Dans ses yeux, de l’admiration, mais aussi de l’amour et de la fierté. Neev, 12 ans, sait que son père Kaviraj Rookny, 42 ans, directeur général, possédant une expertise dans les domaines de la finance et de l’immobilier, fraîchement élu dans la circonscription n° 5 (Pamplemousses-Triolet), est en train de vivre un moment très important dans sa vie. «Je suis très content pour lui et sa réussite», nous dit l’adolescent qui, avec Shreesh, son frère de 17 ans, soutient son papa à fond. Ces dernières semaines, il l’a vu se donner et travailler dur pour pouvoir récolter les fruits de son investissement personnel aux côtés de ses acolytes de l’Alliance du Changement.
Ce n’est pas sa femme Aruna, qui dira le contraire. Des étoiles dans les yeux, elle se dit vraiment heureuse pour son époux. «Je suis très fière de lui et je suis sûr qu’il va travailler très dur pour le pays. On l’a soutenu pendant la campagne électorale et on s’est adapté à son rythme. On s’attendait à ce que ce soit ainsi et on était prêts à faire face à toute éventualité. Avec cette nouvelle aventure qui commence pour lui, on sera là, bien évidemment, pour le soutenir. On est ensemble depuis pas mal d’années et je vais l’épauler dans cet objectif qu’il a pour aider à sauver le pays», nous confie-t-elle, de l’émotion dans la voix.
Dans l’entourage de Kaviraj Rookny, il y a aussi sa plus grande fan, qui n’est nulle autre que sa mère Swastee. C’est vraiment un bonheur pour elle de voir son fils se lancer des défis et les relever haut la main. «Je suis contente pour lui et pour la nouvelle corde qu’il ajoute à son arc parce qu’il suit les traces de son père. Je lui souhaite de tenir bon et de mener à bien son mandat et, surtout, d’avoir de la force pour aider à faire avancer le pays», nous confie cette mère comblée.
«Pas facile»
D’un membre de la famille Rookny à un autre, c’est en larmes que Kavita Jodhun nous parle de son frère comme étant un grand bosseur et qui, par conséquent, dit-elle, sera apte à assurer son nouveau rôle. «Je suis très émue. Je remercie Dieu de l’avoir accompagné et de lui avoir donné du courage. J’ai vu mon frère travailler très dur. Il s’est donné corps et âme, à 200%, pour aider à ce que le changement arrive. Il a bossé nuits et jours et de façon très intense. Ça n’a pas été facile, mais mon frère est un fonceur. Il y a eu beaucoup de challenges, mais il a été très fort et il l’a fait comme ses autres collègues. Il sera toujours dans mes prières. Mon père est décédé et je suis sûr qu’il aurait été fier de lui. Je pense donc à lui et aussi à ma mère qui a tout fait pour que mon frère ait une bonne éducation», nous confie Kavita qui ne va pas arrêter de soutenir son frère dans cette nouvelle aventure qui s’offre à lui.
Le nouveau député élu se dit pour sa part porté par toute l’effervescence qu’a suscité la victoire de l’Alliance du Changement. «Je suis très content de l’issue de cette élection pour les Mauriciens qui ont souffert d’injustice pendant 10 ans. Cette victoire est pour eux et c’est aussi une leçon à prendre pour les gouvernements à venir. Les Mauriciens ne sont pas dupes. Ils vont peut-être rester tranquilles pendant quelque temps, mais le moment venu, ils vont faire ce qu’il faut faire. Le Dr Ramgoolam a toujours été pour moi un leader exemplaire. Je me réjouis de l’opportunité de pouvoir travailler pour un gouvernement sous lui», nous confie Kaviraj Rookny.
La famille a indéniablement joué un rôle crucial pour les candidats au cours de ces semaines intenses de campagne, ainsi que pendant ce dimanche et ce lundi marqués par l’effervescence des élections et la journée de dépouillement. C’est Navin Ramgoolam, le leader de l’Alliance du Changement, qui l’a lui même précisé, aux petites heures du matin du mardi 12 novembre, quand les résultats de la circonscription n°5 sont enfin tombés enfin après de longues heures d’attente. Avec son épouse à ses côtés, il n’a pas manqué d’avoir des mots doux pour elle. «Mo capav la la, me mo pa ti pou la si pa ti ena sipor sa dimoune ki la a kote mwa», a-t-il déclaré en s’adressant à son épouse Veena.
«Un sacrifice»
Sydney Pierre, 54 ans, autre député fraîchement élu pour la première fois au n° 19 (Stanley-Rose-Hill), PDG dans l’hôtellerie et la conservation et détenteur d’un BA (Hons) Birmingham University, et d’un Master Degree de l’Essec (France), reconnaît aussi que le soutien de ses proches a été important. «Pendant la campagne, ça a été assez dur et on a été sur pied jusqu’aux petites heures du matin. Nos horaires ont été chamboulés. Mais c’est un sacrifice que nous, candidats, avons faits et ça a été une bonne expérience», nous confie Sydney Pierre. Marié à Géraldine, père de quatre enfants – Malachie, William, Prisca et Sara – et grand-père de trois petits enfants – Lydie, Benyamin et Nathan –, c’est de sa famille qu’il a puisé sa force avant de se jeter dans cette course électorale. «Quand la campagne a débuté il y a cinq semaines, on n’était pas préparé à ça, mais on se devait de le suivre pour l’épauler. Notre train-train quotidien concernant le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner a été chamboulé, mais le plus important, c’était de le soutenir et de l’aider à vivre comme il se doit ces différentes étapes dans sa nouvelle vie de politicien. Il récolte les fruits de son travail et de son investissement, et surtout, c’est pour une bonne cause : l’avancement du pays. On est contents pour lui», nous confie Géraldine Pierre, qui comme les autres familles, est très fière du cheminement de son époux. Le principal concerné est déterminé à poursuivre le travail qui a commencé. «Je ne me remets toujours pas d'avoir été choisi comme député par le peuple pour servir. Je me suis engagé en politique pour transformer la vie des gens. Si je peux apporter un plus de bonheur autour de moi, ce sera quelque chose de positif dans ma carrière», nous dit celui qui est engagé dans le social depuis 38 ans.
On quitte la circonscription n° 19s et on met le cap sur le n°4 (Port-Louis-Nord–Montagne-Longue), où a été élu Anabelle Savabaddy. Elle fait partie de ces nouveaux représentants du peuple, comme Chetan Baboolall et Anishta Babooram qui ont brigué pour la première fois les suffrages et qui sont arrivés en tête de liste face à des «pointures» dans leur circonscription respective.
«L'envie d'aider»
Consultante et ancienne présentatrice-radio, elle est mariée à Gérard et est maman de quatre enfants : Crystal, 19 ans, Chelsea, 17 ans, Rapha-EL,10 ans et Ezra, 7 ans. Bien évidemment, la petite tribu est très fière d’Anabelle et se dit heureuse de la voir s’épanouir dans cette nouvelle voie qu’elle a choisie d’explorer. Gérard Savabaddy sait que son épouse saura relever le défi. «Anabelle a toujours été animée par le désir et l’envie d’aider les gens et à servir. C’est d’ailleurs ce qu’elle faisait à la radio. Ce qu’elle faisait à travers son travail d’animatrice, ne s’arrêtait pas à des heures de bureaux. Bien souvent, ça allait au-delà, et cela même à la maison. Elle avait toujours quelqu’un au téléphone pour travailler sur un cas, toujours à vouloir aider, toujours à vouloir trouver une solution. C’est pour vous dire que son monde a toujours été ainsi. Maintenant, elle explore l’univers de la politique. C’est pour elle une opportunité, une plateforme pour continuer à faire ce qu’elle a toujours fait. Et nous, sa famille, on sait ce qu’elle veut et on la soutient à 100%. Certes, ce n’est pas si simple. Pour les deux petits, ça a été un peu plus difficile de ne plus trop voir leur maman, mais elle a notre soutien. Si c’est un moyen pour elle de faire ce qu’elle a toujours fait, alors why not ?» nous confie Gérard Savabaddy.
«Un support»
La nouvelle députée sait d'ailleurs qu’elle peut compter sur son époux et ses enfants pour la soutenir dans sa nouvelle mission. «Le soutien de la famille aide définitivement. J’ai une grande famille et le support de chacun est important pour moi. Mes enfants, mon petit garçon et la cadette, ont fêté leur anniversaire sans leur maman. Mon époux a dû prendre les rennes de la maison. Puis, j’ai eu le coup de main de mes filles. C’était dur, mais aujourd’hui, on savoure ensemble la victoire», nous confie Anabelle Savabaddy qui compte se mettre très vite au boulot.
«Le pays respire. C’est une libération et une délivrance extraordinaire. Les gens ne sont plus sous la dictature. C’est maintenant que le travail commence. Les choses sérieuses commenceront dans pas longtemps. Il faudra bosser dur pour les prochaines années. Il y a beaucoup de choses qui n’ont pas été faites dans la circonscription, par exemple. Il va donc falloir bosser dur pour faire bouger les choses. Il y a des dossiers bien urgents à prendre en main et il faut rendre à l’électorat ce qu’il a fait pour nous», conclut la nouvelle députée avec de la détermination dans la voix...
Du côté des plus expérimentés
Il y a les néophytes et il y a ceux qui n'en sont pas à leur première fois. Entre les leaders et les candidats qui ont plus d’une élection à leur corde, ils sont nombreux parmi les 60 députés élus à avoir brigué plusieurs suffrages au fil des années. Et l’élection de cette année a été riche en émotions et en enseignements. «Les gens ont voté pour une deuxième Indépendance. Ils ont voté pour un changement et le changement est là. Avec l’équipe gagnante, on va se mettre au travail pour que la famille mauricienne puisse profiter des changements qu’on a promis», nous confie Ranjiv Woochit, élu au n°5 aux côtés de Navin Ramgoolam. Pour lui aussi, la famille a été d’un soutien considérable. «Toute l’équipe a travaillé dur pour ce résultat. Je souhaite à tous les élus de maintenir le rythme pour que le pays en profite», nous confie Artee Woochit sous les regards de ses filles Ashna et Nishtha, toutes les deux très fières de leur papa.
Quand le changement fait battre le coeur de la diaspora mauricienne
Même de loin, ils n’ont rien raté de l’actualité politique de leur île natale. Les élections générales ont aussi tenu en haleine les Mauriciens qui vivent à l’étranger. Désormais, ils attendent de voir comment la nouvelle équipe élue fera évoluer les choses. «En tant que Mauricien vivant à l’étranger, suivre la politique et les élections à Maurice apporte une perspective unique et souvent nuancée sur le fonctionnement de notre démocratie et l’évolution de la société mauricienne. Finalement, observer la scène politique mauricienne de l’étranger donne à réfléchir : comment pouvons-nous contribuer au changement que nous souhaitons voir ?» nous confie Warren Chris Etowar de France. Ivan Isabelle, installé au Canada, a, de son côté, les yeux rivés sur l’avenir. «La campagne électorale a véhiculé une vilaine image de notre île. Il faut donner la chance pou ena enn vre sanzman», dit-il en suivant de près les prochains moves de la nouvelle équipe élue.
L’actualité politique de notre île dans la presse internationale
Les élections générales de notre île ont aussi intéressé les médias internationaux. BBC a souligné que «The opposition Alliance of Change in Mauritius has won 60 of the 64 seats in Parliament following Sunday’s general election. Its leader, Navin Ramgoolam, 77, has been appointed prime minister». Courrier International a aussi évoqué le fait que «les Mauriciens ont un nouveau Premier ministre après une victoire éclatante aux législatives». TV5 Monde, entre autres, a aussi parlé de notre actualité politique en soulignant «la large victoire de Navin Ramgoolam aux élections législatives»...