L’année 2022 vient de s’achever, quand vous regardez en arrière, comment voyez-vous cette saison ?
C’était une année pleine de surprise. Je ne l’avais pas abordée de la meilleure des façons avec la préparation de présaison, et ce qui s’est passé ensuite était vraiment inattendu. Les résultats et performances que j’ai réalisés ont été une grande motivation pour moi sur le plan personnel et pour ma carrière. 2022 a été un déclic, j’ai vu ce que je valais vraiment et je sais que je peux aller encore plus loin.
Le début fut quand même laborieux ?
Je dirais difficile. Je suivais des cours en climatisation dans l’optique d’une carrière professionnelle et ce n’était pas évident d’avoir le release pour aller s’entraîner. Je me suis fait un pari que j’allais quand même m’entraîner. Ce n’était pas évident vu que j’avais manqué les préparatifs de novembre et décembre 2021. Et pour enfoncer le clou, ma première course
se solde par une défaite. J’étais découragé, je n’y croyais plus.
C’est à ce moment-là qu’Eric Milazar est venu me parler, il m’a conseillé de continuer à travailler. D’autres personnes m’ont également encouragé. J’ai pris la chose très au sérieux et j’ai commencé à m’améliorer. Plus je progressais, plus les choses évoluaient autour de moi. J’ai intégré l’équipe du High Level et par la suite le High Performance Center de Côte d’Or.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué en 2022 ?
Je suis content d’avoir pu atteindre les 19 secondes sur le 200m. Ce temps mythique que très peu de personnes sont capables de réaliser. Mais par-dessus tout, le moment que je préfère reste les Championnats d’Afrique. Lors des Jeux Africains de 2019 au Maroc, j’avais pris la dernière place de ma série sur le 100m et cette fois-ci j’étais en finale face à ces mêmes adversaires. Même si j’ai terminé à la 7e et dernière place, j’étais heureux, car j’étais en finale avec eux. Ce qui fait que j’affectionne particulièrement ce moment et c’était à Maurice. Il y a aussi mes prestations en France que j’affectionne, comme les deux records réalisés en une semaine. J’étais heureux de courir là-bas, libre de toute pression.
Malheureusement, il y a cette blessure qui vient tout chambouler...
Cette blessure est arrivée au mauvais moment et reste le point noir de ma saison. Il faut dire que j’ai fait 30 courses et pas des moindres en 2022. Je n’ai jamais autant couru en une année et sans préparation. Au fil des épreuves ce qui était une petite gêne s’est aggravée. Ce coup d’arrêt m’a grandement affecté moralement, mais je me suis vite repris.
Comment les choses ont évolué par la suite?
Depuis la mi-octobre je n’ai pas les mêmes automatismes surtout après une grosse blessure, mais, petit à petit, les choses commencent à se mettre en place. Cette fois-ci, je peux me préparer pour la saison qui arrive, et je sens que je commence à revenir. Ce que j’ai vécu en 2022 m’a tout de même servi d’expérience.
Nous abordons 2023, comment se présente cette saison ?
C’est une année chargée en événements. Il y a la Diamond League qui va s’échelonner sur plusieurs mois, les Jeux de la Francophonie, les Championnats d’Afrique, les Championnats du monde et les Jeux des îles. Je vais essayer de ne pas être trop gourmand (rires). Je vais discuter avec mon entraîneur, mon agent et la fédération pour définir notre stratégie. Je pense aux mondiaux ainsi qu’aux Jeux. J’espère également participer aux Championnats d’Afrique mais par dessus tout je rêve de remporter un trophée à la Diamond League. J’ai envie de tous les remporter (rires).
C’est du très costaud qui vous attend ?
C’est beaucoup de challenges. Plus que ce que je n’ai jamais connu dans ma carrière. C’est un défi colossal que je m’apprête à affronter, une montagne à gravir, et comme je me connais, je sais qu’il y aura des hauts et des bas. Mais je ne vais pas lâcher, je me prépare au mieux pour pouvoir les surmonter un à un.
Les choses sérieuses démarrent dès ce mois de janvier ?
Il y a un suivi qui se fait en coulisses avec mon agent Riad Ouled et les personnes de mon entourage. En même temps, j’essaie de faire la part des choses pour ne pas me mettre la pression. Au quotidien, je ne parle pas d’athlétisme encore moins à la maison. Noa le sprinteur reste au stade, et, à la maison, j’essaie de mener la vie d’un jeune homme de 22 ans. La rencontre de préparation prévue à la fin de ce mois va ouvrir le bal et je suis prêt à mettre le feu sur la piste.
Vos adversaires vont vous attendre ?
Comme je suis un des hommes les plus rapides sur le 200 m cela me met la pression car je préfère venir incognito et prendre tout le monde par surprise. Cette fois-ci ça va changer. Les regards seront sur moi. D’un côté, je suis content, mais d’un autre côté, je n’aime pas trop. Je me considère plus comme un prédateur des pistes sauf que maintenant je vais devoir aussi me défendre. Dorénavant, ça fait partie du jeu.