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Ces petits génies des écoles ZEP

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Il fait la fierté de l’école de Roche-Bois.

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«Quand on veut quelque chose on peut l’avoir. Il faut juste beaucoup travailler» , dit cet ex-élève de l’école de Bois des Amourettes.

Deux écoles de la Zone d’éducation prioritaire – qui enregistre généralement un faible taux de réussite aux examens de fin de cycle primaire – sont sorties du lot cette année. Rencontre avec deux élèves pas comme les autres !

Yann Jasmin : la force tranquille

Pas d’exaltation, ni d’euphorie. Juste un petit sourire, vite fait, bien fait. Car Yann Jasmin est un grand timide. Et bien qu’il soit sous les feux des projecteurs depuis mercredi dernier, jour de la proclamation des résultats du CPE, pour lui, qui en ce jeudi après-midi a décidé de faire une petite virée à vélo dans la localité, la vie suit son cours normal.

Pourtant, il a toutes les raisons du monde de laisser éclater sa joie puisque, bien qu’étant un élève d’une école ZEP (celle de Roche-Bois), Yann a pu se distinguer en décrochant 4 A+ et 1 A, un très bon résultat qui lui permettra de poursuivre ses études l’année prochaine, sur les bancs du collège Royal de Port-Louis. «Je suis satisfait», nous répond-il lorsqu’on lui demande ce qu’il pense de ses résultats, avant d’ajouter qu’il avait beaucoup travaillé pour y arriver : «J’ai fait des efforts, j’ai appris mes leçons et j’ai passé mes examens.»

Entouré de sa mère Lisebie, 47 ans, femme au foyer, de sa grande sœur Rebecca, 19 ans, et de son petit frère Ruben, 9 ans, devant leur modeste chez eux à Roche-Bois, Yann ne comprend pas forcément toute l’agitation qu’il y a autour de lui : «Je sais que c’est rare qu’un élève d’une école ZEP ait de tels résultats, mais je trouve que n’importe qui peut avoir de bons résultats s’il fait des efforts. L’école qu’il fréquente n’y est pour rien.» Il en est d’ailleurs la preuve vivante : «Je voulais obtenir un bon collège. Je pensais au collège John Kennedy mais le collège Royal, c’est formidable.»

Ce n’est que depuis le second trimestre que Yann a rejoint l’école ZEP de Roche-Bois : «Avant, je fréquentais l’école Osman Peerun à Médine-Camp-de-Masque.» C’est dans ce petit village de l’est du pays, plus précisément dans le district de Flacq, qu’il a fait toute sa scolarité avant de déménager, il y a quelques mois. «Comme son père et moi nous nous sommes séparés, on a bougé pour venir s’installer à Roche-Bois», explique Lisebie.

Mais comme Yann «n’est pas un enfant difficile», il s’est vite adapté à son nouvel environnement. «Je ne me suis pas senti perdu», nous dit celui qui a su trouver ses marques, que ce soit dans sa nouvelle maison, dans son voisinage ou encore dans sa nouvelle école : «C’est vrai que j’ai été triste de quitter mon école, mais je me suis vite fait de nouveaux amis.»

À Médine Camp-de-Masque ou à Roche-Bois, Yann, qui dit «aimer le système actuel du CPE» parce que «c’est bien comme c’est», n’a toutefois pas changé ses habitudes. Ses meilleurs compagnons dans la vie – depuis toujours, souligne sa grande sœur –, ce sont ses livres. «Il a toujours le nez fourré dans ses notes», précise Rebecca. Pour Yann, lire et apprendre, c’est tout simplement «normal» : «On va à l’école pour apprendre. En classe, je suis attentif. Quand je rentre à la maison, je fais mes devoirs et c’est tout.»

Pour lui, dit-il, pas de leçons particulières à outrance, pas de stress et encore moins de la pression : «J’aime apprendre.» Ses matières préférées à l’école sont «les sciences et l’histoire/géo car elles m’apprennent beaucoup de choses.» Pour Lisebie, sa maman, Yann a toujours été quelqu’un de réservé mais intelligent : «Il aime s’instruire, lire, écouter et s’enrichir de tout. Et cela, bien que ce soit difficile de tout lui donner.»

Même s’il est un peu «difficile» question nourriture – «Je n’aime pas la chair», souligne Yann – pour sa mère, il est toutefois «un très bon garçon» qui ne lui a jamais causé de problème. Mais que fait-il donc quand il n’a pas ses livres entre les mains ? «J’aime bien la musique et j’adore chanter», nous répond Yann, le plus sérieusement du monde. Et quand on lui demande ce qu’il aime chanter, il réplique d’une toute petite voix : «Je chante de tout.»

Un de ses plus grands projets, c’est d’ailleurs de «devenir chanteur». Mais pas que ça. Yann se rêve aussi en écrivain ou encore en policier : «J’aime beaucoup ce métier.» Même s’il apprécie les vacances, il attend la reprise des cours pour enfin «aller au collège» : «Je suis déjà passé devant le collège Royal de Port-Louis et j’ai pu voir à quel point c’était grand.»

Il s’agit pour lui de continuer son chemin. Mais, en attendant, à l’approche de Noël, il espère voir un de ses plus grands rêves se réaliser. «J’aimerais avoir un ordinateur», dit-il. «Par la grâce de Dieu, j’espère pouvoir le gâter», répond sa mère, les yeux pleins d’amour pour son petit génie.

Sarvish Babooa : vouloir, c’est pouvoir

Objectif atteint ! Si, depuis les petites classes, Sarvish Babooa, 11 ans, décrochait toujours les meilleures notes de sa classe, il ne pouvait en être autrement pour ses examens de fin de cycle primaire. Et depuis qu’il a appris qu’il avait décroché 5 A+ et un 1 A, et qu’il avait été admis au collège Royal

de Port-Louis, il arrive difficilement à cacher sa joie.

«Je suis très content de faire honneur à ma famille, à mon école (NdlR : l’école ZEP de Bois-des-Amourettes) et à mon village», nous confie le petit garçon sous les yeux pleins de fierté de son père Sanjeev, policier affecté à la National Coast Guard, de sa mère Asha, helper, et de sa grande sœur Akshi, 16 ans, étudiante en Form IV à la SSS France Boyer de la Giroday.

Grâce à ses résultats, Sarvish, qui n’a pas la langue dans la poche, se dit aussi heureux de pouvoir démontrer qu’il a pu brillamment réussir à ses examens même s’il n’a pas été à une «star school» : «Quand on veut quelque chose, on peut l’avoir. Il faut juste beaucoup travailler.»

Quand il s’agit de travailler, Sarvish ne tergiverse pas : «Je me suis bien préparé pour mes examens. J’ai pris des leçons particulières et j’ai accordé beaucoup d’importance aux révisions.» Les examens du CPE, il les prépare depuis le début de l’année : «Je suis régulier depuis le premier trimestre. Je repassais souvent sur mes notes, refaisais mes exercices et le tout, c’est de ne pas attendre la dernière minute pour les révisions.» Niveau études, Sarvish, passionné d’informatique a heureusement pu compter sur ses parents. «Sans lui mettre la pression, on voulait qu’il sache qu’il pouvait compter sur nous», explique son père Sanjeev.

Selon lui, il a eu raison d’inscrire son fils à l’école primaire de sa localité : «Il y a beaucoup de personnes ici qui ont préféré choisir une autre école. Mais, pour ma part, je n’ai pas voulu porter de jugement. Bien m’en a pris car, aujourd’hui, mon fils quitte l’école avec de très bons résultats.»

Sarvish, qui aime bien les dessins animés, plus particulièrement Ben 10 – quand il n’étudie pas, bien sûr –, est très emballé à l’idée d’aller au collège : «Je suis content car le collège Royal est une institution de renom. Toutefois, j’aurais aimé partir à celui de Curepipe car Port-Louis, pour moi, c’est quand même loin.»

Quoi qu’il en soit, ce mois de décembre s’annonce festif. Sanjeev et Asha comptent bien gâter leur fils qui a demandé un «bureau» au père Noël, soit un nouvel espace de travail où le petit génie de l’école Bois-des-Amourettes pourra passer des heures et des heures à préparer ses futurs examens où il espère briller… encore !

Le «resit» de la seconde chance : conseils de Peshika qui a obtenu 6 A+

Comme chaque année, les résultats du CPE font des heureux mais aussi des… malheureux. Parmi ceux et celles qui ont eu la chance d’avoir une bonne nouvelle, il y a, entre autres, la petite Peshika Sobrun, 11 ans, ancienne élève de l’école primaire Raoul Rivet. Avec 24 unités, dont 6 A+, c’est au Queen Elizabeth College qu’elle poursuivra sa scolarité : «Je suis très contente de mes résultats mais aussi de pouvoir très bientôt aller à ce collège qui est une très bonne institution. J’ai beaucoup travaillé pour pouvoir concrétiser mon rêve mais aussi celui de mes parents.»

Peshika n’oublie pas pour autant les 1 779 candidats qui auront la possibilité, le vendredi 20 décembre, de passer un examen de repêchage. Selon elle, ceux et celles qui s’apprêtent à repasser leur examen ne doivent pas céder à la pression : «Il faut rester cool, profiter à fond des jours qui restent pour bien se préparer. Et surtout, il faut qu’ils croient en eux.» 

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