Au troisième trimestre, les inconforts physiques reprennent de plus belle, ce qui affecte encore une fois le désir sexuel et la fréquence des relations sexuelles de nombreux futurs parents. Parmi ces inconforts, il y a : fatigue, lourdeur générale et gastrique, un essoufflement, de l’œdème, des varices vulvaires ou vaginales, des hémorroïdes, des crampes utérines plus fréquentes et parfois inquiétantes, des maux de dos, de l’insomnie entre autres !
De plus, l’orgasme chez la femme serait plus lent à obtenir et moins intense au cours du dernier stade de grossesse. Cela s’explique notamment par une vasocongestion vaginale qui est permanente à ce stade-là. Une autre observation est que, malgré l’atteinte d’un orgasme, la sensation de tension sexuelle peut ne pas disparaître complètement car la baisse de la vasocongestion (engorgement sanguin) s’effectue très lentement, surtout chez les femmes qui ont déjà eu des enfants. Pendant l’orgasme, des jets de lait sortant des mamelons sont parfois observables, ce qui peut surprendre quand on ne s’y attend pas.
Les inconforts physiques et la moins grande mobilité de la femme enceinte diminuent donc bien souvent le plaisir de faire l’amour. Se voir avec une grosse bedaine, rouler pour embarquer dans le lit cela est suffisant pour freiner les élans sexuels de plusieurs. Il en est de même pour le sentiment d’indécence que ressentent certaines personnes lors d’une relation sexuelle, en pensant au bébé qu’ils imaginent «témoin» des rapports sexuels. Plus la date de l’accouchement approche, plus la femme est susceptible de vivre certaines anxiétés, souvent partagées par le conjoint. Les plus fréquentes sont : les préoccupations financières, la peur de l’accouchement, la peur d’accoucher prématurément et la
peur de blesser le bébé. Pourtant, s’il n’y a pas de contre-indication médicale, il n’y a pas de danger à poursuivre une vie sexuelle active jusqu’à l’accouchement. Toutefois, les valeurs et les façons de voir l’expression de la vie sexuelle pendant la grossesse peuvent varier considérablement selon les cultures. Dans certaines cultures, les couples cessent toute activité sexuelle pendant la grossesse alors que, dans d’autres, c’est tout le contraire.
Un autre élément qui peut altérer le désir sexuel est l’image de la femme qui devient associée principalement à son rôle maternel. Le fait de ne pas se sentir sexy peut éteindre le désir de la femme, surtout si cette dimension contribuait beaucoup avant à l’émergence de son désir. Le partenaire peut également avoir de la difficulté à érotiser la femme enceinte, qui est en quelque sorte l’antipode de la femme sexuelle. Avec l’ascension de la pornographie et les images très sexualisées des femmes dans les différents médias, cette difficulté à érotiser la femme enceinte ne peut que s’accentuer à mon avis. Mais il ne faut pas oublier une chose, faire l’amour peut se faire de différentes manières. Et c’est d’ailleurs ce qui est beau là-dedans, cette capacité qu’a l’être humain de pouvoir renouveler son vécu sexuel et de le teinter au gré de ce dont le couple se nourrit. Faire l’amour pendant la grossesse peut être justement l’occasion de contacter tout l’amour que l’on a l’un pour l’autre et pour cette complicité qui nous unit d’attendre un enfant. La sexualité peut être moins animale, mais plus intense émotionnellement, plus douce, plus lente, plus romantique, plus sensuelle… Il s’agit de s’ouvrir à vivre autre chose plutôt que de rester centré que les limites.