La victime comptait 35 ans de service à la CNT.
Mantee et sa fille Poonam sont inconsolables depuis ce terrible drame.
Une énième dispute entre Rajmohun Lutchmun et son frère aîné Vijendra s’est avérée fatale pour ce dernier. Il aurait été mortellement agressé par le frère en question ainsi que l’épouse et le fils de celui-ci et a succombé à une fracture du crâne. L’épouse de la victime, Mantee, qui a assisté impuissante à ce meurtre sanglant, revient avec peine sur ce terrible drame qui secoue le petit village d’Ernest-Florent dans l’Est.
C’est une veuve écrasée par la douleur d’avoir perdu son mari dans des circonstances tragiques. Traumatisée d’avoir vu celui-ci être tabassé avec une violence inouïe à coups de sabre et de barre de fer sans rien pouvoir faire contre les agresseurs qui ne seraient autres que le frère de son époux ainsi que la femme et le fils de ce dernier. Un long différend familial qui s’est achevé dans le sang. «Je n’ai rien pu faire pour sauver mon époux», pleure amèrement Mantee Lutchmun. Vijendra Lutchmun, aussi connu comme «Dhana sofer bis», car il était chauffeur à la CNT, est décédé vendredi, au lendemain de son agression. Alors que son frère Rajmohun, 54 ans, sa belle-sœur Rajwantee, 50 ans, et son neveu Rajiv, 29 ans, ont été arrêtés et placés en cellule sous une charge provisoire d’assassinat.
Vijendra Lutchmun allait fêter ses 60 ans le 18 décembre. Mais ce jour-là, les cœurs ne seront pas à la fête, loin de là. Ce sont les pleurs qui résonneront en cette date où toutes les pensées seront tournées vers celui qui est parti tragiquement. Son épouse éplorée nous raconte comment une énième dispute entre son époux et le frère de celui-ci a fini en tragédie. Selon elle, après être rentré à la maison le jeudi 28 novembre, Vijendra lui a demandé de faire bouillir de l’eau : «Il avait mal aux pieds depuis plusieurs jours. Il quittait la maison à 3 heures tous les jours pour se rendre au dépôt de Vacoas où il travaillait. Une vieille dame lui avait conseillé de faire tremper ses pieds dans une infusion de feuilles de tamarin un moment, trois jours d’affilée. Ce qu’il a fait. Jeudi, après avoir fait tremper ses pieds, il a jeté l’eau sous un arbre. C’est alors qu’il a été agressé», raconte Mantee, les larmes aux yeux.
À en croire la veuve en pleurs, son beau-frère, sa belle-sœur et son neveu ont cru que son époux s’adonnait à la sorcellerie en jetant cette eau sous un manguier dans la cour. «L’agression a eu lieu vers 20h30. Tout laisse croire que ma belle-sœur Indira s’était cachée dans un coin de la cour ce jour-là pour épier mon mari. C’est elle qui aurait donné le premier coup à mon époux à l’aide d’une barre de fer alors qu’il lui tournait le dos. Elle a ensuite appelé son époux et son fils en leur disant “vini do zordi osi li p zet dilo emba pie”. Mon beau-frère avait également une barre de fer à la main alors que mon neveu est arrivé avec un sabre. Ils ont roué mon époux de coups jusqu’à le faire tomber par terre», raconte Mantee qui a assisté à toute la scène.
Bien qu’effrayée, elle est sortie de force pour voler à la rescousse de son mari dont les cris se faisaient de plus en plus stridents : «Mon époux était à terre et hurlait de douleur. Il baignait dans une mare de sang. Mais lorsque je suis sortie pour essayer de le secourir et demander des explications, mon neveu m’a donné un coup à la tête. J’ai dû courir m’enfermer dans la maison et cadenasser les portes pour ne pas subir le même sort que Dhana. Je n’ai rien pu faire pour sauver mon époux. Les voisins sont sortis en entendant tout ce boucan mais les trois les ont menacés quand ils ont voulu secourir mon mari.»
Horrifiée par la scène qui se déroulait sous ses yeux, Mantee a appelé sa fille Poonam qui vit à Caroline, dans l’Est afin qu’elle vienne sur les lieux, alors que son fils Chandan, qui est policier et habite à Lucie Roy, était injoignable sur son portable à ce moment précis. Entre-temps, les agresseurs de son époux continuaient à s’acharner sur celui-ci. «Ils ont traîné mon époux sous la varangue de la maison de mon neveu. Dhana avait déjà perdu connaissance, mais lorsqu’ils ont vu qu’il respirait toujours, ils lui ont donné des coups de pied au ventre et au dos. Ce n’est qu’à l’arrivée de la police, mandée sur les lieux, qu’ils ont arrêté.»
L’homme ensanglanté a alors été transporté à l’hôpital de Flacq où il a reçu les premiers soins avant d’être transféré, dans un état comateux, à l’hôpital de Pamplemousses car il souffrait d’hémorragies cérébrales. «Mon époux était sous respiration artificielle», raconte Mantee La victime a rendu l’âme vers 19h15, le vendredi 29 novembre. «Il était méconnaissable sur son lit de mort. Il avait de nombreuses blessures à la tête et des ecchymoses sur d’autres parties du corps. Mo mari inn mor akoz impe dilo», confie tristement Mantee.
Aujourd’hui, en plus de l’immense chagrin causé par la perte de son époux, elle dit vivre aussi dans la peur car elle est désormais seule chez elle. Elle craint le jour où les présumés agresseurs de son époux seront éventuellement libérés sous caution. Car elle est persuadée que le long différend entre les deux familles ne s’arrêtera pas avec la mort de Vijendra. «Mon époux n’était pas en bons termes avec son frère depuis des années. Il en était de même pour les autres membres des deux familles. Mon beau-frère Rajmohun laissait son fils, connu comme une tête brûlée, faire tout ce qu’il voulait. Mon époux reprochait souvent à Rajiv son mauvais comportement et cela dégénérait en dispute.»
Les deux frères ainsi que le neveu habitaient la même rue. Rajiv Lutchmun, qui serait sans emploi alors que son père est entrepreneur en bâtiment, habite une maison située à l’arrière de celle de son oncle Vijendra et ils étaient obligés d’emprunter le même passage pour entrer et sortir de chez eux. Ce qui n’arrangeait pas les choses. Au fil du temps, l’animosité entre les deux familles n’a cessé de grandir jusqu’à finir par une terrible tragédie. Un frère est mort, sa femme est devenue veuve et ses deux enfants sont désormais orphelins de père alors que l’autre frère, sa femme et son fils se retrouvent derrière les barreaux, accusés d’assassinat.
Ils voulaient faire croire à un vol qui aurait mal tourné
Selon nos informations, Rajiv Lutchmun et ses parents auraient tenté de faire croire qu’ils avaient agressé Rajmohun Lutchmun parce que ce dernier serait entré par effraction au domicile de son neveu pour lui voler une grosse somme d’argent, gagnée aux courses le week-end dernier. Raj et son épouse Indira auraient donc entraîné de force la victime sous la varangue de la maison de leur fils Rajiv pour faire croire que ce dernier avait été pris en flagrant délit de vol. Les enquêteurs n’ont cependant pas tardé à comprendre ce qui s’était réellement passé le soir de l’agression, en se basant notamment sur les témoignages de Mantee Lutchmun, l’épouse de la victime, et de leurs voisins.
Un employé très dévoué
Dhana Lutchmun était un employé remarquable, selon sa fille Poonam. Cette dernière explique que son père avait reçu plusieurs récompenses dans le cadre de son travail : «Il a, entre autres, un certificate of merit, des awards pour ses longues années de service. Il avait une bonne conduite et ne s’absentait jamais pour rien. De plus, il jouissait d’une très bonne santé. Hélas, il a connu une fin horrible.»