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«Je suis dans un mood de guerrière»

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«Je l’ai tout le temps dit : je n’ai rien à me reprocher», dit la commissaire de l’ICAC.

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Sanjay Bhuckory, l’ex-président du conseil d’administration d’Air Mauritius, et Dan Maraye, l’ancien gouverneur de la Banque, dont les noms ont aussi été cités dans l’affaire du complot allégué.

La commissaire de la commission anti-corruption a été blanchie dans l’affaire de complot allégué contre Nirvan Veerasamy. Sir Victor Glover conclut qu’elle n’a fait que son travail. Réactions…

Elle est d’attaque, dit-elle. Indira Manrakhan, commissaire à l’Independent Commission Against Corruption (l’ICAC), est prête à reprendre demain son travail comme elle l’avait, il y a un mois, précise-t-elle, laissé avant de prendre du recul pour permettre à sir Victor Glover, l’ancien chef juge, d’enquêter sur les allégations de complot qui auraient consisté à faire partir Nirvan Veerasamy, l’ancien directeur général d’Air Mauritius, et dans lequel son nom avait été cité. «Je suis dans un mood de guerrière», nous déclare-t-elle : «Je l’ai tout le temps dit : je n’ai rien à me reprocher. Je crois en une justice divine, je crois dans la justice de mon pays et la conclusion durapport de sir Victor Glover vient confirmer ce que j’avais tout le temps clamé : j’ai bien fait mon job. Après avoir passé ces dernières semaines à beaucoup lire, notamment le dernier livre sur Benazir Bhutto en bonne féministe que je suis, demain, le travail reprend de plus belle.»

C’est le Premier ministre qui avait pris la décision d’ordonner une enquête – qui a duré près d’un mois – sur ce complot allégué pour faire la lumière sur toute cette affaire. Le Conseil des ministres du vendredi 6 mars, dans un communiqué portant le titre : Indira Manrakhan blanchie par le rapport Glover, est formel : «Le gouvernement a pris note du rapport du comité d’enquête présidé par l’ex-chef juge, sir Victor Glover, sur les allégations de complot portées contre Mme Indira Manrakhan et a décidé de le rendre public. Le président du comité n’ayant rien trouvé de répréhensible contre Mme Manrakhan en sa qualité de membre de l’ICAC, celle-ci reprendra son emploi dès lundi prochain.» (Voir des extraits en hors-texte).

Un retour rendu possible à la suite des conclusions du rapport Glover. «Clearly, Mrs Manrakhan was simply doing her job», fait état dans son rapport l’ex-chef juge qui revient sur la rencontre entre la commissaire de l’ICAC, Sanjay Bhuckory, l’ex-président du conseil d’administration d’Air Mauritius et Dan Maraye, l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice, le 16 juillet 2006 au domicile d’Indira Manrakhan.

L’affaire avait éclaté au grand jour le 10 janvier dernier quand l’hebdomadaire Samedi Plus avait publié des extraits d’un enregistrement de la conversation entre ces trois personnalités. L’article du journal évoquait un complot que celles-ci auraient ourdi contre l’ex-managing director d’Air Mauritius pour le faire partir de la compagnie.

Dans son rapport, sir Victor Glover déroule le fil des événements et souligne pourquoi Indira Manrakhan avait invité Sanjay Bhuckory qui l’avait sollicitée pour lui faire part des «révélations» concernant la compagnie Air Mauritius. Il mentionne aussi qu’Indira Manrakhan avait alors cherché conseil auprès de Manish Gobin, ancien Chief legal Counsel de l’ICAC. C’est ce dernier, selon le rapport de sir Victor Glover, qui a conseillé à la commissaire de l’ICAC de recevoir ses invités chez elle et d’enregistrer la rencontre parce qu’elle n’avait pas d’expérience dans le domaine.

Dans ses conclusions, l’ex-chef juge souligne ainsi qu’Indira Manrakhan ne faisait que son travail en recevant Sanjay Bhuckory et Dan Maraye chez elle pour recueillir des informations que ces derniers avaient à lui donner. Il ajoute ainsi : «(…) I can come to no other conclusion that there was no wrongdoing by Mrs Manrakhan in her capacity as member of the Board of ICAC.»

Aujourd’hui, exonérée de tout blâme, Indira Manrakhan confie, sereine : «Je n’avais aucune raison de douter des conclusions de cette enquête. J’étais confiante. Face à ceux qui veulent me mettre des bâtons dans les roues, I must be a fighter car moi, je n’ai qu’une priorité : faire reculer la corruption. Je suis sûre que les officiers de l’ICAC, desquels j’ai eu beaucoup de soutien depuis le début de toute cette affaire, ont maintenant plus de confiance en eux à la lumière des conclusions de ce rapport qui m’innocente.»

Si elle s’est montrée inébranlable depuis le début de toute cette histoire, Indira Manrakhan s’était cependant finalement retirée de l’ICAC à la suite de diverses demandes dans ce sens, notamment de Transparency Mauritius ou encore du comité parlementaire de l’ICAC.

Commentant les conclusions du rapport Glover, Yatin Varma, le président du comité parlementaire, nous a fait la déclaration suivante : «J’ai noté certaines contradictions entre ce qu’il y a dans le rapport et les informations que nous avons eues, nous, au comité parlementaire. On va se rencontrer la semaine prochaine pour étudier le rapport et, à la lumière de nos conclusions, nous ferons une déclaration commune. Tout ce que je souhaite, c’est que l’ICAC puisse travailler en toute sérénité.»

Alan Ganoo, autre membre du comité, déclare : «Il faut maintenant demander une réunion du comité parlementaire le plus vite possible et, par la suite, prendre une décision sur la marche à suivre. Ce rapport ne met pas fin au dossier. Le comité parlementaire de l’ICAC existe sous provision de la loi. Nous devons laisser ce comité décider de la marche à suivre. It’s not the end of the story. Nous avons la compétence pour revoir tout le dossier.»

Au cours de sa conférence de presse, hier, Pravind Jugnauth, le leader du MSM, n’a pas voulu se prononcer sur les conclusions du rapport Glover : «Je ne ferai aucun commentaire pour le moment. J’attends d’abord d’étudier le rapport avant de me prononcer.»

Le leader du MMM, Paul Berenger, a lui qualifié ces conclusions de «choquantes.» : «Je me demande comment un ancien chef juge a pris pour parole d’évangile tout ce qu’Indira Manrakhan a dit. Surtout après que celle-ci a donné quatre versions des faits. Il a ignoré beaucoup de choses qui étaient sur la cassette. De plus, il n’a pas interrogé l’ancien legal adviser de l’ICAC, Me Manish Gobin, qui aurait donné l’ordre à Indira Manrakhan d’enregistrer la conversation. C’est au chef juge de dire pourquoi il a agi ainsi.»

Indira Manrakhan, de son côté, reste digne : «Quand vous n’avez rien à vous reprocher, you come out victorious.» Si Sanjay Bhuckhory , également cité dans cette affaire, nous a fait la déclaration suivante : «La vérité a triomphé», Dan Maraye, par contre, n’a pas voulu faire de commentaire : «J’ai déjà dit ce que j’avais à dire. La vérité se trouve dans une interview que j’ai donnée à un hebdomadaire.» Il fait référence à ses déclarations dans l’édition de Week-end du 18 janvier dernier. Il avait martelé qu’il n’y avait pas de «complot» de sa part. Si Dan Maraye avait confirmé sa présence chez Indira Manrakhan, il avait précisé qu’il n’était pas présent pendant les quarante premières minutes de la conversation. Il avait également «condamné la personne qui a enregistré la conversation en 2006» à son insu.

Sollicité pour une réaction, Rudy Veeramundar, le rédacteur en chef de Samedi Plus, nous a déclaré pour sa part : «On maintient la thèse de complot qui a été ourdi dans la maison d’Indira Manrakhan.» La principale concernée, de son côté, n’en démord pas et étant d’une humeur guerrière, elle est prête pour «d’autres batailles contre la corruption»…

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Portrait d’une dame de fer

Née à Port-Louis, Indira Manrakhan a grandi dans la cour du jardin de Pamplemousses où travaillait son père Teeluckdharry – décédé en 1979 – qui travaillait dans l’agriculture. Sa mère Gowry est aujourd’hui âgée de 90 ans.

Ex-étudiante du couvent de Lorette de Port-Louis où elle a décroché son HSC, elle a, par la suite, fait ses études supérieures à l’université de Maurice et est détentrice d’un BSc en comptabilité et d’un MSc en finance.

Elle a aussi obtenu une qualification de l’Association of Certified Fraud Examiners des États-Unis. Elle a, par la suite, commencé sa carrière au département judiciaire de la Cour suprême avant de bouger, dans les années 70, au ministère des Finances où elle est restée de nombreuses années. C’est en 1996 qu’elle est nommée Head of Investigation de l’Unified Revenue Board, avant de prendre les rênes de l’Economic Crimes Office (ECO) le 24 août 2000.

Le 21 décembre 2001, l’ECO est dissous par le gouvernement d’alors, le MMM-MSM, En mai 2006, elle est la seule femme qui fait partie du nouveau conseil d’administration de l’ICAC. Divorcée, elle a deux fils, un qui est pilote et l’autre avocat au parquet.

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Une histoire qui a fait couler beaucoup d’encre

C’est un hebdomadaire Samedi Plus qui fait éclater l’affaire dans son édition du 10 janvier dernier. Ce journal fait état d’un complot allégué qui est ourdi le 16 juillet 2006 contre Nirvan Veerasamy, alors Managing Director d’Air Mauritius. Selon ce même titre, ce serait Sanjay Bhuckory, alors président du conseil d’administration de la compagnie, Dan Maraye, l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice et Indira Manrakhan, commissaire à l’Independent Commission Against Corruption, qui seraient derrière ce qui serait une stratégie pour faire partir Nirvan Veerasamy.

La rencontre qui aurait eu lieu chez Indira Manrakhan et qui a, semble-t-il, été taped, consisterait à faire l’ICAC enquêter sur des allégations de conflit d’intérêts. Avant d’arriver à Air Mauritius en juillet 2005, Nirvan Veerasamy était directeur d’une compagnie : General Aviation (Mauritius) Ltd (GAM) dont les activités concernent aussi l’aviation. Sanjay Bhuckory, Dan Maraye et Indira Manrakhan auraient voulu incité l’ICAC à enquêter sur Nirvan Veerasamy et tout faire pour qu’il soit trouvé coupable de conflit d’intérêts car étant Managing Director d’Air Mauritius, il ne pouvait pas, d’un point de vue éthique, faire avancer des dossiers qui auraient privilégié sa compagnie GAM.

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Quelques extraits du rapport Glover

Nous publions ci-dessous quelques paragraphes du rapport de l’ex-chef juge:

(g) Of course I am not in a position to affirm who said or did not say what at the meeting. I did obtain expert evidence to prove that, when someone takes material contained in a digital recorder and puts it on a CD, it is relatively easy to do any amount of editing, by deleting certain parts of the text, by placing other parts earlier or later than they appear in the original or by using the “cut and paste” method. I have been struck by the fact that, in at least 2 places, the text which appears on the recording is meaningless or makes no sense. Secondly I cannot believe that the meeting ended as the recording purports to show.

(i) But there is more. The transcript (and the recording) show that when Mr. Buckhory and later Mr Maraye arrived, the usual civilities were exchanged such as “Ki manière, korek, Longtemps pas trouve toi: a pleasure to see you”. But we seem to be made to believe that, when the visitors left, there was not even a “See you tomorrow” and that they were rude to the point of not even saying goodbye to their host.

Conclusion

(d)Clearly Mrs Manrakhan was simply doing her job when she agreed to receive Messrs. Buckhory and Maraye and be given the information they had to impart. It is also clear that she was perfectly right in concluding that what she was told Mr Veerasamy was alleged to have done did not constitute the corruption offence of Conflict of Interest under section 13 of POCA. (…)Finally, no blame can attach to her for taking no further action in the matter other than mentioning it casually to the Director-General, something which, as we have seen, is confirmed by the latter.

(e) I must add one more thing. I had noted that the Parliamentary Committee on ICAC had informed the Prime Minister that it had made its recommendation that Mrs. Manrakhan should step down “after having heard the Director-General relating to certain allegations”. I asked the Director-General about this and wanted to know whether he had said anything to the Committee which was different from the evidence he gave before me. He said he had not but frankly explained that there may have been a confusion. He felt that he had only told the Committee that Mrs Manrakhan did not relate to him the tenour of the conversation at the meeting of 16 July, but that it might be that the Committee had understood him to say that Mrs. Manrakhan had not disclosed the fact of the meeting to him at all.

(f) For all the reasons set out above, I can come to no other conclusion than that there was no wrongdoing by Mrs Manrakhan in her capacity as member of the Board of ICAC.

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