Sila Ramlochurn est complètement anéantie depuis le décès de sa fille.
Le présumé meurtrier.
Le couple formé par Deepa et Ashish Takoordyal battait de l’aile depuis plusieurs années. Minée par les dettes, les disputes, l’infidélité, la relation entre les époux était, selon leurs familles respectives, arrivée à un point de non-retour. Mais ils ne s’attendaient tout de même pas à ce que cela se termine par un véritable carnage.
Une rage incontrôlable se serait emparée d’Ashish Takoordyal en ce 9 janvier. La raison : il aurait appris de la bouche de son fils de 13 ans que sa femme Deepa, 33 ans, l’avait emmené au cinéma en compagnie d’un «ami», avant qu’ils n’aillent tous manger à l’appartement de celui-ci. Après quoi, Deepa et son fils seraient rentrés chez la mère de la jeune femme à Holyrood, Vacoas. Suite aux confidences de son fils, Ashish est entré dans une colère noire et a fini par étrangler Deepa. Puis, pour se débarrasser de son corps, il a acheté un grinder et a découpé son épouse pour la faire entrer dans la voiture qu’il avait louée avant d’aller jeter son corps, placé dans des sacs, au fond d’une falaise aux environs de Trois-Mamelles (voir détails en hors-texte).
Arrêté le 25 janvier, Ashish, 35 ans, a fini par avouer la terrible vérité aux enquêteurs. Le cadavre démembré de Deepa a été retrouvé le jour même. Au grand désespoir de Sila Ramlochurn, la mère de la victime, 61 ans, qui avait signalé sa disparition à la police dès le 9 janvier, après avoir reçu un SMS suspect de sa fille disant qu’elle avait rencontré un étranger et qu’elle partait avec lui dans son pays. «Quand j’ai reçu ce message j’ai essayé d’appeler ma fille sur son portable plusieurs fois, mais elle ne répondait pas. J’ai alors pensé qu’il lui était arrivé quelque chose, qu’on l’avait peut-être forcée à envoyer ce message. De plus, ma fille ne serait jamais allée nulle part sans son fils qu’elle aimait par-dessus tout. J’ai alors alerté la police», nous confie la sexagénaire.
Aujourd’hui, Sila ne peut que pleurer amèrement sa fille au destin si tragique. D’autant que Deepa est morte pour rien, affirme-t-elle, car celle-ci n’a jamais eu d’amant. Elle reconnaît qu’à force d’aller porter plainte contre son mari pour brutalités, la jeune femme avait fini par se lier d’amitié avec un officier du poste de police d’Eau-Coulée, qui lui donnait des conseils. Mais selon elle, sa fille n’entretenait pas de liaison amoureuse avec l’homme en question. Contrairement à ce que pensait son époux, qui a fini par la tuer pour cette raison.
Deepa a connu une fin terrible après avoir vécu, selon sa mère, des années d’enfer auprès de son mari. Car l’histoire d’amour entre Ashish et Deepa avait tourné au vinaigre depuis plusieurs, années, à en croire leurs proches respectifs. D’ailleurs, dès le départ, il y a 14 ans, les deux familles avaient des appréhensions concernant leur union, surtout Ragooputh, le père de Deepa, qui était carrément contre car Ashish avait un «mauvais caractère».
Mais les tourtereaux, qui étaient tombés amoureux après s’être rencontrés à l’usine où Atish travaillait comme quality controller et elle comme office clerk, n’ont écouté que leur cœur. Effectivement, au début de leur mariage, tout allait bien dans le meilleur pour la petite famille qui s’était agrandie par la venue d’un fils un an plus tard. Jusqu’à ce qu’Ashish reprenne ses mauvaises habitudes, à en croire sa propre mère Amba Devi Takoordyal. Selon cette dernière, son fils avait recommencé à fréquenter les boîtes de nuit et les maisons de jeu comme il le faisait avant son mariage, et cela provoquait souvent des disputes dans son couple. Du côté de la famille de Deepa, on avance aussi que celle-ci vivait très mal les «nombreuses infidélités» de son époux.
Femme battue
Mais ce sont les problèmes d’argent d’Ashish qui auraient aggravé davantage la situation. Amba Devi reconnaît que son fils était criblé de dettes de jeux et que des personnes louches venaient souvent le chercher à son domicile, au rez-de-chaussée du sien, à Eau-Coulée, pour lui réclamer l’argent qu’il leur devait. «Mon fils était couvert de dettes car il aimait jouer au casino. Mais il venait de s’acheter une Mitsubishi Lancer pour Rs 100 000. Zame li ena kass pu tir rasyon akoz sa mem mo bel fi ti gagn lager ar li. C’est mon époux qui a acheté le matériel scolaire de notre petit-fils pour la rentrée. Ashish, le cadet de la famille, n’écoute jamais lorsqu’on lui parle.»
À chaque fois, Jagdish, le père d’Ashish, l’aidait à éponger se dettes mais depuis quelque temps, les soucis financiers d’Ashish avaient encore empiré. Et c’est Deepa qui payait les pots cassés, selon sa mère Sila : «Ma fille était une femme battue. Ena plin records dan stasyon Eau Coulée. Form 58 osi ena buku. Elle avait un Protection Order car son mari était violent. Elle se faisait agresser à chaque fois qu’elle lui reprochait son comportement. Ils se disputaient souvent lorsque ma fille lui demandait de l’argent pour la maison à chaque fin de mois car elle ne travaillait pas. De plus, ma fille lui reprochait d’avoir des liaisons extraconjugales.»
L’attitude agressive d’Ashish dépassait, selon la sexagénaire, le cadre de son couple car elle a été elle-même, affirme-t-elle, victime de sa «brutalité». Il y a un an, son gendre aurait tenté de la tuer : «C’était le 26 janvier 2013. Il avait subtilisé une copie de la clé de ma maison qui était avec Deepa et s’était caché sous mon lit. Dès que je suis rentrée, vers 23 heures, il s’est jeté sur moi pour m’étrangler. Il savait que j’avais Rs 50 000 sur moi car il avait surpris une conversation entre ma fille et moi dans ce sens. J’ai su que c’était lui car il m’avait bâillonnée en me disant : “Pa krie mama mwa sa”. Par la suite, il m’a relâchée et s’est justifié en me disant qu’il avait de gros problèmes d’argent et m’a suppliée de ne rien dire à ma fille car cette dernière allait le quitter. Ce que j’ai fait.»
Aujourd’hui, Sila regrette d’avoir gardé le silence et de n’avoir pas fait le lien entre les nombreux cas de vol qui ont eu lieu à son domicile et la tentative de vol du 26 janvier 2013 car elle soupçonne aujourd’hui qu’ils ont été commis par son gendre. Elle a, entre autres, perdu des bijoux en or et une somme de Rs 10 000. De son côté, Deepa pardonnait toujours son époux pour ses frasques. «Deepa cédait à chaque fois car son mari lui disait qu’il allait se suicider ou encore qu’il allait changer de vie. Ma fille, qui venait chez moi après chaque dispute, rentrait alors à la maison. Elle le faisait surtout pour son fils», souligne Sila. Selon elle, sa fille «ti tuzur ena leker feb» concernant son couple : «Tout le monde lui disait de quitter Ashish car tout cela allait mal finir un jour. Mais elle refusait, disant qu’il allait changer. De plus, elle disait à chaque fois que son fils allait souffrir de cette séparation.»
Mais les choses se sont finalement terminées dans le sang et les larmes. Laissant les proches du couple dans une terrible détresse. La famille d’Ashish ne veut même plus entendre parler de ce dernier. «Akoz la koler ki kapav Ashish inn fer tou sala. Ce qu’il a fait est impardonnable. C’est pourquoi nous n’allons pas retenir les services d’un avocat pour le défendre. Deepa a beaucoup souffert à ses côtés. Je suis très triste», regrette sa mère Amba Devi. Aujourd’hui, un enfant de 13 ans pleure sa mère tuée par son père qui risque de passer plusieurs années en prison. Un enfant à l’avenir sombre et incertain.
Ashish rongé par des remords
Il regretterait ce qu’il a fait, selon une source policière. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Ashish collaborerait pleinement avec les enquêteurs. L’enquête est menée par la Major Crimes Investigation Team. L’habitant d’Eau-Coulée n’a pas tardé à passer aux aveux le jour de son arrestation, le 25 janvier. Il leur a confié avoir étranglé son épouse après une dispute concernant une liaison extraconjugale qu’elle aurait eu avec un policier.
Il est entré dans une colère noire quand son fils lui a dit que sa mère et lui étaient allés voir le film Dhoom 3 au cinéma, le 5 janvier, en compagnie d’un ami de sa mère, qui n’est autre qu’un policier, avant de se rendre à l’appartement de ce dernier. Ashish n’a pas digéré le fait que son épouse l’aurait trompé avec un autre homme et mêlé leur fils à
cette histoire.
Deepa s’était installée chez sa mère avec son fils depuis le 1er janvier parce que son époux lui avait dit, par SMS, qu’il allait travailler jour et nuit pendant plusieurs jours sans rentrer à la maison, pour avoir assez d’argent afin de payer ses dettes.
Ce n’est que le 6 janvier que la jeune femme et son fils sont rentrés chez eux à Eau-Coulée. Questionné par son père, l’adolescent a fini par dire ce qu’ils avaient fait la veille. Fou de rage, Ashish a alors décidé d’en finir avec Deepa. Dans la nuit du 8 au 9 janvier, il s’est éclipsé de son lieu de travail à Pailles pour se rendre discrètement chez lui. Sa femme et son fils dormaient dans la chambre conjugale. Lorsqu’il a frappé à la porte et que Deepa est venue lui ouvrir, il s’est jeté sur elle pour l’étrangler.
Après son forfait, il a placé le cadavre sous le lit de son fils et a fermé la porte de la chambre à clé avant de repartir à Pailles. Le lendemain matin, il est revenu à la maison et quand son fils lui a demandé où était sa mère, il lui a dit que celle-ci lui avait envoyé un SMS pour lui dire qu’elle l’avait quitté pour un Français. Peu après, Ashish a pris la route avec son fils dans une Nissan verte louée pour se rendre dans un hypermarché à Phoenix afin d’acheter un grinder. Il a justifié cet achat vis-à-vis de ses proches en disant qu’il allait rénover la salle de bains et refaire le carrelage. Sur le chemin du retour, il a déposé son fils dans une librairie à St-Paul et lui a demandé de s’acheter un livre avant de rentrer chez lui. Sur place, il a découpé le corps de sa femme à l’aide du grinder et mis le tout dans des sacs avant d’aller balancer le corps dans une falaise près de Trois-Mamelles.
Il précise que personne n’a prêté attention à ce qu’il faisait car un de ses voisins faisait également des travaux à son domicile en se servant d’un grinder. Peu après, il a récupéré son fils à la librairie. Le lendemain, père et fils sont allés nager à Flic-en-Flac. Comme si de rien n’était.