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Les jumelles Kayla et Kiara, 8 ans, meurent dans un incendie : L’insoutenable douleur

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Les jumelles et leurs parents, le jour de leur première communion, le 21 septembre dernier.

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La témoignage de la maman des petites a bouleversé l’assistance.

L’île Maurice entière est sous le choc de la tragédie qui s’est jouée à cité Chebel dans la nuit de mercredi à jeudi, dans laquelle deux sœurs ont perdu la vie. Laissant derrière elles une famille complètement anéantie. Témoignages...

Leur souffrance est tellement grande qu’ils ne veulent plus remettre les pieds là où leur vie a basculé. Là où leur existence a viré au cauchemar en l’espace de quelques minutes. Là où leurs petites princesses Kayla et Kiara leur ont été arrachées brutalement dans l’incendie qui a ravagé leur maison à Cité Chebel dans la soirée de mercredi à jeudi, causé vraisemblablement par un ventilateur qui a surchauffé dans la chambre des fillettes.

Il n’a fallu que d’une soirée pour que la vie de David et d’Yvelaine Donald devienne un enfer. Ce soir-là, en rentrant chez elle vers 21 heures, après le travail, Yvelaine a fait cuire des saucisses à la demande de ses filles. Après le dîner, mère et filles ont parlé longuement comme d’habitude avant de se mettre au lit dans leurs chambres respectives. David s’est, quant à lui, endormi devant la télévision. Il s’est réveillé en sursaut autour de 1 heure du matin, alerté par une odeur de fumée, et a tout tenté pour secourir ses enfants, en vain. Et quand les pompiers sont arrivés, il était déjà trop tard. Selon le rapport d’autopsie, les jumelles sont décédées par asphyxie après avoir inhalé de la fumée.

Après le terrible drame et les funérailles déchirantes qui ont suivi, David et Yvelaine Donald, âgés de 29 et 28 ans respectivement, sont partis habiter à Grand-Baie, chez les parents de la jeune femme. Comme pour mettre le plus de distance possible entre eux et le lieu où ils ont perdu ce qu’ils avaient de plus précieux au monde : leurs petites jumelles. «Ils ont dit qu’il ne mettront jamais plus les pieds à Chebel», confie Jenny, la tante de David, écrasée par la douleur. Conchita, la sœur du jeune homme, anéantie elle aussi, pense la même chose : «Mon frère et son épouse n’iront plus là-bas, c’est trop dur pour eux.» C’est dire le degré de souffrance de ces parents qui ont tout perdu d’un seul coup et pour qui l’avenir s’annonce sombre, très sombre sans leurs deux trésors.

Deux trésors, Marie Aurélia Kayla Beverley et Marie Tatiana Kiara Stacey, qui étaient venues illuminer leur vie le 15 juin 2005, à deux minutes d’intervalle, et qui depuis les comblaient de bonheur. David et Yvelaine étaient fous de leurs filles, leur raison de vivre. Ils avaient d’ailleurs décidé de ne pas avoir d’autres enfants pour mieux s’occuper de Kayla et Kiara. Les deux travaillaient dur pour donner à leurs filles, qui fréquentaient l’école St-Enfant Jésus RCA, à Rose-Hill, tout ce dont elles avaient besoin. David possède un bateau et travaille comme skipper à Flic-en-Flac alors qu’Yvelaine travaille chez Rogers. Les Donald formaient une famille heureuse et soudée.

«Pas facile de les enterrer»

«Nous étions très complices. Il est difficile d’accepter qu’elles ne sont plus là. Kiara et Kayla étaient nos deux princesses, notre joie de vivre», a témoigné Yvelaine, la voix complètement brisée par le chagrin, lors des funérailles de ses petits anges, à l’église Sacré Cœur, à Beau-Bassin, jeudi. Un moment d’intense émotion. David, lui, a pu à peine parler tant sa douleur était grande. «Il n’est pas facile de les enterrer», a-t-il lâché avec une tristesse sans nom dans cette église où les jumelles avaient célébré leur première communion deux mois plus tôt, le 21 septembre. Un moment de joie et de partage pour toute la famille qui adorait ces petites filles intelligentes, joviales et gentilles.

C’est d’ailleurs la dernière fois que tous les membres de la famille se sont retrouvés. Après la cérémonie, David et Yvelaine avaient organisé une fête chez Yves, le père de la jeune femme, à Grand-Baie, au bord de la piscine. «Les deux filles étaient radieuses ce jour-là. Elles n’avaient pas hésité à servir les invités elles-mêmes. Mo leker dechiré kan mo pens sa», se souvient Marceline, leur arrière-grand-mère âgée de 76 ans.

Sa douleur est plus qu’immense depuis la disparition tragique des fillettes. D’ailleurs, en apprenant leur décès, elle a failli avoir un infarctus : «J’ai 76 ans. Je suis diabétique depuis 47 ans. J’ai dû subir cinq opérations au cours de ma vie, dont une après un gros problème au cœur. J’ai failli avoir un malaise cardiaque en apprenant le décès de Kayla et de Kiara, la pire nouvelle de ma vie. Dieu aurait dû me prendre au lieu de prendre ces deux-là. Ce qui a été encore plus dur, c’est que les deux cercueils sont sortis de chez moi le jour des funérailles. Je n’oublierai jamais ce moment. J’ai d’autres arrières-petits-enfants mais Kayla et Kiara étaient les deux premières.»

L’existence de Marceline, la grand-mère maternelle de David, ne sera plus jamais la même dorénavant, dit-elle : «Kayla et Kiara étaient les seules qui m’appelaient grand-mère. Elles étaient de très bons enfants. Elles aimaient me faire des câlins lorsqu’elles venaient me voir. Elles avaient toujours un petit cadeau à me donner. Bien souvent, c’était des fleurs. Elles venaient me voir aussi souvent que possible car elles habitaient à quelques mètres de ma maison. On était très proches. Ce vide ne sera jamais comblé. J’ai perdu deux trésors. Il n’y aura plus jamais de fête chez nous. Quand il y en avait auparavant, elles étaient toujours très bien habillées, très chic. Elles portaient aussi des accessoires de mode lorsqu’elles sortaient. Mais le plus important c’est qu’elles apportaient de la joie à leur entourage.»

Attendre Noël

En vacances depuis quelques jours, les fillettes en profitaient pour s’amuser et faire encore plus la joie de leurs proches. Pour l’anniversaire de leur père David, ce jeudi 21 novembre, elles avaient déjà acheté les cadeaux et préparé les réjouissances. Elles attendaient aussi Noël avec impatience comme chaque année. Cette fois, David et Yvelaine avaient prévu d’offrir à leurs petites chéries une tablette tactile chacune, d’autant qu’elles avaient bien travaillé aux derniers examens. «David et Yvelaine étaient très contents. Kayla, qui était plus brillante, avait fait mieux que Kiara qui, pour sa part, est la plus grande de taille. Les deux sœurs avaient pour habitude de s’entraider en tout», se souvient Jenny, la tante de David.

Unies et solidaires, Kiara et Kayla étaient la joie de vivre même. «Elles étaient très affectueuses et très débrouillardes. Nu de ti lamour ki fine ale», regrette James, le parrain de Kayla, les larmes aux yeux. «Notre famille est anéantie. Il n’y a pas de mot pour exprimer notre douleur», ajoute Jenny. Au-delà de son immense chagrin causé par le brusque départ des fillettes, elle regrette amèrement une chose : les commentaires malveillantes des gens après le drame : «Le soir fatidique, David a tenté en vain de venir en aide à ses filles. Des gens ont dû l’empêcher d’entrer dans la maison sinon il serait mort lui aussi. Il y a eu beaucoup de commentaires déplacés qui ont rajouté à notre souffrance. Se ki ti la ki cone kine arive vremem.»

Quoi qu’il en soit, dit-elle, David et Yvelaine, qui a également un jumeau, Yvan, qui vit au Canada, adoraient leurs petites filles et avaient des grands projets pour elles. Ils avaient même déjà commencé à économiser pour financer leurs études supérieures. Le couple, qui est marié depuis huit ans, projettait également de faire construire une maison dans une autre localité. «La maison dans laquelle le drame s’est produit appartient aux parents d’Yvelaine qui sont partis vivre à Grand-Baie. Le couple y habitait temporairement le temps de construire sa maison. Mais ce ne sera pas pour maintenant car ils vont avoir du mal à remonter la pente. Ce sera une terrible épreuve de vivre sans les jumelles», confie Jenny. Les jours, les semaines, les années à venir s’annoncent en effet très sombres pour David et Yvelaine qui regretteront à jamais leurs petits anges venus au monde le même jour et partis ensemble trop tôt.

Adieux déchirants à deux soeurs inséparables

L’église Sacré-Coeur à Beau-Bassin était noire de monde en ce jeudi après-midi pour dire adieu aux jumelles Kayla et Kiara. Plusieurs centaines de personnes s’étaient déplacées pour leur rendre un dernier hommage. La cérémonie religieuse célébrée par les pères Eddy Coosnapen et Alex Macca ainsi que l’équipe sacramentèle de la paroisse était empreinte d’émotion du début à la fin. Les témoignages de leur mère Yvelaine et d’une cousine ont été les moments les plus forts lors de cette cérémonie. Quatre corbillards furent dépêchés pour l’occasion dont un trailer pour transporter uniquement les fleurs. Les deux reposent désormais au cimetière St-Georges à Petite-Rivière.

Les enquêteurs ont du pain sur la planche

La police, les pompiers, et le Central Electricity Board (CEB) ont initié une enquête suite au décès tragique de Kayla et Kiara Donald dans l’incendie de leur maison. Peu après le drame, les officiers du Scene of Crime Office ainsi que les experts du CEB et ceux des Fire Services étaient sur place pour recueillir un maximum d’indices pouvant les aider à résoudre cette affaire. Tout laisse à croire que ce serait un ventilateur qui serait à l’origine du drame. L’engin aurait pris feu après un court-circuit. David, le père des jumelles, a d’ailleurs confié à ses proches avoir vu du feu sortant du ventilateur.

Mais ce n’est qu’à la fin de l’enquête qu’on saura ce qui s’est réellement passé ce jour-là au domicile de la famille Donald, à la rue d’Epinay, à Chebel. À ce stade, les enquêteurs ne négligent aucune piste. Les limiers ont aussi pris note qu’il pleuvait ce soir-là. Selon eux, la maison du couple a pris feu à une vitesse incroyable. C’est pour cette raison que David n’a pu avoir accès à la chambre de ses filles, même si la pièce n’avait pas de porte.

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