Rien que cette semaine, cinq cas ont été rapportés à la police. Ces abus sexuels sont plus fréquents et sont souvent la cause de grossesse précoce chez les adolescentes.
14 ans. C’est l’âge qu’elle avait au moment des faits. Aujourd’hui, l’adolescente de 16 ans a pris son courage à deux mains pour dénoncer l’acte odieux dont elle aurait été victime. Cette habitante de l’Est de l’île a porté plainte pour sodomie au poste de police de sa localité le 28 octobre. Les présumés agresseurs, trois jeunes d’une vingtaine d’années, sont actuellement recherchés par la police. Selon la jeune fille, les faits remontent à août 2011.
Quatre autres cas d’agression sexuelle ont été rapportés, cette fois-ci dans la capitale. Deux adolescentes de 14 et 15 ans ont affirmé avoir eu des relations sexuelles avec leurs petits amis, qui sont recherchés par la police, alors qu’à Vallée-Pitot, une jeune fille de 16 ans a porté plainte pour attouchements sexuels contre un individu qui l’aurait attaquée en plein jour. Le dernier cas concerne une mineure de 12 ans qui a allégué avoir eu plusieurs rapports sexuels avec son oncle qui vit sous le même toit qu’elle. La police s’est lancée à la recherche du présumé suspect.
Pour Vidya Charan, directrice de la Mauritius Family Planning Welfare Association (MFPWA), ces chiffres montrent clairement que l’éducation sexuelle des jeunes et des adultes doit être revue. «L’introduction de l’éducation sexuelle est devenue plus que nécessaire car il y a des activités sexuelles précoces parmi les jeunes qu’il ne faut pas ignorer. Les ados trouvent avec beaucoup de facilité des informations à travers leurs pairs, les médias et l’Internet», explique la directrice de la MFPWA. «Donc, il faut préparer l’enfant à devenir responsable tout en pratiquant l’abstinence jusqu’à l’âge de la maturité. Maintenant, on s’attend à ce que le programme d’éducation sexuelle dans le cursus scolaire soit déployé après l’annonce faite par le ministre de tutelle. Mais il faut aussi éduquer les parents», ajoute-t-elle.
Car selon les observations de notre interlocutrice, beaucoup de familles ne dénoncent pas les cas d’abus sexuel subis par leurs enfants. «Certains parents tentent d’arranger les choses à l’amiable avec le présumé suspect. Ou alors, si la fille tombe enceinte, elle est jetée à la rue. Abandonnée par ses proches, elle l’est aussi, bien souvent, par le père de son enfant à naître», fait ressortir Vidya Charan. Selon les chiffres du ministère de l’Égalité des genres et de la protection de l’enfant, 139 cas d’agression sexuelle sur mineures ont été rapportés de juillet à décembre 2010, contre 302 de janvier à décembre 2011. Alors que pour l’année 2012, 319 cas ont été recensés. Et pour les six premiers mois de 2013, 183 cas ont déjà été enregistrés.
Par ailleurs, en ce qui concerne la grossesse précoce chez les jeunes filles de moins de 17 ans, Vidya Charan avance un chiffre qui donne froid dans le dos : «Le Drop In Centre de la MFPWA a été créé en 2003. Depuis, nous avons accueilli 1 947 filles, dont la plupart étaient enceintes.»