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Dorine Chuckowry : «Je pardonne à mes agresseurs»

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Selon elle, les deux suspects «ne sont pas des criminels».

Elle a été menacée, agressée et kidnappée mardi dernier. Et moins de 24 heures après les faits, la police a procédé à l’arrestation de ses agresseurs. Dorine Chuckowry revient sur sa mésaventure et assure ne pas en vouloir à ses bourreaux.

Sa réaction peut surprendre, mais elle assure : «Je pardonne

à mes agresseurs.» Dorine Chuckowry, adjointe au maire de Port-Louis, a été agressée le mardi

17 décembre, aux environs de

20 heures. Les suspects dans cette affaire, les frères Sayad et Naushad Abedeen, ont, eux, été arrêtés le lendemain, grâce aux images des caméras de surveillance installées dans la capitale. Les deux habitants de Vallée Pitot sont passés aux aveux et font l’objet d’une charge provisoire de vol avec violence.

Dorine Chuckowry, de son côté, revient sur les circonstances de son agression : «Je sortais d’une rencontre à la mairie. J’ai arrêté ma voiture à proximité de la State Bank of Mauritius car les feux étaient passés au rouge. J’écoutais de la musique pour ne pas m’endormir au volant lorsque deux inconnus ont ouvert les portes de ma voiture. L’un d’eux a sorti un cutter et ma dit : ‘‘Roule sinon mo pik twa’’.» Paniquée, Dorine Chuckowry a tenté de prendre la fuite. «J’ai ouvert la portière. L’un des suspects m’a alors agressée avec une arme tranchante. Il m’a blessée au pouce droit. Je n’ai pas réussi à m’échapper. Le plus jeune s’est montré très agressif et m’a ordonné de rouler. Lorsque j’ai repris la route, il m’a tenu la main gauche et m’a placé le cutter sous la gorge. Je lui ai alors demandé où aller. Il m’a répondu : ‘‘Roule ou’’. J’ai pris la direction de l’autoroute», poursuit-elle.

Selon Dorine Chuckowry, le plus âgé de ses agresseurs est, lui, resté calme au moment des faits. «Il m’a dit : ‘‘Pa per, nu pa pu viol ou. Nu pa pu fer ou dimal. Nu pa pu touy ou. Nu pu zis koz ar ou’’.

Il m’a rassurée», souligne-t-elle. Et d’ajouter : «En route, je leur ai dit que j’allais m’arrêter à Bell Village, à proximité d’Emcar. Car mon pouce saignait beaucoup. Le plus jeune a alors retiré ses chaussettes pour me faire un bandage. Son frère et lui m’ont ensuite expliqué qu’ils étaient marchands ambulants, qu’ils ne travaillaient pas, qu’ils avaient une famille à leur charge. Ils m’ont aussi dit avoir besoin d’argent pour se droguer.»

Après des confidences d’une quinzaine de minutes, l’atmosphère se serait détendue. «Je pense qu’ils savaient que j’étais adjointe au maire», précise Dorine Chuckowry. Formée en Counselling, et rectrice d’un collège privé de Port-Louis depuis trois ans, cette dernière aurait rassuré ses bourreaux : «Je leur ai fait comprendre que ce n’est pas la faute à la mairie si les marchands ambulants ne peuvent opérer comme ils le souhaitent, étant donné que le gouvernement a repris le dossier en main. J’ai su garder mon sang-froid. Au cas contraire, j’aurais pu y laisser la vie», confie Dorine Chuckowry.

«Ils se sont excusés»

Du sang-froid, elle en a eu. Mais Dorine Chuckowry a aussi éprouvé de la pitié à l’égard de ses agresseurs. «Il y avait de l’argent dans mon sac à main : trois billets de Rs1000 et Rs 850. Je leur ai donné cette somme. Ensuite, je leur ai demandé s’ils en voulaient encore mais ils ont refusé et ont quitté la voiture. Ils se sont excusés de m’avoir fait du mal. Et de mon côté, je leur ai dit que je n’allais pas les dénoncer à la police», explique-t-elle.

Une fois les malfrats partis, Dorine Chuckowry a tenté de reprendre la route, en vain. «La batterie de ma voiture avait lâché», raconte-t-elle. Et de poursuivre : «Je suis alors sortie pour faire de l’auto-stop. Je suis tombée sur un motard de la police à qui j’ai raconté ma mésaventure. Les deux suspects, eux, marchaient toujours. Le policier m’a alors demandé si c’étaient bien eux mes agresseurs. Je lui ai répondu : ‘‘Non’’. Le policier a alors fait appel à ses collègues qui m’ont transportée à l’hôpital où on m’a mis six points de suture.»

Aujourd’hui, l’adjointe au maire

est d’avis que cette «expérience traumatisante» n’est pas un hasard. Bien que ses fils soient «traumatisés» et son époux «bouleversé», Dorine Chuckowry a décidé de pardonner à ses agresseurs : «J’ai échappé à la mort. Dieu en a voulu ainsi. C’est pour cette raison que je pardonne à mes agresseurs. Je ne suis pas rancunière. On ne peut mettre tout le monde dans le même panier. Les deux hommes ne sont pas des criminels. Ils sont victimes des fléaux de la société.»

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