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Ma vie de «fam rasta»

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Annabelle, Jade, Clairette, Christina et Sandra sont déterminées à se battre pour leur cause.

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Lovena, ici avec ses quatre enfants, ne veut plus être stigmatisée.

Comme une centaine d’autres personnes, elles n’ont pas hésité à descendre dans la rue pour demander la dépénalisation du gandia. Parole à ces femmes qui disent vivre difficilement leur religion, cette herbe étant catégorisée comme une drogue par l’Organisation mondiale de la santé.

Non. Elles ne veulent plus avoir à se cacher pour pratiquer leur «religion». C’est pour cette raison que certaines de ces femmes rastas sont descendues dans la rue, le lundi 25 novembre, pour faire entendre leur voix. Elle étaient parmi la centaine de rastas, regroupés au sein du collectif La voix des rastas, qui ont manifesté pacifiquement au Caudan, ce jour-là, pour demander la dépénalisation du gandia.

Le collectif a également animé une rencontre avec la presse, le jeudi 28 novembre. Le but étant que les autorités prennent une décision s’agissant du gandia. Selon les membres du mouvement rastafari, rien n’a été fait depuis 1999, soit depuis l’année où Kaya est mort après qu’il eut lui-même commencé cette bataille. Pour les rastas, il est grand temps de clarifier la situation les concernant. Selon eux, certains se retrouvent en prison pour avoir consommé du gandia alors que cette plante est intimement liée à leur «religion».

Lovena, 25 ans, femme au foyer, est de celles qui soutiennent le collectif La voix des rastas. Cette habitante de Chamarel, qui est mère de quatre enfants, explique qu’elle pratique le rastafarisme depuis huit ans déjà : «J’ai découvert cette religion lorsque j’ai connu mon mari Jonathan. Nous avons trois fils âgés de 8 ans, 4 ans et 9 mois, et une fille de 6 ans. Nous vivons un véritable drame au quotidien.»

La raison, dit-elle, c’est le gandia. «Gard fatig nu ar la fouy. Il faut que cela cesse une fois pour toutes. Kumie tan sa pu ale kumsa. Nous devons toujours être sur nos gardes. On ne vit pas notre religion comme il le faut. L’autre gros problème auquel nous faisons face, c’est le regard que les autres portent sur nous à cause de nos dreadlocks. J’ai dû me rendre à l’école la dernière fois pour expliquer pourquoi mes enfants en ont. Les dreadlocks font partie de notre culture», soutient Lovena.

Comme elle, Annabelle, 26 ans, vit dans la crainte. Cette Curepipienne dit mener «une vie stressante». «Je suis devenue rasta depuis l’âge de 14 ans. Je suis mariée à un rasta et on a un enfant de 9 ans. Je me fais un sang d’encre à chaque fois que mon mari sort car il risque de ne pas rentrer s’il est pris par la police avec du gandia. On s’en sert pour méditer. Pour nous, le gandia est une une herbe sacrée dont la consommation permet à l’âme de s’élever. Elle est inoffensive. C’est pour cela qu’on demande à ce que sa consommation soit légalisée», explique-t-elle.

«Discrimination»

Les rastas vivent souvent en marge de la société matérialiste. Ils ne se coupent pas les cheveux ni ne se coiffent. Un adepte du rastafarisme est également végétarien et ne consomme pas d’alcool. Jade, 21 ans, est elle aussi membre de ce mouvement. «Je suis née rasta et je pratique cette religion depuis toujours. Je ne comprends cependant pas pourquoi on doit vivre dans l’oppression tous les jours. J’ai toujours eu des problèmes à l’école à cause de mes dreadlocks. Je suis victime de discrimination. J’ai obtenu mon Higher School Certificate mais personne ne m’embauche à cause de mes nattes. A chaque fois, on me conseille de les couper et de faire un brushing. Pourquoi nous fait-on tant de misères ?» s’insurge-t-elle.

Clairette, également âgée de 21 ans, est du même avis que Jade. Cette habitante de Palma parle, elle, de persécution au quotidien. «Ce n’est pas évident de faire le ménage, car on reçoit la visite de l’ADSU trop souvent. Les rastas ne se droguent pas en fumant du gandia car ils considèrent cette plante comme un moyen de méditation et de réflexion spirituelle», souligne-t-elle.

De son côté, Christina, 30 ans, mère d’une fille de 3 ans, soutient également la cause des rastas. Elle pratique elle-même le «rastafarisme» depuis plusieurs années, mais déplore les regards discriminatoires. «Ena dimun per pu asiz kot nu dan bis. Nous ne sommes pas des gens inférieurs. Il faut nous respecter comme nous sommes. Voilà pourquoi nous sommes descendus dans la rue avec nos conjoints respectifs, nos frères et sœurs, pour faire entendre nos voix. Nous voulons être respectés», lâche-t-elle.

Le respect, c’est aussi ce que sollicite Sandra. Cette jeune femme de 22 ans, qui habite Rose-Belle, ne sait pas à quelle porte frapper pour trouver un emploi : «Je suis rasta et j’ai des dreadlocks. Je peine à avoir du travail alors que je suis détentrice d’un diplôme en hôtellerie. La persécution a commencé à l’époque où j’étais au collège. J’ai toujours eu des problèmes à cause de mes dreadlocks. J’ai même eu des soucis à me faire prendre en stage à cause de mes nattes. Cette situation doit cesser.»

Lovena, Annabelle, Jade, Clairette et Christina abondent dans le même sens. Toutes ces femmes ne comptent pas rester les bras croisés. Elles seront présentes au jardin de la Compagnie demain, lundi, accompagnées d’autres membres de leur communauté, pour un autre rassemblement. Un peu plus tard, le mouvement se rendra au bureau du Premier ministre pour y déposer une lettre ainsi qu’une pétition réclamant la dépénalisation du gandia. L’accent sera mis sur l’article 18 de la Déclaration des droits de l’homme qui stipule que c’est une entorse à la loi d’empêcher quelqu’un de pratiquer sa religion librement.

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