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Debriefing du Budget 2023-24 - Renganaden Padayachy : «Un Budget pour construire notre résilience économique, sociale et environnementale...»

Il était face à la presse ce samedi 3 juin pour faire le point suite à la présentation du Budget 2023/24. Un Budget, dit-il, dont l’objectif est de «fermer le chapitre de la Covid-19, de cette crise économique majeure, tout en se rappelant qu’une telle crise peut nous toucher à n’importe quel moment». 

Le ministre des Finances Renganaden Padayachy a expliqué qu’il est venu «avec un Budget pour construire notre résilience économique, sociale et environnementale, car ces trois piliers sont les piliers de notre vie [...] Nous sommes venus avec des mesures touchant tout un chacun, sans que qui que ce soit ne soit laissé pour compte». D’ailleurs, à partir de juillet 2023, «tous les contribuables paieront moins de taxes avec une réforme fiscale globale». Il poursuit : «La chance n’est pas la même pour tous au départ, mais en tant que gouvernement, nous devons essayer de créer les opportunités pour tous, surtout pour les enfants.» 

 

Le ministre est d’ailleurs revenu sur l’une des mesures phares de son Budget pour les plus jeunes, soit l’introduction de l’Independence Scheme, qui marque le 55e anniversaire de l’Indépendance de notre île. Il s’agit de l’allocation de Rs 20 000 à chaque individu le jour de ses 18 ans à partir du 1er janvier 2023. Cette mesure, dit-il, «aidera les jeunes à démarrer leur vie d’adulte en toute indépendance pour des achats qu’ils jugent importants. Ils pourront l’utiliser pour l’obtention du permis de conduire, pour l’achat d’outils informatiques, pour des cours, pour redoubler la HSC, entre autres (...) Nous donnons aux jeunes la liberté de leurs choix et leur faisons confiance». Il a aussi apporté des précisions sur l’octroi d’une CSG Child Allowance de Rs 2 000 mensuellement pour les enfants de 3 ans et moins : «C'est une allocation familiale visant à apporter une aide à la population pour leur donner l’envie de faire des enfants vu que le taux de fertilité est en baisse.»

 

Quant à la baisse du prix de l’essence, le ministre a indiqué que «le fonds mis en place pour contrôler le prix des carburants était en déficit. Nous ne pouvions pas baisser le prix avant». Ce déficit, dit-il, est «dû au prix du diesel, et nous avons fait en sorte de ne pas augmenter le prix du diesel (...) Nous avons fait un effort, nous avons pu combler ce déficit dans le fonds de stabilisation, ce qui a conduit à cette baisse du prix de l’essence».

 

Elodie Dalloo

 


 

Le monde des affaires attentif

 

Les analyses et autres commentaires se succèdent depuis le discours du Budget, ce vendredi 2 juin. Du côté du monde des affaires, les annonces du ministre des Finances ont ainsi été suivies de près.

 

«Les mesures macroéconomiques sous forme d’aides, de subventions, de dégrèvements fiscaux et de financements à des conditions préférentielles pour des secteurs tels que l’agriculture et l’industrie manufacturière encourageront la production locale et soutiendront les exportations à court terme. Toutefois, il faut aller plus loin à long terme pour stimuler la productivité et l’efficacité afin de réorganiser le tissu économique vers un modèle plus durable», a commenté Anthony Leung Shing, Country Senior Partner chez PwC Mauritius.

 

Du côté de Perigeum Capital, on a aussi été attentifs aux mesures du Budget 2023-2024. «Le Budget actuel s’articule autour de ces trois thèmes, à savoir le renforcement, la poursuite et le maintien de l’avenir de notre économie. Afin de soutenir la croissance, le gouvernement continuera à mettre en œuvre des mesures appropriées, notamment des réformes fiscales, des investissements dans les infrastructures et un soutien aux entreprises. En ce qui concerne les mesures sociales, le gouvernement continuera à investir dans les programmes sociaux, qui couvrent l’éducation, la santé et le logement. L’investissement dans les infrastructures est essentiel pour que l’économie progresse dans le sens indiqué dans le discours budgétaire», a souligné Shamin A  Sookia, Managing Director de Perigeum Capital.

 

Christophe Karghoo

 


 

Réactions

 

Pravind Jugnauth : «Le gouvernement doit continuer à soutenir le pouvoir d’achat...»

 

Il affiche la satisfaction. C’est lors d’une conférence de presse suivant la présentation du Budget 2023-2024, intitulé To Dare & To Care, que le Premier ministre Pravind Jugnauth a commenté les mesures annoncées par Renganaden Padayachy, son ministre des Finances. Pour le chef du gouvernement, son équipe a à coeur le bien-être des Mauriciens. «Le Budget 2023-2024 est un Budget de continuité, et reflète la philosophie du gouvernement qui est de protéger la population et de créer l'environnement nécessaire pour apporter plus de développement afin de soutenir la reprise économique. Le gouvernement doit continuer à soutenir le pouvoir d'achat des citoyens et à améliorer leur qualité de vie. Malgré le contexte difficile auquel le pays est confronté, le gouvernement a présenté un Budget socialiste et avant-gardiste qui donnera au pays plus de confiance pour faire face aux défis à venir. Le gouvernement continuera à soutenir tous les acteurs des différents secteurs de notre économie», a déclaré Pravind Jugnauth.

 

Arvin Boolell, chef de file du PTr au Parlement : «Gouvernma pe kokin ou»

 

«Ce sont des mesures populistes de bas-étage au service de l’autocratie. Depuis 2015 à nos jours, la roupie que vous avez dans vos poches a perdu sa valeur et est passé à 50 sous. Avec toutes les taxes que le gouvernement a prises sur votre dos, il aurait pu offrir beaucoup plus que ça. Li pe kokin ou ! Attention à la dépréciation de la roupie ! Il n’y a aucune relance de l’économie. Aucun investissement dans le port, qui est le dernier de l’Afrique, par exemple. Si le gouvernement était responsable, il aurait baissé davantage le prix de l’essence pour que cela reflète ce qui se passe sur le marché mondial. Il y avait beaucoup plus à faire.»

 

Nando Bodha : «Politique et calculateur»

 

Nando Bodha a qualifié ce Budget de «politique, calculateur» mais a, aussi, parlé de manipulation des chiffres, lors de la conférence de presse de Linion Pep Morisien, ce samedi 3 juin. «Ce budget n’apporte rien à la population. Il apportera, plutôt, un endettement plus conséquent des ménages et du pays. Nous voyons aussi que le modèle économique reste basé sur la consommation et la recette de la TVA et non sur une nouvelle vision, car on ne prend pas en considération les vrais problèmes d’une fin de cycle économique. Les vraies réformes auraient dû concerner les secteurs de l’éducation, de l’emploi, financier, de l'IT, entre autres. Nous n’avons pas de nouvelles philosophies et le ministre a, simplement, continué avec ce qu’il a déjà fait en y ajoutant un certain nombre de mesures sociales. Les problèmes du pays restent entiers.»

 

Xavier-Luc Duval, leader de l’opposition et du PMSD : «Très peu d’innovation»

 

«C’est un gouvernement essoufflé et épuisé. Nous sentons le poids des années. Il n’y a plus d’innovation, d’idées et de désir d’offrir quelque chose de meilleur. Très peu d’innovation. Le malaise mauricien n’est pas réglé, c’est ça dont il fallait s’occuper. Il n’y a absolument rien pour redonner confiance dans les institutions, pour empêcher la dépréciation de la roupie. Nous avons besoin d’être clair sur le salaire minimum, nous sommes très heureux, mais il faut que cela s’accompagne d’une série de réformes pour mieux produire, mieux travailler. Pour l’essence, il s’agit d’une baisse ridicule. Les causes réelles de l’inflation n’ont pas été prises en considération dans ce Budget, alors les mesures prises ne serviront pas à grand-chose. Nous entrons dans une spirale inflationniste.»

 

Paul Bérenger, leader du MMM : «Il était possible de faire mieux et plus»

 

«Le gouvernement garde certaines choses pour le dernier Budget avant les élections, surtout concernant la pension de vieillesse. Ce qui devait être fait en priorité ? Soulager ceux qui ont le plus souffert à cause de l’inflation : les vye dimounn et les personnes au bas de l’échelle. Certaines choses ont été annoncées, mais il était possible de faire plus et mieux. Le ministre avait une marge de manœuvre. C’est choquant que le ministre n’ait donné aucune garantie que la roupie ne dépréciera pas, et pire, il n’a pas parlé du taux d’inflation qui pe touy dimounn. Le gouvernement pou repran dan enn lame, de fwa plis ki seki li pe done de lot lame.»

 

Kugan Parapen, Rezistans ek Alternativ : «Il ne faut pas se laisser leurrer...»

 

«Le ministre des Finances n’a cessé de dire que c’est un Budget socialiste, mais il ne faut pas se laisser berner par ce Budget. Car les mesures semblent bonnes sur le papier quand nous les prenons indépendamment. Nous devons décortiquer et démasquer ce ministre des Finances, et son gouvernement, car il brosse un tableau reluisant de la situation, alors que nous, la population, connaissons la réalité du quotidien. Ce Budget est un triste et alarmant constat de la direction dans laquelle ce gouvernement entraîne notre modèle économique par rapport aux réformes qui sont proposées comme l’extrême libéralisation du marché du travail», a souligné Kugan Parapen lors de la conférence de presse de Rezistans ek Alternativ, ce samedi 3 juin. Il a aussi déploré le fait que le carburant n’ait pas connu une baisse structurelle. «On aurait dû revoir ces taxes abusives sur le prix du carburant et non venir donner un subside à la STC pour une révision du prix de l’essence.»

 

Textes : Yvonne Stephen, Christophe Karghoo, Elodie Dalloo, Valérie Dorasawmy