L’un des éléments les plus souvent rencontrés chez les couples qui consultent en thérapie conjugale, est l’incompréhension mutuelle vécue par chacun des partenaires. D’ailleurs, le manque de connaissance au sujet des différences entre les hommes et les femmes est bien souvent à l’origine de nombreuses disputes conjugales et contribue à la longue à créer un fossé entre les deux partenaires. Ce facteur entre souvent en ligne de compte dans le maintien des troubles sexuels. Les gens pensent souvent que c’est celui ou celle qui est porteur du symptôme du trouble sexuel qui a le problème alors qu’en réalité, la dynamique relationnelle du couple est fréquemment impliquée dans les causes des dysfonctions sexuelles.
Les hommes comme les femmes se sentent souvent incompris de leur partenaire. Voici un exemple assez représentatif de ce que j’ai entendu à maintes reprises dans mon bureau de consultation et qui témoigne bien de la perception différente que peuvent avoir deux partenaires par rapport à une même situation. Madame dit : «Pourquoi continue-t-il à me toucher les seins pendant que je fais la vaisselle alors que ça fait cent fois que je lui dis que je déteste ça quand je suis occupée à faire une tâche»? Monsieur dit : «Pourquoi me repousse-t-elle à chaque fois que j’essaie de l’approcher alors qu’elle ne cesse de me réclamer plus de marques d’attention ?»
Cette incompréhension mutuelle résulte souvent d’une difficulté à communiquer clairement ses besoins ou à écouter avec attention ce que l’autre exprime. Les partenaires sont souvent si frustrés qu’ils ne s’écoutent plus ou ne se parlent plus. Ils en viennent à n’être centrés que sur leur désir de satisfaire leurs propres besoins. Lorsque les deux partenaires d’un couple ne sont centrés que sur eux-mêmes, ils deviennent adversaires plutôt que complices. Une attitude constructive serait plutôt de faire équipe ensemble pour essayer de trouver un terrain d’entente afin de mieux se rejoindre malgré ces différences. Et plus ceci est tenté rapidement après le début de l’apparition du problème, plus la compréhension mutuelle sera facilitée. Au contraire, plus la dynamique de lutte de pouvoir au sein du couple perdure, plus les partenaires s’éloignent l’un de l’autre et plus leur capacité de faire preuve d’ouverture d’esprit et de souplesse s’amoindrit. Et lorsqu’avec le temps, une distance s’installe et s’incruste solidement, le climat s’alourdit, l’intimité et le plaisir à être ensemble disparaissent graduellement et par conséquent, les risques de rupture s’accroissent.
Cette lutte de pouvoir se manifeste fréquemment au sein de la vie sexuelle qui ne peut, à la longue, que devenir de plus en plus insatisfaisante. Souvent, l’incompréhension vient du fait que les gens comparent leur sexualité actuelle à celle qu’ils avaient au tout début de leur relation. Les hommes disent souvent : «Au début, elle voulait faire l’amour tous les jours et elle ne refusait jamais mes avances. Elle n’avait pas autant d’exigences comme faire des soupers romantiques ou se faire de longs massages…». Et de leur côté, les femmes disent : «Au début, il était plus attentionné avec moi et prenait plus d’initiatives. Il organisait des sorties en amoureux à l’extérieur, il me faisait de bons soupers, il me complimentait tout le temps…»
En effet, au début des fréquentations, les couples vivent souvent une relation teintée de passion où le désir est à son summum. Chacun des partenaires est soucieux de plaire à l’autre et déploie les efforts nécessaires pour conquérir et séduire l’autre. En fait, ça ne leur demande pas vraiment d’effort au tout début, alors que plus tard, c’est vécu comme tel.
Avec le temps, la passion diminue et les amoureux apprennent à se connaître avec leurs défauts et leurs traits de caractère. Parfois, le couple devient famille, ce qui vient ajouter un élément de difficulté pour toute l’adaptation que cela nécessite et les responsabilités qui augmentent. Les différences entre les hommes et les femmes se démarquent encore plus avec le temps et de manière plus marquée avec l’arrivée des enfants parce que les rôles traditionnellement réservés aux hommes et aux femmes ressortent encore plus. Par exemple, l’homme prendra encore plus au sérieux son rôle de pourvoyeur et pourra être porté à augmenter ses heures de travail pour que sa famille ne manque de rien. D’autre part, une femme qui était sur le marché du travail et qui se retrouve en congé de maternité aura tendance à faire davantage de tâches reliées à son rôle de mère de famille et à l’entretien du foyer familial, que lorsqu’elle travaillait. Mais lorsqu’elle retournera sur le marché du travail, il est possible qu’elle sente que son conjoint ne s’implique pas suffisamment dans les différentes responsabilités familiales. Elle peut donc trouver que le partage des tâches n’est plus équitable, vivre un sentiment d’injustice et des frustrations. Si elle est épuisée à la fin de la journée et qu’elle ne s’est pas sentie soutenue par son conjoint, voilà deux bonnes raisons qui peuvent expliquer qu’elle n’ait pas envie de faire l’amour le soir venu.
À suivre…