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Un adolescent de 15 ans arrêté pour le meurtre de la mère de sa petite amie : horreur, choc et révolte à Vallée-Pitot

Noorezah Abdoolah (photo), une infirmière de 46 ans, a été retrouvée morte étranglée à son domicile à Vallée-Pitot le 2 octobre. Le lendemain, un collégien de 15 ans a été arrêté et a avoué le meurtre. Il a été placé en détention policière après sa comparution devant la Children’s Court où une accusation provisoire de «murder» a été logée contre lui. Il explique qu’il a commis l’irréparable après une dispute avec la victime qui était la mère de sa petite amie de 14 ans. Un drame qui choque plus d’un. Les proches de la victime, effondrés et choqués, témoignent.

L’atmosphère est très tendue à la rue Alma, à Vallée-Pitot, en cette matinée du 3 octobre. Plusieurs unités de la police défilent au domicile des Abdoolah après le terrible drame survenu chez cette famille la veille. Leur maison est toujours sous scellée à ce moment-là. L’ASP Seebaruth de la Major Crime Investigation Team (MCIT) scrute les lieux. Il est là pour une mission précise : retrouver l’arme du crime. Noorezah Abdoolah, la mère de famille, âgée de 46 ans, est morte au rez-de-chaussée de son domicile après avoir été étranglée. Le rapport d’autopsie indique que cette infirmière a succombé à une «compression of the neck». Selon le Dr Sudesh Kumar Gungadin, responsable du département médico-légal de la police, c’est un objet dur appuyé avec force sur la gorge de la victime qui a causé sa mort. 

 

Des officiers de la Field Intelligence Unit sont également présents sur place. Ces derniers ont, eux, une autre mission. L’un d’eux adresse une série de questions à Aktar, l’époux de Noorezah Abdoolah. Les limiers veulent savoir si sa fille de 14 ans avait un portable et un compte sur les réseaux sociaux. «Mo tifi pa ti ena portab li. Li ti pe servi seki pou mo madam kan li ena pou fer call», répond le maçon de 46 ans. L’un des policiers lui montre alors des vidéos de sa fille qui, visiblement, avait un compte sur TikTok. «Sirma li ti pe servi portab so bann kamarad dan kolez», répond un membre de la famille. Quelques mètres plus loin, Nahiir, le fils d’Akbar, âgé de 22 ans, est en larmes dans les bras d’une de ses proches.

 

Il vient de rentrer chez lui dans le véhicule des officiers de la MCIT. Peu après, le jeune mécanicien accompagne ces derniers à l’intérieur de la maison avant de reprendre la route avec eux quelques minutes plus tard. L’ASP Seebaruth fait comprendre à ceux présents sur les lieux que les Abdoolah pourront avoir accès à l’intérieur de la maison lorsque les officiers de la scientifique auront terminé avec la prise de photos et le prélèvement d’empreintes. Aktar suit toute la scène assis sur une brique dans un coin de la ruelle où il habite. Il donne l’impression d’être complètement dépassé par les événements tragiques qui sont venus bouleverser son existence. «Mo pou bizin kapav lev latet akoz mo de zanfan», lâche-t-il d’une voix tremblante. 

 

Tout laisse croire qu’il ne savait pas encore à ce moment précis que la police avait déjà procédé à l’arrestation du petit ami de sa fille pour l’agression mortelle de son épouse. Il s’agit d’un collégien de 15 ans habitant un autre faubourg de Port-Louis. La police a procédé à son arrestation alors qui se trouvait dans l’établissement qu’il fréquente. Ignorant ce fait, Akbar poursuit : «Mo tifi pa pe kapav koze. Mo pena kouraz dimann li kitsoz. Sikolog minister fini examinn li. Bann-la inn koz ousi ek mo garson.»

 

Il est convaincu, dit-il, que le présumé meurtrier de sa femme est passé par une porte qui se trouve à l’arrière de sa maison pour y entrer et en sortir. «Mo pankor kapav rant dan mo lakaz pou kone si kitsoz inn perdi.» La nouvelle de l’arrestation du petit ami de sa fille de 14 ans, qui est tombée plus tard dans la journée, a provoqué une véritable onde de choc chez les Abdoolah. Chez cette famille, la stupeur, la colère, le chagrin se mêlent en un cocktail détonant. Quand nous rencontrons à nouveau la famille ce samedi 5 octobre, les mots fusent. Akbar, l’époux de la victime, lâche, révolté : «Dimounn pe pran plis lintere sa miner-la ki nou lintere alor ki nou pe viv enn lanfer ! Enn zanfan rant dan ou lakaz, touy ou madam, apre li rant kot li, landemin li met so linz li al lekol, samem ki appel bon dimoun-la ? Mo espere lazistis fer bien so travay dan sa ka-la sinon nou mem ki pou fer lazistis. Domaz lalwa pa pli sever ek nepli ena penn de mor pou sa kalite deli-la !» Son fils Nahiir, 22 ans, renchérit, la voix vibrante d’émotion : «Lor Facebook mo trouv dimoun pe koz an bien lor garson-la. Plis lor la, ena enn ban mansonz ki pe gat repitasion mo mama. Li pa fasil tousala. Mo mama ti en bon madam, dimounn ti extra kontan li dan landrwa, dan so travay.»

 

«Traumatisée»

 

Neema, la soeur de Noorezah Abdoolah, également présente avec son époux, ne cache pas sa colère et son chagrin. «Le 2 octobre, c’était le jour de mon 40e anniversaire et Noorezah, à qui j’avais parlé le matin même, m’avait dit qu’elle allait me faire une surprise. Mais quelle horrible surprise j’ai eue !»
Maintenant pour elle et pour le reste de la famille, il n’y a qu’une chose qui compte, c’est que justice soit faite : «Mo demann lazistis pou mo ser. Sa dimounn-la inn touy li avek enn tel violans ! Pa parski li miner ki li krwar li kapav fer tou seki li anvi ek li pa pou pini pou sa. Li bizin gagn mem tretman ek mem lapenn ki enn adilt !» Neema précise également que sa nièce de 14 ans, la fille de Noorezah, est complètement «traumatisée» et qu’elle a «arrêté de manger» depuis le drame. Un drame dont les membres de cette famille ne savent pas comment se remettre tant il les a «brisés».

 

Toute cette affaire a éclaté le 2 octobre, en début d’après-midi. Nahiir explique qu’il se trouvait sur son lieu de travail lorsqu’il a reçu un appel téléphonique d’un voisin vers 12h52 lui demandant de rentrer à la maison au plus vite car des voleurs étaient entrés chez lui par la porte de derrière. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait aussitôt. En arrivant chez lui, il a retrouvé sa mère gisant inconsciente dans la salle à manger. Elle avait des blessures au niveau du cou. Son oncle paternel Goolam Hossen, 43 ans, qui habite dans la même cour, l’a ensuite aidé à transporter sa mère d’urgence à l’hôpital Jeetoo dans sa voiture. Le décès de Noorezah Abdoolah a, hélas, constaté à leur arrivée aux urgences de l’établissement hospitalier.

 

L’identité des intrus était encore inconnue à ce moment-là. Interrogé par la police, Nahiir avait déclaré que sa mère lui avait dit, les jours précédents, que deux inconnus faisaient le tour des maisons du voisinage pour demander de l’argent. La victime était seule à la maison avec sa fille de 14 ans au moment des faits. Après que les autorités ont été alertées de cette agression mortelle, l’hélicoptère de la police a survolé les environs mais n’a pu retracer les suspects. Tous les habitants du voisinage étaient alors persuadés que c’était un autre cas de vol ayant mal tourné. Pour cause : une dame âgée du quartier a fait un an dans le coma après avoir été agressée sauvagement lors d’un cambriolage à son domicile, il y a deux ans.

 

Noorezah Abdoolah était à la maison ces derniers jours car elle avait pris un mois de congé pour aider sa fille à réviser avant ses examens de fin d’année. Akbar explique qu’il se trouvait, lui, sur un chantier à Pailles lorsqu’il a appris l’horrible nouvelle. «Mo garson kinn anons mwa sa move nouvel-la. Mo frer ti fini pran mo madam dan loto kan monn ariv lakaz», dit-il. Goolam Hossen confirme avoir aidé son neveu à transporter la victime à l’hôpital Jeetoo, où cette dernière travaillait. «Lapolis ek lanbilans ti pe tro tarde. Samem gro problem ki gagne dan landrwa isi. Monn krwaz ek enn van lapolis dan sime. Monn signal li pou fer li konpran ki mo pe amenn mo bel-ser lopital direk. Lanbilans pann vinn ditou mem sa zour-la», souligne cet homme de 43 ans. Il est d’avis que «ti pou kapav sap lavi (mo) bel-ser» si le SAMU était intervenu rapidement. «Nou finn azir vit pou rod sap so lavi. Noun fer nou best», clame Goolam Hossen.

 

La MCIT, de son côté, est allée vite en besogne. Les limiers ont procédé à l’arrestation du collégien de 15 ans dès le lendemain alors même que la photo de deux autres jeunes, soupçonnés d’être les auteurs  du supposé cambriolage ayant mal tourné, faisait le buzz sur les réseaux sociaux. Le suspect a expliqué aux enquêteurs qu’il est le petit ami de la fille de la victime et a avoué être responsable de sa mort. Il a aussi raconté les circonstances du drame. Il affirme qu’il s’est bagarré avec Nooreza lorsque cette dernière est tombée nez-à-nez avec lui et sa fille dans la maison. Il l’a alors étranglée en plaçant une «planche» sur son cou avant de prendre la fuite. Il a comparu devant la Children’s Court le 4 octobre et fait l’objet d’une accusation provisoire de «murder». La police a objecté à sa remise en liberté sous caution. Il a été placé en détention policière jusqu’à sa prochaine comparution en cour.

 

Un proche du jeune suspect : «Jamais nous n’aurions pensé qu’un garçon si tranquille pourrait être impliqué dans une telle affaire»

 

La mère de l’étudiant qui a avoué l’agression mortelle de Noorezah Abdoolah n’en revient toujours pas des événements qui sont venus bouleverser son existence et celle de sa famille cette semaine. Cette coiffeuse n’a pas souhaité nous faire de déclaration après l’arrestation de son fils et sa mise en accusation devant la Children’s Court pour assassinat car elle est en état de choc. Un membre de son entourage précise toutefois que l’adolescent était un «garçon exemplaire, sans histoires, qui ne sortait pas beaucoup et s’occupait bien de sa grand-mère souffrant de la maladie d’Alzheimer». Personne ne comprend ce qui a pu se produire le jour fatidique. «Jamais nous n’aurions pensé qu’un garçon si tranquille pourrait être impliqué dans une telle affaire», déclare une autre proche de la famille.

 

L’avocat de l’adolescent, Me Rishi Hurdoyal, n’a pas souhaité faire de déclaration non plus. «Je ne peux rien vous dire à ce stade de l’enquête car je n’ai pas encore eu de séance de travail avec mon client», nous explique-t-il. Lors de son premier interrogatoire, le collégien a déclaré à la police qu’il a eu une violente altercation avec la mère de sa petite amie à deux reprises le jour fatidique. Il a raconté s’être rendu discrètement chez cette dernière en ce 2 octobre et qu’il est tombé nez-à-nez avec Noorezah Abdoolah qui l’a réprimandé. Il est alors parti de la maison mais n’est pas rentré chez lui pour autant. Il a fait le guet dans un sous-bois se trouvant à côté de la maison des Abdoolah et s’est à nouveau introduit chez cette famille un peu plus tard pour rencontrer sa petite amie. 

 

Noorezah Abdoolah est tombée sur les deux jeunes alors qu’ils étaient au rez-de-chaussée. L’adolescent a ensuite eu une violente prise de bec avec elle avant que les choses ne prennent une tournure tragique. Le collégien précise qu’il a saisi un «enn bout plans ek apiy lor likou» de la mère de sa petite amie avant de prendre la fuite. Il a été arrêté le lendemain alors qu’il se trouvait à son collège. L’enquête policière se poursuit.