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Ses parents : «Nous aurions pu le sauver si nous n’étions pas pauvres»

C’est en juin dernier que l’adolescent a été diagnostiqué d’un cancer des ganglions.

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Jennifer et Bernard, le visage marqué par le chagrin, espéraient voir leur fils guérir de sa maladie.

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La famille Sophie vit vraiment dans des conditions précaires.

La maladie leur a arraché un fils. Mais Jennifer et Bernard Sophie en sont persuadés : celui-ci aurait pu être sauvé s’il ne vivait pas dans des conditions précaires. Scott, lui, s’est battu jusqu’à son dernier souffle pour tenter de vaincre le cancer, poussé par l’envie de sortir sa famille de la misère. Mais le jeune homme s’en est allé…

Scott avait un rêve. Celui de sortir sa famille de la pauvreté. Il espérait devenir un cuisinier et gagner assez d’argent afin de lui construire une vraie maison avec des murs et un toit en béton. Un endroit où ses parents, son frère et ses sœurs seraient à l’abri. Il ne voulait plus qu’ils aillent dormir le ventre vide.

À 15 ans seulement, Scott savait que la clé de cet avenir meilleur se trouvait dans l’éducation. Élève assidu, il aimait lire et écrire, conscient que ça pourrait l’amener loin et changer sa vie. Il était d’ailleurs le seul de la famille à savoir lire et écrire. Avec ses parents, Jennifer et Bernard, il parlait souvent de la maison qu’il rêvait de leur offrir. Il la voyait déjà. Ce serait une demeure toute simple, pas très grande, mais un lieu sûr où ils seraient en sécurité et où ils n’auraient plus à redouter la pluie et le mauvais temps, disait-il.

Mais voilà, le cancer l’a emporté sur la vie. Scott s’en est allé avant de pouvoir réaliser son plus grand rêve. L’adolescent a succombé à une pneumonie mercredi dernier, alors qu’il luttait contre un cancer des ganglions, aussi connu comme le lymphome de Hodgkin. Ce qui a plongé sa famille dans une profonde douleur.

Jennifer, femme au foyer, et Bernard, pêcheur, sont rongés par la douleur et les regrets. Une seule pensée occupe leur esprit : s’ils ne vivaient pas dans de telles conditions, leur fils serait peut-être encore en vie. Depuis plusieurs semaines, et malgré l’extrême misère dans laquelle ils vivent, Jennifer et Bernard remuaient ciel et terre pour pouvoir sauver leur fils. Avec l’aide de Valérie Sénèque, visage aujourd’hui connu de la lutte contre le cancer, Scott devait incessamment se rendre à l’étranger pour se faire soigner. Mais la maladie ne lui a pas laissé le temps. Sa mère est inconsolable. Les yeux gonflés d’avoir trop pleuré, elle reste assise dans un fauteuil pliant rongé, au milieu de l’unique petite pièce en tôle qui lui sert de maison.

Espoir

À l’intérieur, l’air est difficilement respirable et il fait sombre. La pièce, qui est en piteux état, fait office de cuisine, de salon et de chambre à coucher pour le couple et ses deux petites filles Alison et Mélodie. L’environnement y est peu sain. Scott et son frère aîné André dormaient, eux, dans une chambre jouxtant la maison. Les quelques feuilles en tôle fragiles et durement abîmées qui font office de toiture ne les épargnent pas lors des jours de pluie. Les conditions difficiles dans lesquelles Scott vivait et le manque de confort minimum ne l’aidaient pas à aller mieux. La chaleur et l’humidité étaient insupportables. Deux ventilateurs roulaient en permanence pour lui permettre de mieux respirer. Malgré tout, il s’accrochait.

En sus des conditions précaires dans lesquelles ils vivent, Bernard, père de famille, se retrouve dans l’obligation d’enchaîner les petits boulots, quand il en a, en raison de la fermeture de la pêche à la senne pour nourrir sa famille. Avec six bouches à nourrir, les victuailles sont précieuses et la famille se débrouille comme elle peut pour avoir à manger. Elle dépendait de deux pensions : celle du fils aîné André – il est épileptique et a dû subir plusieurs opérations – et celle de Scott.

Depuis la mort de ce dernier, Jennifer n’arrive plus à y mettre les pieds, à voir son lit et ses affaires restées là. Par moment, trop faible pour parler, elle connaît des moments d’accalmie, mais l’image de son fils la replonge immédiatement dans ses cris de douleur et de désespoir. Jamais, s’exclame-t-elle avec peine, elle n’a perdu l’espoir de voir son fils guérir.

Lorsque Scott est tombé subitement malade en juin dernier, ses parents pensaient que c’était juste une petite infection. Ils sont vite tombés des nues lorsqu’ils ont appris que leur garçon souffrait d’un cancer des ganglions. «Il avait du mal à respirer et s’étouffait par moment. Il n’arrivait plus à manger et à marcher. Il était constamment à bout de souffle. Lorsque nous avons remarqué une grosseur auprès de sa gorge, nous l’avons emmené à l’hôpital en pensant que ses glandes avaient gonflé», raconte Jennifer.

L’adolescent subit alors une première intervention chirurgicale qui, selon sa mère, avait pour but d’enlever la grosseur. À l’annonce du cancer de Scott, c’est le choc, mais le couple ne perd pas espoir.

Branle-bas de combat

À partir de l’annonce du cancer de Scott, élève de l’école Mahébourg Espoir, les mois passent et l’état de santé du jeune homme se dégrade. La chimiothérapie le fragilise un peu plus chaque jour et le lourd traitement médical le fait atrocement souffrir. De plus, les conditions d’insalubrité de la maison dans laquelle il vit n’améliorent pas son état. Malgré ses incessantes allées et venues entre l’hôpital et la maison, l’adolescent reste brave et garde le moral. «Il a toujours été quelqu’un de joyeux. Il avait toujours le sourire. Il n’a jamais baissé les bras», déclare son père. Souvent, raconte Jennifer, l’adolescent avait la larme à l’œil : «Un jour, il m’a dit qu’il souffrait beaucoup, qu’il avait mal partout. Je lui ai dit qu’il devait m’en parler, mais il m’a répondu qu’il ne voulait pas que nous nous fassions encore plus du souci.»

C’est il y a un mois, selon Jennifer et Bernard, que le médecin traitant de Scott annonce à la famille que l’état de santé de Scott s’est aggravé et qu’il doit être envoyé à l’étranger. Commence alors, pour les Sophie, un véritable branle-bas de combat pour pouvoir réunir Rs 1 million afin de payer le traitement de Scott en Inde. Un concert est même envisagé avec l’aide du chanteur Zulu. Et la semaine dernière, grâce au soutien de Valérie Sénèque (voir hors-texte), qui accompagnait Scott et sa famille – elle a également déclenché un appel à la solidarité sur le réseau social Facebook –, l’association française Le rêve de Clara, créée par l’ex-footballeur international Robert Pirès, avait pris contact avec la famille.

Pour les Sophie, c’était comme un miracle. L’association proposait de prendre totalement en charge le traitement de Scott à la Réunion. Entre-temps, le jeune homme a été une fois de plus admis à l’hôpital. «On n’arrivait pas y croire. C’était inespéré. On était tellement heureux de savoir que notre fils allait peut-être guérir. Il fallait cependant attendre que son état se stabilise pour qu’il puisse prendre l’avion», nous raconte sa mère.

Mercredi dernier, alors qu’ils devaient aller récupérer le passeport de Scott pour le voyage, Jennifer et Bernard reçoivent un appel de l’hôpital annonçant le décès de leur fils aux petites heures du matin. Pour le couple, le choc est brutal. «Si seulement Scott avait tenu encore un peu, si seulement…» se lamente Jennifer.

Aux funérailles de l’adolescent, qui ont eu lieu jeudi en l’église Notre Dame des Anges, à Mahébourg, ils étaient nombreux à venir rendre un dernier hommage à ce jeune homme qui a su faire preuve de tellement de courage face à une si grande épreuve.

Depuis son décès, ceux qui l’ont connu et ceux qui ont été touchés par son histoire et son combat se mobilisent pour soutenir la famille Sophie et l’aider à sortir de la situation précaire dans laquelle elle se trouve. Ils espèrent tous réaliser le plus grand rêve de Scott : offrir enfin une maison digne de ce nom aux Sophie. Un dernier geste en mémoire d’un garçon parti trop tôt et dont le plus grand désir était de sortir sa famille de la misère.

L’appel à la solidarité de Valérie Sénèque

«Si seulement Scott avait tenu le coup encore quelques jours...» Cette phrase, Valérie Sénèque ne cesse de se la répéter. Depuis qu’elle accompagnait et soutenait Scott dans son combat contre le cancer des ganglions, elle avait fait de la maladie de l’adolescent une bataille et un engagement personnel, en dépit de son propre combat contre le cancer du sein. «C’est Zulu qui m’a appelée, il y a quelques semaines, pour me dire qu’il avait devant lui un couple qui cherchait désespérément de l’aide pour son fils malade. Lors de ma rencontre avec Scott, j’ai été extrêmement touchée et je me suis totalement investie dans cette cause», explique Valérie Sénèque.

Au fil des jours, une amitié s’installe entre Valérie Sénèque et les parents de Scott. Ces derniers décident de lui faire entièrement confiance, n’ayant aucune connaissance des démarches administratives pour les soins médicaux de Scott.

De son côté, Valérie Sénèque lance une page sur Facebook, pour un appel à la solidarité et pour encourager les Mauriciens à faire des dons afin de sauver Scott. Selon elle, l’hôpital et le médecin traitant de Scott ont tout fait pour sauver le jeune garçon dont le cas s’est aggravé il y a trois semaines. Les conditions de vie insalubres dans lesquelles vivait Scott n’étaient guère propices à son rétablissement.

Bouleversée par son départ, Valérie Sénèque se démène aujourd’hui pour réaliser le rêve de Scott, celui d’offrir une maison décente à sa famille. «Malheureusement, Scott est décédé et c’est de la faute de personne. Je ne connaissais Scott que depuis quelques semaines et je garderai un souvenir extraordinaire de ce jeune qui s’est battu avec beaucoup de courage contre sa maladie. Plus rien ne pourra le ramener, mais nous pouvons tous honorer sa mémoire et réaliser son rêve», avance-t-elle.

Depuis le décès de l’adolescent, Valérie Sénèque s’est donc donné une nouvelle mission : offrir une maison à la famille de celui-ci. Ainsi, une première réunion aura lieu aujourd’hui avec l’association Mahébourg Espoir et quelques volontaires. «Nous avons approché plusieurs autres associations et professionnels du bâtiment afin de nous donner un coup de main. Nous allons utiliser les dons déjà reçus, mais nous avons encore besoin d’aide. Ainsi, tous ceux qui souhaitent participer à ce projet à travers des dons de matériel et de meuble, ou à travers des services d’électricité et de plomberie, sont les bienvenus», explique-t-elle. L’appel est lancé.

Pour les dons en argent, les comptes suivants sont disponibles :

MCB (Mahébourg)A/C no. 000442574207

State Bank of Mauritius (Mahébourg) A/C no. 03236200038606 

State Bank of India (Mahébourg) A/C no. 161004920101 

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