• «Ces oiseaux de sang/Zwazo Rouz Disan» d’Edouard Maunick : une première œuvre et une traduction
  • Bâtisseurs de paix : vers un impact positif sur la communauté
  • Accidents fatals : trois nouvelles familles écrasées par la douleur du deuil
  • F1 in Schools STEM Challenge 2025 : stimuler la créativité et l’innovation chez les jeunes
  • Le stress professionnel : un phénomène souvent négligé
  • Changement climatique : alerte conditions météorologiques extrêmes !
  • Krishna Pentayah : passion environnementale, challenge et distinction à Taïwan
  • Un aide-chauffeur soupçonné d’avoir brûlée vive sa concubine malvoyante - Wendy, le fils aîné de Kathleen Chamback : «Wesley ti deza dir li pou touy mo mama»
  • Donovan BTS : bien plus qu’un «Top New Artist»
  • Un adolescent de 15 ans arrêté pour le meurtre de la mère de sa petite amie : horreur, choc et révolte à Vallée-Pitot

Incidents à Côte-d’Or suite à la manifestation de Rann Nou Later : l’opposition dénonce : «autocratie», «répression», «viol de la démocratie»

L’incident du 27 août serait symptomatique de la politique d’élimination des opposants du gouvernement. C’est, en tout cas, le point de vue de ses détracteurs.

Comme des poussières de brûlis. L’idée d’une répression exagérée et d’un basculement en autocratie s’insinue dans les esprits. Légère, elle se propage au vent des déclarations de ceux.celles qui s’opposent à la façon de faire du gouvernement. Si autour d’une terre, ça s’embrase, les regards voient plus grands, plus dangereux. Le gouvernement, lui, se défend et rappelle que l’île est un État de droit (voir «Mahen Seeruttun : "La police se devait d’agir"»). Au cœur de cette nouvelle vague de polémique, les interpellations que beaucoup ont qualifiées de musclées de membres du mouvement Rann Nou Later qui étaient venus manifester à Côte-d’Or, le mardi 27 août, contre la reprise d’un terrain par les autorités (pour situer voir hors-texte). Ils avaient décidé de protester car le Premier ministre devait assister à une cérémonie afin de remettre les contrats pour les nouveaux terrains au Centre culturel tamoul, à la Hindi Speaking Union et à l’Urdu Speaking Union.

 

La contestation s’intensifie, elle, avec une mobilisation ce samedi 31 août de la Mauritius Tamil Temples Federation (voir ci-contre) alors que les manifestants arrêtés envisagent des poursuites (voir «Ils ne vont pas lâcher l’affaire»). Les images de ces interpellations ont fait le tour de la toile provoquant réactions et prises de position marquées. Mais aussi marques de sympathie envers l’ancien chargé de cours Rajen Narsinghen qui a été hospitalisé. Navin Ramgoolam, qui s’est rendu à son chevet, estime que «la police a fait preuve d’un abus de pouvoir extraordinaire» : «Nous ne sommes plus dans une démocratie, mais dans une autocratie.» Au niveau de la police, la version officielle est la suivante : la police a demandé aux manifestants de se calmer et a dû intervenir, car ces derniers ont refusé. Une enquête est en cours et ceux qui se sentent lésés peuvent porter plainte à l’Independent Police Complaints Commission (IPCC).

 

Une explication qui ne convainc pas. En tout cas, ceux.celles qui ne souhaitent pas l’être. L’opposition de tous bords a exprimé sa solidarité envers les membres de Rann Nou Later. Surtout que la liberté d’expression, d’association et de réunion fait partie de la Constitution. Alors, au-delà du combat spécifique de ceux qui ont été interpelés, c’est un schéma d’agissements qui est dénoncé. Pour Ashok Subron de Rezistans ek Alternativ, le gouvernement a franchi une énième ligne rouge et il parle, lui aussi, d’autocratie : «Zot le eliminn opozan politik !» Pour Stephan Gua, le pays fait face à «un régime qui réprime et supprime toute opposition de façon brutale, voire illégale». La Commission Jeunesse du MMM a aussi pris position. La police, selon elle, a fait usage de la force sans tentative de médiation.

 

Une manifestation pacifique a été organisée devant le Parlement par des femmes en politique pour dénoncer cette violence, et la violence dans la société en générale. Pour Padma Utchanah de Linion Moris, ce qui s’est passé le 27 août est une «violation de notre démocratie». Sheila Bunwaree évoque la «répression» inacceptable.

 

Mahen Seeruttun : «La police se devait d’agir»

 

Donner sa version des faits dans le flot des commentaires. Le gouvernement a dépêché le ministre Mahen Seeruttun, ce samedi 31 août, lors d’un point de presse afin d’expliciter la position du gouvernement sur les incidents du 27 août. Le porte-parole a tenu à rappeler l’engagement du MSM et de Pravind Jugnauth pour «la préservation, la consolidation et la promotion de la culture et des langues». Selon lui, les événements du 27 août viennent du souhait de l’opposition de «semer la division» alors que le gouvernement promeut «la paix et l’harmonie» : «À courts d’arguments, elle se tourne vers la violence, c’est son habitude.» Car les manifestants étaient là comme des «adversaires politiques» : «C’était une manifestation planifiée pour créer du désordre. Nous ne pouvons accepter cela dans un pays de droit.» Pourtant, assure-t-il, le gouvernement n’empêche pas les manifestations à condition qu’elles se fassent «dans les règles et paramètres de la loi». Ce qui, selon lui, n’a pas été le cas mardi : «Si ces personnes avaient agi de manières pacifiques, il n’y aurait pas eu de dérapages.» Le ministre évoque «des propos insultants» : «Si les gens dans la salle avaient décidé de retaliate ? Ki ti pou arive ? Si la police n’avait pas pris les actions nécessaires, on aurait accusé les autorités. La police se devait d’agir.»

 

Zahid Nazurally, prise de position, position délicate

 

Le Deputy Speaker, again ! Zahid Nazurally, membre du ML, s’est fendu d’un post Facebook. «Non à l’abus de l’autorité», a-t-il écrit. Un message succinct sans mise en contexte directe. Le leader du ML, Ivan Collendavelloo, a été interrogé sur cette publication : «Mo sipoze ki li pa dakor ek abu dotorite. Mo sipoze ou osi ou pa dakor ek abu dotorite. Premie minis osi pa dakor ek abu dotorite.»

 

Pour situer

 

Au cœur de l’indignation : un terrain au Réduit Triangle qui avait été alloué à la Mauritius Tamil Cultural Center Trust (MTCCT) en 2010 et qui a été repris par les autorités qui ont offert une alternative à Côte-D’Or. Ce qui ne convient pas à ceux qui ont décidé de faire part de leur désaccord.

 

Ils ne vont pas lâcher l’affaire

 

Ils étaient à Côte-d’Or pour faire entendre leurs voix. Tout simplement. Alors, Devarajen Kanaksabee a dit ne pas comprendre ce qui s’est passé : «Li pa ti korek.» Kissen Gangadoo estime qu’ils ont été victime de façon de faire «dominer». Rajen Narsingen, juriste et ancien chargé de cours à l’Université Maurice, a dû même être hospitalisé avant de rentrer chez lui le jeudi 29 août. Il confie qu’il lancera, après sa convalescence, des plaintes civiles et criminelles. Le combat se poursuivra, malgré les intimidations a assuré Vela Gounden : «Zame nou pou per.» Pour l’instant, les principaux concernés ont été interpellés sous une charge provisoire de rogue and vagabond. Viralen Sooben a, lui, été arrêté sous une charge provisoire de molesting police officer. Il a été traduit en cour de Moka et libéré contre une caution de Rs 8 000. Il estime qu’il n’a menacé personne et qu’il ne faisait qu’étendre sa jambe parce que, dit-il, «monn gayn enn kramp».

 

Réunion à la Mauritius Tamil Temples Federation : appel à l’organisation et à la mobilisation

 

Le moment de parler, d’échanger. Lors de la réunion spéciale qui a eu lieu à la Mauritius Tamil Temples Federation, ce samedi 31 août, ceux présents ont pris la parole pour parler d’organisation au sein de la fédération et de la communauté. Mais aussi de mobilisation afin de ravoir «later sakre» à Réduit, car ils rejettent le nouveau terrain (qui se trouve, selon eux, à Hermitage, alors que les autorités parlent de Côte-D’Or). Il est ressorti qu’il était important de parler d’une seule voix, de mettre sa couleur politique de côté. Il a été question de mobilisation légale pour ce combat. Et aussi d’actions à prendre suite aux incidents du 27 août. Une mobilisation devrait avoir lieu le dimanche 15 septembre. Parmi les personnalités présentes : Rajen Valayden ainsi que Veda Balamoody et Deven Nagalingum du MMM, et Tassarajen Pillay du PTr.