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Législatives en France : les jours après «la surprise électorale»

Adam Ramsahye, Marie-Danielle Theodorine et Jimmy Legentil, des compatriotes installés en France, nous donnent leur avis sur la situation politique dans leur pays d’adoption.

Après la dissolution de l'Assemblée nationale annoncée par Emmanuel Macron le 9 juin dernier, après les européennes remportées par le RN et les législatives qui se sont déroulées le 30 juin et le 7 juillet, les électeurs ont préféré le Nouveau Front populaire qui obtient la majorité relative dans le nouvel hémicycle. De qui se composera le nouveau gouvernement de la France et qui sera le prochain Premier ministre ? Ce sont là des réponses qui sont très attendues...

Une élection, des résultats et... une grande confusion. Car à l’issue des législatives qui ont rythmé la France le 30 juin et le 7 juillet, les urnes ont parlé et aucune force politique n’a eu la majorité absolue. À l’issue des dépouillements des votes, le Nouveau Front populaire est arrivé en tête, devant Ensemble et le Rassemblement National (RN), et aucun des trois blocs ne peut former à lui seul une majorité absolue de 289 sièges sur les 577 que compte le Parlement. Ainsi, selon des résultats officiels du ministère de l’Intérieur français, l’union de la gauche officielle totalise 178 sièges,  Ensemble résiste avec 150 sièges et l’alliance RN-LR atteint 142 sièges.

 

Ces législatives 2024 ont ainsi connu un dénouement inattendu et certaines voix en France parlent de «surprise électorale». Après trois semaines de campagne éclair, le résultat de ces élections constitue, en effet, une surprise dans l’Hexagone et au-delà de ses frontières avec l’arrivée en tête de liste du Nouveau Front Populaire qui a déjoué les pronostics. Après le dévoilement des résultats, le leader de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, n’a pas tardé à revendiquer la victoire. Son alliance, élaborée à la va-vite pour les législatives surprises provoquées par le président français Emmanuel Macron, se compose ainsi de sa propre formation radicale, la France insoumise, des Verts, des socialistes, des communistes et même des trotskistes. Mais bien qu’ils soient arrivés en tête, leur victoire n’est pas suffisante pour gouverner. «Le président doit appeler le nouveau Front populaire à gouverner», a déclaré Jean-Luc Mélenchon à ses partisans après la diffusion des premiers résultats en insistant sur le fait qu’Emmanuel Macron devait reconnaître que sa coalition et lui avaient perdu.

 

En tout cas, l’opération barrage à l’extrême droite a été une réussite, parce que, partout en France, le RN a perdu des seconds tours qu’il devait gagner. Plus de 200 candidats qui se considéraient comme faisant partie d’un «front républicain» se sont retirés du second tour afin qu’un rival mieux placé puisse empêcher le RN de gagner. Dans son discours suite à la proclamation des résultats de ses législatives tant suivies à travers  le monde, Jordan Bardella du RN a souligné que son parti avait été mis en échec par des «alliances du déshonneur» contre nature, forgées par un «parti unique» composé du camp Macron et de la gauche. De qui sera composé le nouveau gouvernement ? Qui sera le nouveau locataire de Matignon ? Ces questions qui sont sur toutes les lèvres n’avaient pas encore de réponses à l’heure où nous mettions sous presse. Après avoir demandé à son Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal de rester «pour le moment afin d’assurer la stabilité du pays», Emmanuel Macron, a dans une lettre adressée aux Français ce mercredi 10 juillet, estimé que «personne ne l’a emporté» lors des élections législatives de dimanche dernier. «Aucune force politique n’obtient seule une majorité suffisante et les blocs ou coalitions qui ressortent de ces élections sont tous minoritaires», a observé le président Français, qui a aussi annoncé qu’il nommera un nouveau Premier ministre lorsque les partis auront construit des «compromis», ce qui suppose de leur laisser «un peu de temps». Le président a appelé les «forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines» à «bâtir une majorité solide». La gauche, de son côté, arrivée en tête mais sans majorité absolue, appelle le chef de l’État à «accepter la démocratie».

 

«Un climat mitigé»

 

Voilà donc plusieurs semaines que l’actualité politique en France monopolise l’attention à travers le monde. Et de par la «surprise électorale» de ces législatives, les Français attendent également de savoir de quoi sera fait demain. Les compatriotes installés dans l’Hexagone suivent, eux aussi, attentivement tous les mouvements sur l’échiquier politique français. Parmi, Adam Ramsahye. «Les élections européennes ont été l’occasion d’exprimer un sentiment de mécontentement profond qui s’est incrusté en France durant ces dernières années, dû à la hausse du coût de la vie, la recrudescence à la violence, les subventions allouées à l’Ukraine et à l’UE, entre autres. Les Français ont exprimé leur rejet face à ces décisions en votant pour la première fois aussi massivement pour l’extrême droite. Ces dernières élections ont établi un nouveau record de voix accordées à l’extrême droite avec 11 millions de voix. En une semaine seulement, de grandes mesures ont été appliquées afin de faire barrage à la droite radicale qui prône l’exclusion des bi-nationaux à des postes de responsabilité, la fin de l’aide médicale aux personnes étrangères, entre autres, sachant que l’économie française dépend beaucoup de cette pluri-ethnicité actuelle», nous confie le jeune Mauricien en revenant sur les événements qui ont secoué son pays d’adoption ces dernières semaines.

 

La confusion suscitée par les résultats du second tour des législatives l’interpelle, bien évidemment : «Le climat après la proclamation des résultats est très mitigé car aucun parti ne peut affirmer avoir remporté ces élections. Il n’y a aucune force qui puisse avoir une majorité confortable au Parlement, ce qui favorise des alliances en tous genres. De ce fait, la majorité devra avoir des idées pragmatiques en respectant les préoccupations des Français, proposer un projet lisible en accord avec les valeurs européennes afin de garantir une stabilité démocratique et républicaine.» Les jours à venir, souligne Adam Ramsahye, s’annoncent décisives. «Pour l’instant, l’avenir reste flou, car c’est déjà les grandes vacances et tous les regards sont rivés sur les Olympiades à venir. Une chose est sûre, l’échiquier politique n’aura jamais été aussi bousculé et les Français aussi divisés», nous déclare le jeune homme.

 

D’un avis à un autre, l’actualité politique en France n’arrête pas de diviser, effectivement. Une autre de nos compatriotes, Marie-Danielle Theodorine, partage son avis avec nous. «Finalement, j’ai fini par voter Bardella du RN pour son programme, qui était plus crédible que celui de Mélenchon. Si on s’intéresse à la politique, on comprend que ce dernier a vendu du rêve aux électeurs. Il ne faut pas oublier que nous faisons partie de l’Union européenne. Tout se décide à Bruxelles. Macron a des comptes à rendre et il l’a déjà dit d’ailleurs. Pour ma part, c’était inadmissible de donner ma voix à un parti qui demande de désarmer les policiers, de mettre le chaos dans le pays et j’en passe», nous confie-t-elle. Bien évidemment, Marie-Danielle Theodorine ne rate rien de ce qui se passe sur la scène politique :  «Maintenant que la gauche a eu la victoire, il faut le dire, c’est une victoire sur le plan moral. Il n’y a pas de victoire sur le plan politique car personne n’a eu la majorité absolue. Les forces de gauche sont en querelle intestinale à présent. Chacun cherche son intérêt personnel. Par rapport aux jours à venir, je reste confiante. Je souhaite que les gens ouvrent les yeux et arrêtent d’être divisés. Les politiques, eux, sont là pour diviser pour mieux régner.»

 

Un autre Mauricien, Jimmy Legentil, un habitant de la Haute-Vienne à Limoges, attend la suite des événements avec impatience. «J’étais pour la gauche et j’espérais grandement sa victoire. Les partis de gauche avaient un beau programme avec, par exemple, l’augmentation du pouvoir d’achat avec une hausse de 14 % du SMIC, le blocage des prix sur les choses importantes telles que l’alimentation et l’énergie, la retraite à l’âge de 60 ans, le droit au logement pour tous, la régularisation des étudiants et des parents en situation irrégulière ; pour moi, beaucoup méritent cette chance parce qu’ils se donnent à fond dans leur pays d’adoption. Maintenant, il faut espérer que ce n’était pas juste des paroles de politiciens et qu’ils mettront tout ce qu’ils ont dit en pratique. Car le peuple français, en donnant la majorité à la gauche, espère aujourd’hui écrire une nouvelle histoire de cette belle France. Pour moi, le Front populaire mérite sa place au gouvernement car c’est un parti proche du peuple et qui écoute le peuple. Comme les trois députés de gauche sont de ma région, je les ai vus tout le temps sur le terrain, contrairement aux autres», conclut Jimmy Legentil en attendant la composition du prochain gouvernement français qui devra relever bien des défis...