• Séquestration, tentative d’assassinat et menaces : une jeune policière porte plainte contre son petit ami
  • Candidats.es indépendants.es : une élection, une aventure, des émotions…
  • Quand le raz-de-marée politique livre ses enseignements
  • Patrick Belcourt, qui a brillé au n° 19 : «En Avant Moris a pris une place sur l’échiquier politique et cela s’est traduit dans les votes...»
  • Opposition extraparlementaire : un contrepoids important et nécessaire
  • L’Alliance Lepep, le MSM et Pravind Jugnauth : l’équipe sortante face à son avenir
  • Première participation à une élection générale, première victoire : la fierté des familles des élus
  • Quand le n°5 (Pamplemousses-Triolet) célèbre le retour gagnant de Navin Ramgoolam
  • Gavin Glover futur Attorney General - Son frère Brian : «Notre papa, sir Victor, aurait sans doute été le plus fier d’entre nous»
  • Commissaire de police : exit Dip, enter Sooroojebally

Candidats.es indépendants.es : une élection, une aventure, des émotions…

Pas de grands moyens, mais une immense motivation ! Ils.elles ont apporté idées, joie et lumière au processus électoral. Ils.elles parlent de leur expérience.  

S’inscrire dans l’Histoire. Et y apporter un peu de soi. S’engager, faire entendre sa voix. Espérer et rêver, sûrement. Un songe de jours plus beaux pour son pays, pour les siens et pour sa localité. Croire en soi et en sa capacité à apporter sa pierre, à faire la différence. Participer, comme une goutte d’eau avec toute sa puissance et sa complexité, à un exercice électoral qui s’apparente à un vaste océan porteur d’une démocratie. Il est là, le fabuleux destin des candidats.es indépendants.es. Et après plus d’un mois de campagne électorale, deux longues journées d’élections et de comptage, il est temps de s’appesantir sur cette expérience sans pareille (surtout lorsqu’elle s’inscrit dans l’optique d’un 60-0). Il y a la fatigue, la tristesse, mais surtout, de la fierté et de l’espoir.

 

Car les candidats.es indépendants.es de l’île sont une force de lumière et de diversité. Cette catégorie a récolté 48 431 voix en tout (soit 2.1% des votes) et se place juste après les trois blocs politiques (l’Alliance du Changement, l’Alliance Lepep et Linion Reform), selon les chiffres de la Commission électorale. À Flacq-Bon-Accueil (circonscription n°9), Shiksha Beergoonath et son père Anil ne cachent pas leur fierté. La jeune femme de 23 ans, vivant avec un handicap, était à sa deuxième participation à des élections générales. Populaire dans sa localité, à Lallmatie, elle est aussi une célébrité de so landrwa qu’elle sillonne à bord de son scooter, ainsi que sur les réseaux grâce à ses vidéos TikTok. En s’engageant, elle voulait parler de différence, d’inclusion, d’engagement. Elle voulait offrir d’autres visages, d’autres histoires. Et elle a réussi son pari ! C’est bien ça le plus important.

 

Après la campagne, le porte-à-porte, la distribution des tracts et les koz-koze, c’était le temps des choses sérieuses le dimanche 10 et le lundi 11 novembre : «Ces élections ont apporté beaucoup d’amusement ! On a vécu l’exercice tout comme les Premiers ministres sortant et entrant. On a obtenu 414 voix, soit 100 de plus que la dernière fois», confie son papa. S’il devait y avoir un regret, c’est que l’effet vot blok ait, quelque peu, balayé les rêves de victoire de Shiksha : «Les gens ont voté pour leur parti, sans se soucier des autres dont les intentions sont bien nobles.» Petit pincement au cœur, certes.

 

Mais les enjeux de ces élections étaient tels que pa ti ena bare, confie Percy Yip Tong, candidat à Savanne–Rivière-Noire (circonscription n° 14). Celui qui est derrière le pa vot blok, vot dimounn, est conscient que le changement était nécessaire. C’est vrai qu’il aurait souhaité d’autres visages et que les élus.es de proximité aient leur place, leur destin : «Ce sont des gens de valeurs et vraiment sincères avec l’envie de se battre pour leur génération, pour les jeunes. Les petits candidats aussi ont leur place au Parlement.» Alors même si le rêve lui échappe, sa motivation, elle ne faillit pas. Percy Yip Tong compte bien continuer à se faire entendre et faire passer les messages qui lui tiennent à cœur… Comme il l’a toujours fait, avec ou sans un siège au sein de l’Assemblée nationale.

 

Vashish Bijloll, qui se trouvait, lui, à Grand-Baie Poudre-D’or (circonscription n° 6), évolue dans le même souffle ; ne pas lâcher. Continuer, avancer. Construire. Ses résultats de 2024 le rendent fier : «C’était une conjoncture où l’électorat inn vot avek laraz pou met gouvernma deor. Cela ne veut pas dire que le gens ne croient pas en moi. J’ai un score encourageant et mon engagement est renouvelé ; le travail continue, ma porte reste ouverte.» Dans sa tête, si l’avenir a préséance, désormais, les souvenirs de ces élections s’insinuent dans le discours intérieur. Et sa réflexion from the inside, il souhaite la partager : «J’ai pu observer de près le déroulement d’une élection. C’est un système bien rodé qui se fait dans la transparence. Il faut faire confiance à notre système électoral, nos policiers et nos fonctionnaires.»

 

«Coming-out»

 

Ces dernières semaines, il a fait son «coming-out en tant que politicien», il a rencontré beaucoup de gens : «J’ai beaucoup grandi.» Il a dans le cœur des remerciements pour ceux.celles qui l’ont accueilli, qu’il a rencontrés.es. Tout comme les autres candidats.es indépendants.es interrogés.es. Leurs premiers mots s’adressent toujours à ceux.celles qui leur ont fait confiance. La plus belle des rencontres, après tout, c’est celle qui se fait avec l’autre : «Un grand merci à tous ceux qui ont décidé de mettre une croix à côté de mon nom.»

 

C’est aussi à ceux-là.celles-là que pensent Valentina Première, qui a participé aux élections à Beau-Bassin–Petite-Rivière (circonscription n° 20) : «J’ai aimé cette interaction avec les Mauriciens. Ça m’a donné ankor plis gou pour aider les gens, pour être disponible sur le terrain, pour être à l’écoute. Je remercie ces 232 personnes qui ont voté pour moi ; je ne fais pas de la politique pour être élue, mais afin de m’en servir pour aider les gens. Je ne suis pas là pour l’argent ou pour la gloire.» Alors, après avoir pris quelques jours pour récupérer de «ces moments extraordinaires» qui était également éreintants, elle n’a pas less fre ! Car elle compte bien revenir dans cinq ans, avec encore plus de maturité, d’expérience et de motivation.

 

Car les indépendants.es, le processus démocratique en aura toujours besoin. Lillka Cutaree, candidate à Stanley-Rose-Hill (circonscription n° 19), en a la ferme conviction. Ils.elles parlent d’envie, de motivation et de débrouillardise. Des valeurs qui évoquent le.la Mauricien.ne : «Nous avions une petite équipe motivée et authentique, des moyens très limités mais la volonté d’apporter un souffle de renouveau dans une campagne électorale intense. Notre positionnement était de faire une politique de proximité centrée sur le développement de la ville, le bien-être de ses habitants et de jouer sur des partenariats, au-delà des créneaux traditionnels.»

 

Alors même si les enjeux électoraux de 2024 ont broyé certaines ambitions, Lillka Cutaree tire le meilleur de ce qui vient de se jouer : «Les électeurs ont voté pour le changement au niveau des alliances, pas forcément des candidats. Je suis très satisfaite de ma campagne, très courte pour moi, commencée à la veille du Nomination Day à Rose-Hill. Mon score est un des plus élevés pour un candidat indépendant au niveau national, et aussi au niveau du n° 19. Je serai toujours là pour cette politique de proximité afin d’assurer la continuité dans le débat des idées et des actions.» 

 

La fille de feu Jayen Cuttaree félicite l’Alliance du Changement pour sa «grande victoire». Néanmoins, aujourd’hui, se pose la question de l’opposition, estime-t-elle. Une question épineuse et légitime avec une majorité écrasante qui est au pouvoir  : «Je pense que la population n’était pas assez avertie de l’importance de députés indépendants dans le Parlement, un rôle que je souhaitais jouer pour assurer cette démocratie à l’intérieur de l’hémicycle.» En attendant de rebondir, d’aller de l’avant, elle porte en elle, la joie d’avoir pu inscrire herstory dans l’Histoire…