Haven, je suis plus pausée, je prends plus de temps avec mon staff et les résidents pour réfléchir, faire les choses autrement. Il y a plus d’écoute, d'empathie, de compassion…

 

Ces belles lueurs d’espoir…

 

Flamme. La lueur d’espoir, c’est cette flamme que je sens encore plus vivace en moi, cette énergie positive que je veux faire grandir encore plus, amener avec moi partout, transmettre aux autres et recevoir aussi des autres. Car je retrouve cette même flamme chez beaucoup de gens que je rencontre sur mon chemin. Une flamme qui nous donne envie de faire quelque chose de meaningful de cette courte vie que nous avons ici. C’est tout ce que nous avons, alors utilisons-la pour continuer à do good and leave a legacy pour les générations à venir.

 

Positivité. Je suis heureuse de pouvoir transmettre cette positivité aux autres, je suis heureuse d’être ce que je suis tout simplement, je suis épanouie dans ce que je fais et je suis bien entourée. J'ai tout ce qu'il faut pour mener une belle vie et j'en suis très reconnaissante !

 


 

Mon actu du moment

 

Je suis la Country Director de Gender Links (Mauritius) et la directrice de Safe Haven qui a ouvert ses portes depuis cinq ans. C’est un refuge pour les femmes victimes de violences conjugales, qui viennent ici avec leurs enfants, et aussi pour les jeunes filles de 18 ans qui sortent de shelters pour enfants et ne savent pas où aller. Depuis l’ouverture de Safe Haven, un rêve que je suis très heureuse d’avoir réalisé, nous avons accueilli plus de 150 pensionnaires et actuellement, il y en a 22, dont plusieurs enfants.

 

Je suis activiste depuis beaucoup d’années et je milite particulièrement pour l’empowerment des femmes et pour l’égalité hommes-femmes, notamment lors des élections. Je suis une féministe mais surtout une humaniste qui veut le bien de tous. Je reconnais que tout comme les femmes, les hommes ont besoin d’être encadrés, reconnus, encouragés. Hélas, il n’existe pas de structures à Maurice pour cela. C’est bien dommage. Mais au final, nous sommes tous responsables de nos vies et devons en faire quelque chose de meaningful, même si parfois nous avons besoin d'un peu d'aide pour y arriver.

 

Sinon, j’ai le bonheur d’être la fille de Dev et Loga Virahsawmy, qui m’ont transmis cette flamme que je transmets à mon tour aux autres à travers mes engagements sociaux. J’ai aussi le bonheur d’avoir une fille, Anastasia, qui aura bientôt 25 ans et dont je suis extrêmement fière. J’ai la chance d’avoir autour de moi d'autres personnes extraordinaires que j'aime et qui m'aiment. À 50 ans, je me dis que la vie est magnifique, même avec ses moments difficiles comme mon divorce, et qu’il y a de l’espoir.