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La tragédie des proches des victimes

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Les enquêteurs n’écartent aucune piste
d’afin d’élucider cette affaire.

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La victime a été agressée par plusieurs personnes.

La police se retrouve avec trois cas d’homicide sur les bras. Si deux d’entre eux ont pu être résolus, le troisième attend toujours d’être élucidé. Alors que les proches des victimes peinent à surmonter leur douleur. Ils témoignent.

Kaushal Soudharry victime d’un acte de vengeance ?

Depuis son agression mortelle, ses proches sont plongés dans la tristesse mais aussi dans le flou. Le corps sans vie de Veena Soudharry, plus connue comme Kaushal, a été retrouvé dans son appartement à Beau-Bassin, mardi, vers 9h45. Cette femme de 42 ans portait plusieurs blessures au cou et à la tête. Le rapport d’autopsie indique qu’elle a rendu l’âme suite à une fracture du crâne et une lacération du cerveau.

L’enquête est menée par la CID de Beau-Bassin et les officiers de la MCIT. Mais à l’heure où nous mettions sous presse, la police n’avait procédé à aucune arrestation. Une source avance cependant que les enquêteurs sont sur une bonne piste.

Ce terrible drame laisse perplexes les proches de Kaushal car ils sont en présence de plusieurs faits troublants. Selon Shenaz, sa belle-soeur, les cartes bancaires de celle-ci ont disparu depuis son agression. D’ailleurs, en raison de cela, ses comptes bancaires ont été tous gelés. Autre fait troublant : il n’y a pas eu d’effraction dans l’appartement de la victime et les bijoux et l’argent qu’elle avait en sa possession n’ont pas été volés. Selon une source policière, l’appartement était également «en ordre».

Pour Shenaz, il ne fait aucun doute que sa belle-sœur a été tuée pour l’argent qu’elle avait à la banque et qui s’élèverait à Rs 2,5 millions. Une somme provenant de la vente d’un autre appartement appartenant à la victime, quelques mois plus tôt. Quoi qu’il en soit, les proches de Kaushal Soudharry veulent que justice soit faite concernant ce drame.

«On est sous le choc. On est tous traumatisés. On est tous bouleversés. On ne souhaite qu’une seule chose : que la police arrête le ou les coupables car nous voulons savoir qui a fait du mal à Veena», confie Shenaz.

À ce jour, les enquêteurs ont interrogé plusieurs personnes. L’une d’elles a déclaré aux limiers que la victime a été vue à plusieurs reprises en compagnie d’un homme les jours précédant son agression mortelle. Mais sa famille n’en sait pas plus. «Kaushal n’avait pas d’ennemi ni d’amant à notre connaissance», confie Shenaz.

Kaushal était célibataire et habitait seule dans un appartement qu’elle louait depuis quelques mois après avoir vendu le précédent. Selon sa belle-sœur, elle a travaillé comme Custom’s Clerk pour le compte d’une compagnie privée pendant une dizaine d’années avant de prendre de l’emploi dans une autre compagnie.

Les parents de Kaushal étant décédés, elle n’avait que son frère Nizam comme parent proche et à en croire Shenaz, l’épouse de ce dernier, les deux s’entendaient très bien. La dernière rencontre entre le frère et la soeur remonte, selon elle, au dimanche 13 octobre. Les deux avaient passé la journée ensemble avant de se quitter vers 17 heures.

Les jours qui ont suivi, Nizam et Kaushal ne se sont pas parlé au téléphone. Le vendredi 18 octobre et le samedi 19 octobre, Kaushal était allée faire du shopping à Cascavelle en compagnie d’un proche en vacances à Maurice. Mais à partir du dimanche 20 octobre, Nizam et les siens n’ont cependant plus eu de nouvelles de la victime.

Le lendemain, plusieurs proches ont essayé de l’avoir sur son portable, en vain. Des membres de sa famille se sont alors rendus à son appartement pour s’enquérir de la situation. C’est alors qu’ils ont appris que Kaushal avait été retrouvée morte.

Elle assiste impuissante au meurtre de son fils

Aujourd’hui, elle regrette amèrement le jour où elle a croisé la route de celui qui a ôté la vie à son fils. Elle, c’est Saida Sookia, âgée de 68 ans, qui pleure la disparition de son fils Ganeshwar Ragoo depuis peu. Pour cause, ce dernier a été tué à son domicile à 7e Mile, Triolet, dans la soirée du mardi 22 octobre par Sylvain Brasse, 48 ans, qui n’est nul autre que le compagnon de Saida Sookia.

Suite à une violente dispute entre les deux hommes, Sylvain Brasse a mortellement poignardé Ganeshwar Ragoo, aussi âgé de 48 ans. Sa mère revient sur les circonstances du drame. «Ils se disputaient parfois. Et ce mardi-là, ils ont eu une nouvelle prise de bec. J’ai même dû solliciter l’aide de la police qui est venue calmer les esprits. Mais les choses se sont compliquées une fois que les policiers sont partis. Dans un excès de colère, Sylvain a poignardé mon fils une première fois au ventre. Je l’ai supplié d’arrêter mais il l’a poignardé une deuxième fois. Mon fils a couru pour échapper à son bourreau et s’est affalé par terre, dans une mare de sang, devant la maison», raconte Saida en pleurs.

L’impossible pardon

Dans le sillage de cette affaire, Sylvain Brasse s’est constitué prisonnier et a confessé son crime. «Je ne pourrai jamais lui pardonner son acte. C’est si dur d’enterrer un enfant», avance Saida Sookia, très accablée par la disparition de son fils. Mère de quatre enfants, elle confie qu’elle a fait la connaissance de Sylvain Brasse il y a deux ans alors que ce dernier cherchait une femme de ménage. «Je l’ai connu par l’intermédiaire d’un ami. Au début, je faisais son ménage contre une somme d’argent. Mais peu de temps après, il a déclaré qu’il m’aimait. Nous avons contracté le nikkah et depuis on vivait ensemble. Notre différence d’âge ne causait pas de problème», précise Saida, les larmes aux yeux.

Aide-camionneur de son état, Ganeshwar Ragoo vivait séparé de son épouse depuis plusieurs années. Celle-ci se trouve à l’étranger avec leur fils alors que leur fille vit à Maurice. «Mon fils était porté sur la bouteille. Mais il ne méritait pas de connaître une fin aussi atroce. C’était un bosseur. On payait le loyer à deux et il m’aidait à joindre les deux bouts. Maintenant qu’il n’est plus là, je vais devoir déménager pour aller vivre chez un proche qui voudra bien m’héberger sous son toit.»

Saida Sookia n’est pas près d’arrêter de pleurer son fils ni de pardonner à son compagnon.

Emraj Seeam tué pour une histoire d’argent

La toile de fond serait une histoire d’argent. Emraj Seeam, un habitant de Rivière-du-

Rempart, âgé de 47 ans, a rendu l’âme le mardi 22 octobre, alors qu’il était admis à l’hôpital de Pamplemousses. L’autopsie révèle qu’il est mort d’une septicémie.

Quelques jours plus tôt, soit le samedi 19 octobre, l’homme ayant la quarantaine, plus connu comme Hem, avait été agressé par quatre individus. Toutefois, à l’heure où nous mettions sous presse, la police avait procédé à une seule arrestation, celle de Vinesh Ramtohul, un habitant de Barlow. «Ma famille a peur des représailles. Les trois complices du suspect sont toujours dans la nature», s’inquiète Sangeeta, l’épouse de la victime.

Dans sa déposition, consignée sur son lit d’hôpital, Emraj Seeam avait raconté qu’il se trouvait dans son champ de cannes à Haute-Rive lorsqu’il s’est fait agresser. Vers 9 heures, le jour du drame, Vinesh Ramtohul lui aurait passé un coup de fil afin de lui demander où il se trouvait.

Dans sa déposition toujours, la victime avait déclaré que Vinesh Ramtohul serait venu la rencontrer sur place, accompagné de trois autres personnes. Emraj Seeam et Vinesh Ramtohul auraient, par la suite, eu une violente dispute à cause d’une histoire d’argent. Quelques jours plus tôt, Vinesh Ramtohul aurait d’ailleurs envoyé un SMS à Emraj Seeam, dans lequel il l’aurait menacé de le tuer. La police a saisi le portable de la victime pour les besoins de l’enquête.

Sangeeta explique, pour sa part, que Vinesh Ramtohul aurait emprunté de l’argent, à trois reprises, à son époux l’année dernière. Le montant devait servir à importer des boucs et des moutons de Rodrigues. Les deux hommes se seraient d’ailleurs rencontrés là-bas lors d’un précédent voyage. Dans un premier temps, Emraj Seeam aurait remis Rs 50 000 à Vinesh Ramtohul. «Ce dernier a signé un document à cet effet. Mon époux lui a donné une deuxième tranche de Rs 50 000 et une troisième de Rs 25 000. Cela, en présence d’une proche mais sans lui faire signer de document à cet effet», explique Sangeeta. Selon elle, son mari a été berné et piégé : Mon époux a été trop crédule. Il voulait se lancer dans l’élevage d’animaux pour joindre les deux bouts car la canne à sucre ne rapportait pas beaucoup.»

«Linn soufer»

Dans sa déposition, Emraj Seeam avait également déclaré que Vinesh Ramtohul l’aurait agressé au ventre avec une seringue et l’aurait roué de coups, avant de prendre la fuite avec ses complices. Blessé, il est tout de même parvenu à saisir son portable pour appeler son épouse. «Linn dir mwa ki Vinesh in bat li apre linn koup telefon. J’ai alors téléphoné à mon fils. Entre-temps, mon époux a cherché de l’aide auprès d’un ami policier. Ce dernier était également au courant que Vinesh devait Rs 125 000 à mon époux», précise Sangeeta.

Le policier aurait alors alerté les officiers du poste de la localité. Ces derniers se sont rendus sur place et ont conduit Emraj Seeam au Health Centre du village, avant de le transférer à l’hôpital de Pamplemousses. «Mon époux a beaucoup souffert. Il avait des douleurs atroces au ventre. Il avait des difficultés à parler. Il avait sombré dans le coma la veille de son décès. Peu avant, il m’avait envoyé un SMS pour me dire qu’il allait être admis à l’unité des soins intensifs après une séance de dialyse. Linn soufer tro boukou. La zourne lundi la ti pir. Linn vomi ek touse. Li pa ti pe kapav koze mem», raconte Sangeeta, non sans peine.

Elle venait de fêter ses 24 ans de vie commune avec son époux. Aujourd’hui, couverte de dettes, Sangeeta ne sait plus à quel saint se vouer. «Mon époux avait contracté un emprunt de Rs 500 000 auprès d’une banque pour financer l’achat d’animaux. Je ne sais pas comment je vais faire pour rembourser ce ‘‘loan’’. D’autant plus qu’il y a les intérêts à payer. Kot mo pou gagn tou sa kas la ? Mes deux enfants suivent des cours à l’université. Mon fils, âgé de 24 ans, étudie la comptabilité et ma fille, âgée de 20 ans, suit des cours de finances. Ils passeront bientôt des examens. Je ne sais plus où donner de la tête.»

Laura Samoisy et Jean Marie Gangaram

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