Les fêtes ne seront pas joyeuses... Pas du tout même. Car, à quelques jours des festivités de fin d’année, l’archipel d’Agaléga passe par des moments difficiles... Le responsable : le cyclone Chido, qui, après son passage sur l’archipel d’Agaléga, dans la nuit du mercredi 11 au jeudi 12 décembre, a mis le pays à genoux. Les images de dévastation interpellent. Les récits des habitants aussi. Ils ont eu chaud. Ils ont eu très peur. Et le nombre de décès, suivant le passage du cyclone à Mayotte et au Mozambique, donne des sueurs froides et font dire aux habitants d'Agaléga qu’ils l’ont échappé belle même si les dégâts sont considérables.
À l'Assemblée nationale, ce mardi 17 décembre, le Premier ministre Navin Ramgoolam, qui répondait à la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition Joe Lesjongard, a déclaré qu’environ 95 % des bâtiments de l’île du Nord d’Agaléga ont été détruits par le passage du violent cyclone qui a balayé l’archipel avec des rafales atteignant jusqu’à 200 km/h et a confirmé qu’il n’y a eu aucun blessé suite à cette catastrophe naturelle. À savoir que la PNQ était adressée au ministre des Collectivités locales mais a été répondue par le chef du gouvernement.
Les dégâts dans l’archipel sont toutefois considérables et le système électrique et des télécommunications n'a pas résisté au passage du cyclone. Selon le Premier ministre, les habitations ainsi que les bâtiments – hôpital et poste de police, entre autres – ont été lourdement touchés. Sur l’île de Sud, 98 % des infrastructures ont été grandement affectés. En sus des dégâts matériels, Chido a aussi causé de nombreuses pertes, notamment en ce qui concerne le stock de nourriture. Suivant le passage du cyclone, 19 personnes qui avaient besoin de soins médicaux ont été transférées vers Maurice à bord d’un avion-cargo indien. La mobilisation s’est vite organisée pour venir en aide aux Agaléens. Les autorités ont ainsi pris les choses en mains. Des travaux de reconstruction sont déjà en cours avec une équipe de la Special Mobile Force (SMF) et du ministère des Infrastructures publiques, qui s’active sur le terrain.
Au Parlement, le chef du gouvernement, a aussi souligné que l’avion Dornier a quitté Maurice les 13 et 14 décembre pour transporter tout ce qui est nécessaire comme le riz, l’eau, la farine, des grains et des équipements, entre autres. De nombreuses personnes et organismes remuent également ciel et terre pour collecter des dons pour les victimes de Chido, à travers les opérations de solidarité qui se multiplient.
Encouragements
Wesley Augustin, 33 ans, un habitant du Village 25 n’arrive toujours pas à réaliser ce que lui, sa famille et les autres habitants ont vécu. «Le mood de la population, du moins la majorité des gens que j’ai croisés, disent qu’il n’y a pas de Noël ni de Nouvel An pour nous cette année. Le coeur n’y est pas. Nou pena kouraz pour fer Nwel, ni lane dan sitiasion ki nou ete. Kan nou get nou lakaz, nou lakour, nou pa trouve kouma nou pou kapav fete. Les villages sont dans un état déplorable... L’électricité a été rétablie et l’eau aussi, heureusement, et on arrive à se débrouiller et la reconstruction se fait petit à petit», nous confie le jeune homme.
Il a été très secoué par cette expérience : «Je n’ai jamais vécu ce qui est arrivé. On s’attendait au passage du cyclone mais pas à ce qu’il soit si violent et qu’il vienne bouleverser autant nos vies et nous mettre ainsi à terre. Quand on voit ce qui s’est passé à Mayotte et au Mozambique, on se dit qu’on a été protégés par la main de Dieu. Quand les choses s’étaient calmées après le passage du cyclone, quand j’ai réalisé l’ampleur des dégâts et avec l’absence de communication entre les deux îles, je pensais vraiment qu’il y avait des victimes. Mais quand on a pu faire le constat, on a appris qu’il n’y avait pas de morts. Dieu merci, on a été épargnés. Je pense aux habitants de Mayotte et de Mozambique dans cette épreuve. On aurait pu connaître le même sort et je remercie Dieu pour sa protection.»
Wesley Augustin se dit aussi touché par l’aide que l’archipel reçoit. «Les élans de solidarité nous touchent beaucoup. Pour le moment, l’entraide arrive, de Maurice notamment. La reconstruction des habitations qui ont été les plus endommagées est en cours. Il y a des équipes, dont des membres de la Special Mobile Force, qui sont venues prêter main-forte. L’objectif est de soulager le plus vite possible ceux dont les maisons ont été complètement détruites. Quand on voit cette mobilisation, on se dit qu’on peut arriver à se remettre debout. Quand on voit les Mauriciens et les Rodriguais qui s’activent et font un geste pour nous venir en aide, on se sent soutenus. On passe par des moments très difficiles et les enfants sont traumatisés. L’aide et le soutien qu’on reçoit, nous encourage», nous dit-il, plein d’espoir.
Laval Soopramanien a aussi lancé, à travers I’Association des Amis d’Agaléga, un appel à la générosité pour aider les victimes du cyclone Chido. «Quand j’ai vu les images de destruction dans l’archipel, j’ai pleuré», nous confie Laval qui a entretemps mis le cap sur l’archipel pour apporter son aide aux sinistrés. «Durant la semaine écoulée, on a récolté des vivres particulièrement, des produits alimentaires non périssables pour les acheminer vers l’archipel. Les frères et sœurs des Mauriciens passent par des moments difficiles et à travers notre appel à l’aide, notre cri du cœur, on a vu une forte mobilisation. Cela m’a rendu très fier quand j’ai vu que nous avons pu récolter des dons jusqu’à remplir un container», déclare le Chairman de l'Association des Amis d'Agaléga qui a mal pour l’archipel qui passe, en ce moment, par une douloureuse phase de reconstruction...
L'appel à l’aide d’un peuple en détresse
Un pour tous, tous pour Agaléga. Les élans de solidarité se multiplient en faveur des Agaléens qui se retrouvent meurtris après le passage du cyclone Chido. Des organismes se mobilisent et parmi, l’Association des amis d’Agaléga. En sus des collectes de dons, un compte bancaire (MCB 000442938087) au nom de l’association est aussi disponible. Le diocèse de Port-Louis est aussi solidaire avec l’archipel. L’évêque de Port-Louis, Mgr Jean Michaël Durhône, a envoyé le père Rodin Rabotovao auprès des sinistrés. Pour témoigner de la solidarité financière du diocèse envers les habitants d’Agaléga, Mgr Durhône a décidé de dédier une des quêtes de ce dimanche 22 décembre à la réparation des lieux de culte et autres bâtiments dévastés par le cyclone. Ceux et celles qui le souhaitent, peuvent aider en envoyant leur contribution sur le compte du diocèse de Port-Louis (MCB 000010090975 – en mettant comme référence «Agaléga »). En fin de semaine, Mgr Durhône s’est aussi rendu à Agaléga pour «témoigner de (sa) solidarité à la communauté agaléenne».
Un cyclone qui sème la mort
Il ne les a pas épargnés. Bien que le cyclone Chido ait fait de sérieux dommages à Àgaléga, il n’a toutefois pas fait de victimes. Par contre, il a fait une trentaine de morts et plusieurs blessés dans l'ensemble de l’archipel de Mayotte quand il l'a frappé de plein fouet le samedi 14 décembre. Devant l’ampleur de la situation, le président français Emmanuel Macron a même fait le déplacement dans l’archipel durant la semaine écoulée.
Le Mauricien Yannick Somauroo n’est pas prêt d’oublier cette terrible expérience : «Ce qui s’est passé est très grave. Les Mauriciens et les Réunionnais sont habitués aux cyclones. Du coup, je pensais que ça allait durer deux heures. Je n’avais pas vraiment fait de provisions. La veille, le vendredi 13 décembre, j’avais acheté quelques petits trucs pour tenir jusqu’à lundi. Samedi, on se préparait avec des amis, pour regarder l’élection de Miss France dans la soirée. Et vers 8 heures, le temps a commencé à se détériorer. Et à partir de 9 heures, on a commencé à ressentir du vent. Je n’ai jamais vu un cyclone aussi puissant et intense», raconte notre compatriote qui se remet de ses émotions : «Aujourd’hui, sur Mayotte, tout est détruit. Mon toit a failli s'envoler. J'ai été inondé. Mes parents étaient inquiets. On n'avait plus de réseaux et ce n'est que mardi que j'ai pu leur donner des nouvelles. Depuis une semaine, on n'a pas d'eau. Je vais m'approvisionner dans les puits. Ce n'est pas facile. Je n'ai jamais vécu cela. Il n'y a pas non plus d'électricité. C'est catastrophique. Le centre hospitalier de Mayotte est au bord du débordement.»
Mozambique a aussi souffert du passage de Chido. Une trentaine de personnes sont décédées là-bas et de nombreuses autres ont été blessées, sans compter les énormes dégâts.