Perdre un enfant est inimaginable pour des parents. Cette semaine, les Mauriciens ont été bouleversés par le drame qui s’est joué à Chebel et qui a vu la mort de deux petits anges qui laissent derrière eux des parents affligés et meurtris au plus profond de leurs êtres par la douleur. Comment survivre à un tel drame ? La psychologue Véronique Wan Hok Chee répond à quelques questions…
Comment peut-on faire face à la mort de son enfant ?
C’est extrêmement dur. C’est une souffrance que nous ne pouvons même pas imaginer. Pour les parents ayant perdu leurs enfants et plus particulièrement dans ce genre de cas, c’est le monde qui s’écroule. Ils ont assisté impuissants à la mort de leurs deux filles dans des circonstances horribles. C’est un sentiment de révolte, d’injustice, de culpabilité, de désarroi, de désespoir qui les anime. Il y a un désintérêt total pour la vie. Ils ne cessent de se demander pourquoi. Pourquoi eux, pourquoi leurs petites filles, pourquoi ce ne sont pas eux qui ont péri au lieu de leurs enfants. Aucun parent n’imagine ses enfants mourir avant lui. Face à ce drame, la vie n’a plus aucun sens. Les parents tombent dans des dépressions et pensent même à mourir afin de rejoindre leurs enfants tellement la douleur de cette perte est immense.
Est-il possible de faire son deuil quand on perd deux enfants de façon si brutale ?
C’est tout sauf facile mais il est très important de faire son deuil car il y va de la survie des parents. Soit on fait son deuil, soit on ne le fait jamais. Pour les parents, il est impossible d’accepter une telle cruauté. Ils passent par plusieurs phases : le choc, la colère, le déni, la culpabilité. Le deuil se fait en plusieurs étapes. Ils cherchent à trouver des réponses car ils sont rongés par la douleur et ne s’imaginent pas continuer à vivre sans leurs enfants. Le temps, un accompagnement psychologique adéquat, le soutien et l’encadrement de la famille et des proches sont essentiels à la reconstruction des parents. Par contre, les regards culpabilisants, les questions et le jugement des autres peuvent être très perturbants pour eux.
Peut-on se remettre du décès de son enfant et continuer à vivre ?
La perte d’un enfant cause une douleur viscérale qui ne quitte jamais le parent. Chaque deuil est différent car tout dépend de la personnalité du parent, de sa maturité mentale, de son état émotionnel et psychologique, de l’aide, de l’accompagnement et du soutien qu’il reçoit. C’est tout un travail qui prend énormément de temps. Il est extrêmement important d’avoir une prise en charge psychologique, voire psychiatrique des parents pour qu’ils puissent arriver à surmonter ce traumatisme, à rebondir bien que cette douleur sera toujours là, et réapprendre à vivre. Il est primordial que le gouvernement mette en place un service d’urgence capable d’aider les parents qui vivent de tels drames.