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Rajendri Tetapoullay, libérée : «La police a sali ma réputation»

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La jeune femme envisage de poursuivre l’État.

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Elle a passé huit longues nuits en cellule policière pour un crime qu’elle n’a «pas commis». Finalement relâchée, Rajendri Tetapoullay dit être «traumatisée» et est convaincue qu’après cela, sa vie ne sera plus jamais la même. Elle accuse la police de l’avoir harcelée dans le but de lui faire avouer le meurtre de sa belle-mère.

Le 19 novembre 2013 est une date qui restera à jamais gravée dans la mémoire de Rajendri Tetapoullay. Ce jour-là, la vie de cette mère d’une fillette d’un an et demi a basculé suite à l’assassinat de sa belle-mère Panjalay, 71 ans, dont le corps sans vie a été découvert dans sa maison à l’Escalier. Au choc de ce décès tragique s’est ajouté un autre tout aussi brutal. Le lendemain, la jeune femme a été arrêtée pour le meurtre et a passé huit nuits en cellule où elle n’a pas arrêté de clamer son innocence. Les enquêteurs n’ont pas voulu la croire jusqu’à ce que se produise un revirement de situation.

Marday Armoogum, un habitant de l’Escalier, arrêté le mardi 26 novembre dans le cadre de cette affaire, a avoué avoir tué Panjalay Tetapoullay (voir hors-texte). Deux jours plus tard, Rajendri goûtait à nouveau à la liberté, mais sans que la charge provisoire de meurtre qui pèse sur elle ne soit rayée. De plus, des cheveux retrouvés entre les mains de la victime ont été comparés à l’ADN de Rajendri et le résultat s’est révélé négatif. Ce qui tend également à démontrer son innocence. Depuis, elle essaie de se retrouver, mais ce n’est guère facile. C’est une jeune femme «traumatisée» et amère qui s’est confiée à nous.

«J’ai senti qu’on essayait de me viser dès le début, lors de mon premier interrogatoire. Les enquêteurs s’étaient appuyés sur le fait que j’étais seule à la maison avec ma fille ce jour-là et trouvait bizarre que je n’ai entendu aucun bruit. Il y a une explication à tout mais ils se sont contentés des rumeurs propagées par certains voisins disant que je n’entretenais pas de bonnes relations avec ma belle-mère. Et le lendemain, quelques minutes après que le convoi mortuaire ait quitté la maison, on m’a arrêtée. La police a sali ma réputation car, pendant une semaine, j’ai été coupable aux yeux de toute l’île. Même mes proches à l’étranger ont eu vent de cette affaire par Internet et ont appelé pour savoir si c’était vrai», confie Rajendri Tetapoullay qui ne cache pas sa colère.

Rajendri, 35 ans, qui n’a eu de cesse de dire qu’elle était innocente de ce dont on l’accusait, a vécu un véritable calvaire. «La police m’a harcelée pour me faire avouer un meurtre que je n’ai pas commis. Les enquêteurs ont même menacé de me prendre ma fille et de la confier aux officiers de la Child Development Unit», confie la jeune femme, visiblement bouleversée par les récents événements. Malgré cela, elle s’en est toujours tenue à sa version des faits. «Le jour du drame, j’ai fait tout ce que j’avais à faire comme d’habitude. Par contre, je n’ai pas vu ma belle-mère. On s’était parlé la veille et elle avait même gardé ma fille pour que je puisse faire le ménage. Le jour du drame, j’ai balayé la cour et j’ai vu que les portes et fenêtres de la maison de ma belle-mère étaient fermées. Je n’ai pas jugé cela anormal car elle devait aller à Mahébourg pour acheter des cartes prépayées ce jour-là ainsi qu’une table à repasser. Puis, je suis remontée chez moi, à l’étage, où j’ai regardé une série télévisée avant de m’endormir. Ce n’est que vers 17 heures que j’ai entendu tout le tapage qu’il y avait au bas, peu après la découverte du corps de ma belle-mère.»

La question qu’elle n’arrête pas de se poser c’est : pourquoi la police l’a-t-elle arrêtée uniquement sur la base d’allégations alors qu’il n’y avait aucune preuve scientifique contre elle ? «Je portais deux vieilles traces de blessures, l’une au bras et l’autre derrière l’oreille. La police a tenté de les associer à ce meurtre alors que lorsque j’ai été soumise à un examen médical, le médecin a certifié que ces traces de blessures n’avaient rien à voir avec l’affaire. La justice est parfois mal faite car je n’aurais jamais dû vivre ce calvaire. J’ai été arrêtée injustement, puis traduite en cour où une charge provisoire de meurtre a été logée contre moi. Cela, avant de me retrouver en cellule pour huit nuits et neuf jours. J’ai été privée de ma fille. Elle m’a terriblement manqué. Je n’ai rien pu avaler tellement je pensais à elle. Je buvais uniquement de l’eau. Ma mère qui est bonne à tout faire a dû mettre son emploi de côté pour prendre soin d’elle lorsque je n’étais pas là. »

Sans le soutien de ses proches, surtout de son mari Vinaygum, Rajendri concède qu’elle n’aurait pas pu supporter la pression. «J’avais l’impression de devenir folle. Mais quand on est innocent et quand on est soutenu par ceux qu’on aime, on se sent plus fort que jamais. Nous comptons entamer des poursuites pour les préjudices que j’ai subis» lance-t-elle. Elle a retenu les services de Me Rama Valayden dans cette affaire.

La police, pour sa part, nous a fait la déclaration suivante : «C’est une affaire jugée très sérieuse, tout se fait dans la transparence. Toutefois, nous ne pouvons faire plus de déclaration pour ne pas entraver l’enquête qui est déjà en cours.»

Quoi qu’il en soit, Rajendri est marquée à vie par cette très traumatisante expérience et sa vie ne sera plus jamais comme avant.

Jessita Armoogum : «C’est dur de croire que mon mari est un meurtrier»

Il y a quelques jours, Jessita Armoogum (photo), 24 ans, nageait dans un océan de bonheur. Mais depuis que son mari Marday (photo) a été arrêté pour meurtre, mardi, elle se retrouve en eaux troubles. Mais il est difficile pour elle de croire que son mari pourrait être un criminel alors qu’il a toujours été, dit-elle, quelqu’un de doux qui ne s’emporte presque jamais. «C’est très dur à croire qu’il ait pu faire une chose pareille. Il ne m’a jamais frappée. Il est toujours très calme et attentionné. Il n’a pas le profil d’un meurtrier», confie Jessita, qui est mariée à Marday Armoogum depuis sept ans. «On s’était rencontrés à la plage de Blue-Bay et on ne s’est jamais quittés jusqu’à maintenant. Nous avons un fils de 5 ans. Il réclame son père sans arrêt. Il ne sait pas ce qui se passe. Comment lui expliquer vu son jeune âge ?» se demande-t-elle, les larmes aux yeux, avant de revenir sur le jour du drame : «Ce jour-là, mon époux ne s’était pas rendu au travail. Il est resté au lit, puis il est sorti un court moment avant de revenir. Mais depuis le meurtre, il n’est pas allé travailler. Il disait qu’il avait mal au ventre. Et voilà, d’un coup, il a été arrêté.»

Mais qui est donc Marday Armoogum ? Aîné d’une famille de deux enfants (il a une sœur), Marday Armoogum fréquente les bancs de l’école jusqu’au CPE. «Il a commencé à travailler très tôt. Il a appris le métier de mécanicien et c’est ce qu’il fait depuis», confie Jessita. Son seul défaut, selon cette dernière, est le fait qu’il s’absente de son travail quasiment tous les lundis et mardis. Toutefois, avec son maigre salaire payé à la semaine (il touchait Rs 400 par jour), il arrive à faire vivre sa famille. «Pourquoi est-ce qu’il aurait volé de l’argent et tué. La police ne l’aurait-elle pas forcé à avouer ?» se demande-t-elle. Quoi qu’il en soit, l’homme reste en cellule pour l’instant.

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