La Journée mondiale de lutte contre le sida est une occasion importante de sensibilisation. Cette année, l’Organisation mondiale de la santé a choisi pour thème «Suivons le chemin des droits», soulignant l’importance de garantir les droits humains dans la lutte contre cette maladie.
À Maurice, l’organisation non gouvernementale (ONG) PILS, créée en 1996, se distingue par ses actions à l’échelle locale, régionale et internationale. PILS œuvre activement pour sensibiliser la population aux enjeux liés au VIH et à ses conséquences. L’organisation a pour objectif d’encourager un changement social durable afin de prévenir les nouvelles infections au VIH, aux infections sexuellement transmissibles et au virus de l’hépatite C, tout en veillant au respect des droits des populations clés.
Selon PILS, il est important de maintenir la discussion autour du VIH/sida, particulièrement en 2024. «Malgré les avancées dans la compréhension du VIH et du sida, nous constatons encore de nouvelles infections et des décès liés à cette maladie. Bien que les traitements soient disponibles gratuitement à Maurice, le pays enregistre chaque année environ 400 nouveaux cas et près de 300 décès causés par des complications liées au VIH», souligne l’ONG.
Parmi les raisons qui expliquent les nouvelles infections, il y a le manque d’accès aux informations qui provoque une baisse dans la vigilance. Le principal mode de transmission à Maurice concerne les rapports sexuels non-protégés entre hétérosexuels âgés de 25 à 35 ans. De même, de nouveaux cas sont aussi observés chez les personnes plus âgées, donc, ceux qui sont à la retraite et qui s’en approchent.
Depuis le milieu des années 2 000, avec raison, Maurice a concentré ses efforts vers les populations les plus à risque, dont les injecteurs de drogues par voie intraveineuse. Les mesures de réduction des risques, à savoir l’échange de seringues et la méthadone, ont été introduites pour réduire la transmission qui était presque exponentielle à ce niveau et la sensibilisation a été renforcée à ce niveau. Entretemps, la population en général s’est sentie de moins en moins concernée.
PILS souligne l’importance de garantir le respect des droits de chacun tout en menant une lutte déterminée contre les inégalités et les dysfonctionnements systémiques. «Aujourd’hui, ce n’est pas le VIH qui tue, mais la stigmatisation, la discrimination et la peur. Beaucoup de personnes, conscientes de leur statut séropositif, évitent de se soigner pour ne pas subir le jugement de la société. Parfois, il s’agit d’auto-stigmatisation, nourrie par une peur profondément ancrée. Dans d’autres cas, il s’agit d’un rejet réel, accompagné de situations humiliantes, que ce soit au sein de leurs foyers, sur leur lieu de travail ou même dans des institutions, y compris les services hospitaliers.» C’est ce que révèle le rapport The People Living With HIV Stigma Index que lance PILS en ce 1er décembre.
Le VIH/sida reste entouré de nombreuses idées fausses et stéréotypes. L’un des plus courants est de penser que «le VIH concerne les autres et pas soi-même». Pourtant, il est bien établi que le VIH nous concerne tous et que chacun doit faire preuve de vigilance. Cette perception erronée, souvent alimentée par l’ignorance, pousse à croire que cette maladie touche principalement «les autres», renforçant ainsi l'indifférence et le manque de prévention.
Les personnes vivant avec le VIH font face à des défis complexes, notamment la discrimination et la stigmatisation. Ces attitudes négatives conduisent parfois les individus à reléguer leur santé au second plan, par peur du jugement ou du rejet. «Au sein de PILS, nous accompagnons les personnes infectées et affectées, afin de garantir le respect de leurs droits, et de renforcer leur résilience face à ces situations», explique Jacques Achille, responsable de communication chez PILS.
Exposition photographique
Afin d’aider ces victimes du VIH, le département de plaidoyer de PILS intervient sur les dimensions légales concernées. Avec la HIV and AIDS Act, le non-respect des droits d’une personne vivant avec le VIH à cause de son statut sérologique constitue un délit. PILS propose aussi un encadrement psychologique et social pour que ces personnes retrouvent confiance en elles-mêmes et pour qu’elles puissent continuer à vivre en prenant soin de leur santé. Cet accompagnement se fait au niveau de leur Centre de santé sexuel, Nou Vi La/Centre Banian, situé à Port-Louis, qui se veut un one-stop shop pour la prise en charge globale des personnes, regroupant différents services pour répondre aux besoins spécifiques des personnes vivant avec le VIH.
D’ailleurs, le VIH n’est pas une fatalité. Aujourd’hui, une personne vivant avec le VIH peut mener une vie normale et être en bonne santé à condition de suivre régulièrement son traitement. Il est donc crucial de lui offrir un soutien moral, émotionnel et social. Ce soutien aide à combattre le sentiment d’isolement et rappelle à ces personnes qu’elles ont une place importante auprès de leurs proches et dans la société. Soutenir les personnes vivant avec le VIH, c’est également un pas vers l’élimination de la stigmatisation et une avancée vers une société plus inclusive et informée.
PILS souhaite rappeler un message essentiel : «Nous sommes tous concernés et nous avons tous la capacité de changer les choses.» Il est urgent de mettre fin à la peur et aux préjugés alimentés par l’ignorance et la désinformation. En ce 1er décembre, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, PILS dévoile les résultats du Stigma Index, une enquête réalisée par des personnes vivant avec le VIH auprès de leurs pairs. Parallèlement, PILS inaugure une exposition photographique qui illustre les multiples facettes de la stigmatisation et de la discrimination vécues par les personnes vivant avec le VIH.