À Vieux-Grand-Port–Rose-Belle (n° 11)
Krishna Molaye : «Je vais mener une bataille»
Cette circonscription, il la connaît par cœur. Il y a travaillé pendant plus de dix ans, d’abord avec le Parti travailliste et ensuite, depuis 2019, avec le MSM. Déçu de ne pas avoir eu d’investiture orange, Krishna Molaye a décidé de se lancer seul à Vieux-Grand-Port–Rose-Belle (no 11).
Une déception. «Quand on a soutenu un grand parti avec effort et sincérité, et que le travail n’est pas reconnu, il faut avancer. Quand des gens qui sont derrière vous le conseillent, vous savez que vous devez agir. Je vais mener une bataille en indépendant et je suis fier de mon travail dans la circonscription.»
Pas mission impossible. «Sans la logistique d’un parti, la campagne est plus difficile. Difficile, mais pas impossible. Deux grands de la politique ont perdu dans ici : Pravind Jugnauth et Arvin Boolell. La population n’est pas dupe. Elle sait qu’il faut croire en une personne qui travaille, qui a des atouts académiques et de l’expérience. J’ai le courage qu’il faut et j’ai le soutien de ma famille. Sur le terrain, je suis bien accueilli. J’ai des idées ; j’ai une approche humaine..»
À Beau-Bassin–Petite-Rivière (n° 20)
Valentina Première : «Pas là pour l’argent ou pour la gloire»
Elle a fait un vœu. Pour un monde meilleur, un monde plus beau pour ses enfants. Et pour tous les autres: «Mo pa travay pou mwa, mo travay pou mo zanfan.» C’est pour cela que Valentina Première, candidate indépendante à Beau-Bassin–Petite-Rivière (no 20) s’est, encore une fois (première participation en 2019), engagée dans cette grande aventure électorale. Pour lier son destin à celui de son pays, elle a besoin, néanmoins, de liberté : «Celle de dire et de faire ce qui est important pour moi.» Alors, c’est au son des ravannes et avec des danseuses de séga qu’elle a fait son entrée au centre de sa circonscription pour le Nomination Day… Photographe, artiste, habitante de Petite-Rivière depuis toujours, elle rêve d’accomplir de belles choses. Si elle est élue, elle promet d’agir. Car quand on avance avec le cœur, on peut aller loin : «J’ai parlé à mon mari qui est maçon et nous sommes d’accord : si je suis élue, je ne toucherai pas à mon salaire de député. Il ira dans un fonds qui servira à aider ceux qui en ont besoin. Zordi mo leker kase quand on me demande de l’aide et que je ne peux pas faire plus. Je ne suis pas là pour l’argent ou pour la gloire.» Des intentions pures et altruistes qui font sa force, estime-t-elle. Car elle est proche des gens, du terrain et des réalités auxquelles font face la nouvelle génération.
À Grand-Baie–Poudre-D’Or (n°6)
Vashish Bijloll : «Je ne suis pas un figurant»
Une politique de cœur et d’action. Celle qui écoute, celle qui agit. Vashish Bijloll, qui s’est enregistré en tant que candidat indépendant à Grand-Baie–Poudre-D’Or (no 6), en est sûr ; le changement commence avec lui. «Je ne suis pas juste un figurant. J’ai un plan. On va transformer l’île Maurice et ça va commencer par la circonscription n° 6.» L’expert-comptable, habitant de Goodlands, marié et papa de deux enfants, s’est fait connaître en menant le mouvement Pa Touss Nou Anse-La-Raie, plage où un projet hôtelier devait «défigurer ce bijou». Si les pressions ont eu raison du promoteur, «le combat n’est pas gagné», confie-t-il. La protection du patrimoine national, la fourniture d’eau dans le Nord, les soins de santé et la question du sport sont, entre autres, autant de thématiques que son programme aborde. Il y travaille déjà car il a à cœur le bien de tous. Contrairement aux candidats mainstream : «Ils ne représentent pas leur circonscription, l’électorat ou encore vos aspirations ; ils représentent leurs leaders !» C’est là que Vashish Bijloll veut faire la différence en étant un candidat, puis un élu de proximité, de terrain et d’engagement. Il est un homme, dit-il, qui a beaucoup de compassion, qui sait être à l’écoute et qui œuvrera pour le bien commun.
À Stanley–Rose-Hill (n° 19)
Lillka Cuttaree : «Anou avans ansam»
Il y a des décisions comme celle-là. Elles ont le parfum de la certitude, malgré les obstacles, les difficultés. C’est ainsi que Lillka Cuttaree a décidé de s’engager en politique, pleinement. Avec cœur et courage. La fille de Jayen Cuttaree (homme politique, figure emblématique du Mouvement militant mauricien décédé en 2018) s’inspire de son héritage en y apportant ses propres couleurs. Elle s’est portée candidate, en indépendant, à Stanley–Rose-Hill (no 19). Diplômée en sciences politiques et économie de Sciences Po Paris et de Paris Dauphine, et plus récemment de la Harvard University (maîtrise en administration publique), elle est entrepreneure spécialisée dans le domaine de la formation et des politiques d’inclusion. Le slogan de sa campagne ? «Anou avans ansam.»
S’engager. «Entrez dans l’arène politique est un processus naturel et réfléchi. Mon engagement dans la ville de Rose-Hill date de cinq ans après la mort de mon père. J‘ai créé la JKC Foundation qui encourage l’éducation inclusive. Puis, j’ai lancé l’incubateur Blossom Factory afin de promouvoir l’entrepreneuriat au féminin.»
«Entrer dans la course». «J’ai été approchée par tous les blocs traditionnels depuis plus de cinq ans. J’’ai eu la chance de voir de très près les barrières pour encourager la compétence, surtout au féminin. Donc, si la mission de servir là où vous œuvrez est importante, il ne faut pas hésiter à entrer dans la course.»
Inspirer. «L’engagement politique doit rester un acte noble, dans mon cas, au service des habitants de Rose-Hill. Je pose en indépendante dans cette ville de Rose-Hill où je suis fondamentalement attachée et investie, et j’espère que les votants sauront choisir la compétence et l’authenticité dans leur choix de candidats. En tant que femme, poser en indépendante demande du courage et de la résilience.»
Le terrain, tout un univers. «Cela se passe très bien sur le terrain. Les gens veulent plus de jeunes compétents, et je suis extrêmement chanceuse d’être encadrée par une équipe passionnée par le changement et l’avenir. Il y aura de la disruption dans cette ville.»
À Flacq–Bon-Accueil (n° 9)
Shiksha Beergoonath racontée par son père Anil : «Elle est spéciale»
Une étincelle de joie. Les nouvelles pétillantes ont le pouvoir de provoquer cette magie qui se ressent au cœur de soi. Et la candidature de Shiksha Beergoonath, 23 ans, à Flacq–Bon-Accueil (no 9), fait partie de ces good news. La jeune femme, habitante de Lallmatie s’est enregistrée lors du Nomination Day, accompagnée de son père, Anil. Celle qui arpente sa localité sur un scooter aux couleurs et à la décoration changeantes (œuvre de son papa, éducateur et artiste) est, un peu, une célébrité dans son coin de l’île… Mais pas que ! Elle enchante ses followers sur TikTok. Après une expérience électorale en 2019 (avec 314 voix), elle a décidé de remettre ça en 2024. Une façon de parler de l’inclusion, d’offrir d’autres visages, d’autres parcours, d’autres histoires. Et aussi et surtout, de ne jamais rien lâcher : «Notre but, c’est de valoriser son existence», raconte Anil, son père. Alors, quand elle a eu 18 ans (en 2019), il s’est dit que si elle pouvait voter, elle pouvait bien être candidate : «C’est la première candidate de 18 ans de l’histoire des élections générales.»
Depuis l’arrivée de Shiksha dans sa vie, et avec l’aide de son épouse, il ne laisse passer aucun événement : lancement du métro, Jeux des îles, visite du Pape. C’est ce qui tient la douleur éloignée : «Quand elle fait des activités, elle oublie la douleur, la maladie. Quand vous êtes joyeux, les problèmes s’évaporent.» Depuis l’arrivée de sa fille unique, Anil s’est engagé, envers et contre tout, à lui donner la plus belle des vies : «Elle ne sait pas qu’elle est différente. Quand elle surprend, le regard des gens, elle me demande pourquoi on la regarde ainsi. Je lui dis que c’est parce qu’elle est spéciale.» Déjà dans le social, Shiksha partage une partie de son aide-sociale aux plus nécessiteux. Elle aime apporter de la joie et de la bonne humeur où qu’elle passe. Très sociale, un sourire lui suffit pour engager la conversation. Le 12 mars, un gâteau quadricolore en mains, elle a rendu visite aux policiers, au personnel soignant de l’hôpital et aux pompiers pour un partage de l’amitié. Alors, malgré sa différence, elle est persuadée d’avoir en elle tout ce qu’il faut pour être la voix des Mauriciens. Et surtout, celle des femmes et de ceux qui les aiment…
À Mahébourg–Plaine-Magnien (n° 12)
Siva Liu : «Je suis engagé à faire la différence»
Son pays de cœur. Là où ses enfants grandissent, là où il vit depuis plus de 20 : «God sent me here», nous confie Siva Liu, dans un mélange de kreol, de français, d’anglais et de mandarin. S’il n’est pas toujours facile de le comprendre, l’énergie qu’il met dans cette aventure électorale ne laisse aucun doute. Le candidat indépendant de Mahébourg–Plaine-Magnien (no 12), qui vient de Chine, veut travailler pour l’île. Et il veut le faire avec sa touche : « I am committed to making a difference.» Diplômé en sciences marines, marketing et business, étudiant en droit et entrepreneur, confie-t-il, Siva Liu (aussi connu comme Liu Z. Duo, Christopher Liu) estime avoir toutes les ressources nécessaires afin de s’atteler aux problèmes qui touchent notre pays : la drogue, la situation précaire de certains travailleurs et la cherté de la vie, entre autres. Déjà, dans son coin de l’île et sur les réseaux sociaux, il a commencé une campagne intensive ! Il fait des annonces (la moitié de son salaire de député ira à soutenir de nobles causes), s’engage, se dévoile (énormément !) en live, et parle de programme et d’actions.
À Montagne-Blanche–Grande-Rivière-Sud-Est (n° 10)
Zahid Nazurally choisit le silence
De Deputy Speaker et membre du Mouvman Liberater (ML) à… candidat indépendant à Montagne-Blanche–Grande-Rivière-Sud-Est (no 10). Cette circonscription où il avait été élu en 2019, il la connaît bien. Alors, c’est tout naturellement qu’il a décidé d’y revenir, mais sans faire partie de l’équipe du MSM et de ses alliés (tout comme Krishna Molaye, voir ci-contre). Et le politicien a choisi une campagne de communication inédite : il a décidé de ne pas communiquer ! Du moins pas verbalement car il fait des posts et des lives (sans dire un mot) sur les réseaux : «Mo labouss ferme, mo less piblik koze», a-t-il dit à l’issue du Nomination Day.
Menottes, patronymes et chiffres…
En détention, mais candidat. Riaz Nazurally est arrivé menotté au centre de dépôt de candidatures de Port-Louis-Sud–Port-Louis-Centre (2) lors du Nomination Day afin de s’enregistrer comme candidat indépendant. Il est actuellement en détention, accusé de breach of ICT ACT à la suite d’une publication sur les réseaux sociaux.
Sacré patronyme. Parfois, l’indépendance des candidats indépendants est toute relative ! Dans certaines circonscriptions, des personnes portant le même patronyme (ou un qui lui ressemble) que des candidats des partis mainstream ont fait acte de candidature…
Les chiffres. Sur les 903 candidats enregistrés, 524 sont des indépendants. Majoritairement des hommes ; 431. Et les candidates ? Elles sont 93.