L’ancien ministre Etienne Sinatambou, aux côtés de son épouse.
Il y a quelques jours, elle est passée par une terrible épreuve. Victime de menaces téléphoniques et de chantage, elle a pleinement collaboré avec la police pour faire arrêter une bande de malfaiteurs qui l’a menacée de publier des photos compromettantes d’elle sur les réseaux sociaux si elle ne versait pas une somme d’argent ; des images qui n’ont jamais existé. Après une semaine passée sous tension, Sandiana Sinatambou revient sur toute cette affaire qui l’a bouleversée ainsi que sa famille.
Elle ne veut qu’une chose. Que justice soit faite après cet événement qui l’a propulsée en plein cauchemar. Elle, c’est Sandiana Sinatambou, l’épouse de l’ex-ministre Etienne Sinatambou. Son cauchemar commence le lundi 27 janvier 2014. Ce jour-là, une voix masculine au téléphone lui fait des menaces qui lui font l’effet d’un coup de tonnerre. La personne au bout du fil affirme que des clichés d’elle, pouvant nuire à sa réputation, seraient publiés sur le réseau social Facebook et sur YouTube si elle ne leur remet pas une importante somme d’argent, soit
Rs 200 000 par photo. Alors même que ces photos n’ont jamais existé.
«J’étais horrifiée car c’était la première fois qu’une telle chose m’arrivait. J’en ai fait part immédiatement à mon époux. Durant la même journée, un numéro inconnu m’envoyait même des SMS sur mon cellulaire. La personne menaçait de faire publier des photos de moi si jamais on ne lui versait pas la somme de Rs 50 000. Puis, il a fait grimper les enchères, faisant passer le chiffre à Rs 200 000 par photo. Mon mari et moi avons décidé de faire part de toute cette affaire à la police», explique Sandiana, visiblement traumatisée.
Soutenue par son époux, elle essaie tant bien que mal de chasser de sa mémoire les épisodes noirs de ce scénario digne d’un film d’horreur. «Nous avons su assez vite qui était la personne qui se cachait derrière ces messages. Ce n’était nul autre qu’un récidiviste notoire de la région nord de l’île. Un dénommé Clifford Vivien qu’on ne connaît pas. Il a envoyé plusieurs messages, jusqu’à demander à mon épouse de venir au Champ de Mars pour lui remettre la somme demandée. On lui a clairement fait comprendre que s’il voulait avoir l’argent, il fallait que le rendez-vous soit fixé dans un lieu public, soit au Caudan Waterfront. Il ne s’est pas fait prier et a accepté, sans se douter que c’était un piège pour nous permettre de mettre la main sur lui, ce, avec la participation de la police», confie Etienne Sinatambou. L’ex-ministre affirme haut et fort que son épouse a fait preuve d’un courage exemplaire dans sa collaboration avec la police pour faire tomber ses maîtres chanteurs.
Sandiana accepte de servir d’appât le lendemain, soit le 28 janvier, et se rend seule au Caudan Waterfront comme exigé par ses ravisseurs, son mari n’ayant d’autre choix que de rester à l’écart, rongé par l’angoisse, pour que l’opération ne capote pas. «J’ai risqué ma vie pour mettre cette bande à genoux. Je me suis rendue au Caudan avec la boule au ventre et ce, même si la zone avait été sécurisée et que des policiers en civil étaient postés un peu partout pour que l’opération soit un succès. J’avais une peur bleue. Je tremblais à l’idée de servir d’appât pour attirer ces malfaiteurs sur le lieu du rendez-vous du fait que je savais que j’avais affaire à des gens extrêmement dangereux. De plus, celui qui est venu récupérer l’argent était sur le point de m’agresser avec un casque intégral quand il a compris que j’essayais de gagner du temps», relate Sandiana, mère d’une petite fille.
Le plan marche comme prévu et une tête tombe. Celle de Michael Ange Octave. Arrêté par la police, ce récidiviste notoire finit par passer aux aveux et désigne un certain Jean-François Ecroignard comme étant le cerveau de ce coup fourré ayant pour seul but d’extorquer de l’argent à Sandiana Sinatambou. «Ces photos n’ont jamais existé. Toute cette affaire m’a beaucoup affectée, en tant que mère, femme et épouse. D’autant que certains articles parus dans la presse laissaient planer des doutes ou des sous-entendus», se révolte Sandiana.
Arrêté dans cette affaire, Jean-François Ecroignard, ancien journaliste et ancien attaché de presse d’un ex-ministre, a nié les faits qui lui sont reprochés alors que les autres présumés suspects appréhendés l’ont formellement désigné comme étant le commanditaire. Il a été présenté en cour, mais la police a objecté à sa remise en liberté conditionnelle et il a été reconduit en cellule policière jusqu’au 10 février.
Sandiana et son époux, pour leur part, se serrent les coudes pour surmonter ensemble cette dure épreuve, avec leur petite fille. Leur raison de vivre.