Marc et Christine envisagent de réclamer des dommages.
Marc et Christine sont révoltés. Leur fille a perdu son bras droit dans un accident impliquant un jeune homme qui aurait pris le volant sous l’influence de l’alcool et sans être détenteur d’un permis de conduire. Qui plus est, les parents de ce dernier, affirment-ils, auraient tenté d’acheter leur silence. Ce que les personnes concernées nient. Témoignages.
Rogne. Mépris. Rancœur. Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire ce que ressentent Marc et Christine. Ces habitants de Beau-Vallon sont très remontés depuis que leur fille de 14 ans a perdu son bras droit dans un accident, le dimanche 26 janvier, vers 1h30.
Le soir de l’accident, la jeune fille et sa sœur, âgée de 16 ans étaient invitées à l’anniversaire de leur oncle Bernardo, un habitant de Souillac. Ce dernier avait organisé une petite fête au domicile d’un ami qui fêtait, lui, ses 18 ans. C’est sur le chemin du retour que l’accident s’est produit, à proximité de l’église St-Jacques, à Souillac.
Alors que les deux adolescentes s’apprêtaient à se rendre chez leur grand-mère à pied, Julien Martial, 20 ans, leur aurait proposé de les y conduire à bord de son 4x4. La tante maternelle des deux jeunes filles et une autre adolescente se trouvaient aussi dans le véhicule. En chemin, le conducteur aurait d’abord déposé un ami à Riambel avant de continuer sa route.
Selon le témoignage des filles qui se trouvaient à bord du 4x4, Julien Martial roulait très vite. Elles lui en auraient, précisent-elles, fait la remarque, mais le jeune homme aurait appuyé davantage sur la pédale. C’est là que le tout-terrain a dérapé, avant de s’écraser contre un mur. Le choc a été d’une telle violence que l’adolescente, qui se trouvait sur le siège situé juste à l’arrière du conducteur, a eu le bras droit arraché.
Après l’impact, Julien Martial aurait pris la fuite et sollicité l’aide de sa mère. La raison évoquée par les adolescentes : le jeune homme était sous l’influence de l’alcool.
Trop tard
Livrées à elles-mêmes, les jeunes filles ont été transportées à l’hôpital de Rose-Belle à bord de la voiture d’un volontaire. Contactés par Bernardo vers 1h45, Marc et Christine ont eu un terrible choc en arrivant à l’hôpital. «J’ai su que ma fille avait perdu son bras lorsqu’il a fallu signer la fiche autorisant une première intervention chirurgicale. Mo frer ti zis dir mwa ki lame mo tifi inn koupe, me pa ampute», se lamente Christine.
Entre-temps, Isabelle, la mère de Julien Martial, a été interrogée par la police. Elle a d’abord déclaré qu’elle était au volant du 4x4 impliqué dans l’accident, avant de revenir sur sa déposition, le mardi 28 janvier. Ce jour-là, elle a avoué que c’est bien son fils qui se trouvait au volant du véhicule. Ce dernier a, par la suite, été appréhendé par les enquêteurs. Il a comparu en cour peu après et a été libéré après avoir fourni une caution de
Rs 30 000. Une charge provisoire de coups et blessures involontaires pèse sur lui.
De son côté, Marc se révolte du fait que le bras de sa fille a été retrouvé à 100 mètres du 4x4, une heure après l’accident. «À ce moment-là, il était déjà trop tard pour tenter une quelconque intervention. Ma fille a toutefois subi une opération quelques heures après l’accident pour sauver ce qui lui reste de bras», confie-t-il tristement.
Le calvaire de Marc et Christine était pourtant loin de se terminer. «Les parents du garçon nous ont proposé un arrangement pour ne pas aller de l’avant avec la poursuite. La mère nous a dit que le 4x4, qui appartient à son mari, était couvert par une assurance tous risques et que la compagnie allait nous dédommager. En échange, il fallait que ma fille déclare que c’est la mère de Julien Martial qui était au volant et non son fils. Cela, parce que ce dernier n’avait pas son permis. Je lui ai exprimé ma colère en lui disant que l’argent n’allait pas rendre un bras à ma fille», raconte Christine. Le soir du drame, poursuit-elle, la mère du conducteur aurait prié les adolescentes de garder le silence sur l’identité de ce dernier.
Marc, pour sa part, lâche, en colère : «Sa kalite dimoun la pa gagn drwa kondir enkor sa. Ce garçon est un véritable danger public.» De la colère, il en a contre le conducteur du 4x4. Car, dit-il, sa fille, qui était en Form III, avait tout pour réussir dans la vie : «Elle rêvait de devenir policière. Mais ce rêve a été brisé. Elle était aussi très sportive. Elle prenait des cours de Zumba et elle et moi faisions de la musculation pour garder la forme. Ma fille était aussi une fashionista. Elle ne portait que des vêtements griffés et suivait la mode.»
Aujourd’hui, le monde de cette adolescente s’est écroulé. «Il y a des jours où son moral est au plus bas et d’autres où elle semble aller mieux. Les jours à venir ne seront pas de tout repos non plus car elle devra subir d’autres interventions. C’est pour cette raison qu’on compte réclamer des dommages», avance Marc.
Contacté au sujet de l’accident, Julien Martial a avoué ne détenir qu’un «learner». Toutefois, précise-t-il, sa mère n’a jamais menacé les adolescentes, ni proposé de l’argent à Marc et Christine. Il s’est refusé à d’autres commentaires, arguant qu’une enquête est toujours en cours.