• Il a été libéré sous caution après huit mois de détention préventive - Vishal Shibchurn : «Mo ena ankor bokou revelasion pour fer»
  • Le nouveau cabinet ministériel à la loupe - Kris Valaydon, observateur politique : «Le chantier est vaste pour le nouveau gouvernement...»
  • Des Junior Ministers «motivés»
  • Moi, ministre pour la première fois, je vais…
  • Au feu, les pompiers… sont enfin là !
  • Mare-Chicose en feu : le calvaire des villageois au bord de l'étouffement
  • 1ers Championnats d’Afrique d’air badminton : Maurice s’offre le bronze en équipe
  • Ruqayah B. Khayrattee met la femme en avant
  • Huawei Watch GT 5 Pro : du premium autour du poignet
  • Donald Trump, sa mission pour «sauver l’Amérique» et les «incertitudes»

Taslima Valayden : «Qui veut la tête de Rama ?»

valyden2.jpg
valyden1.jpg

L’ex-ministre de la Justice et sa femme lors d’une conférence de presse, jeudi.

L’épouse de l’ancien Attorney General crie sa révolte après l’arrestation de ce dernier pour complot dans le but de pervertir le cours de la justice. Pour elle, c’est au contraire son mari qui est victime d’une conspiration en raison de ses multiples combats qui «dérangent certains». Rencontre avec une femme déterminée à soutenir son époux contre vents et marées.

Elle est persuadée d’une chose : quelqu’un, quelque part, cherche à nuire à son époux. Mais qui ? «Qui veut la peau de Rama ?» se demande sans cesse Taslima Valayden depuis l’arrestation de son mari Rama pour complot dans le but de pervertir le cours de la justice. L’homme de loi a été appréhendé, le jeudi 17 octobre, suite aux allégations d’Ahkee Bhikajee, une employée de SMS Pariaz, qui a déclaré à la police que Rama Valayden aurait comploté avec un directeur de cette compagnie, Mahendranath Dindyal, pour qu’elle modifie sa déposition initiale dans l’affaire de corruption alléguée dans le judiciaire qui avait défrayé la chronique récemment (voir hors-texte).

L’ancien Attorney General, qui nie toute implication dans cette affaire, a été libéré après avoir fourni une caution de Rs 20 000 et signé une reconnaissance de dette de Rs 100 000. Mais il est loin d’être sorti de l’auberge, d’autant que la police compte l’interroger sur d’autres affaires également. Pour sa femme et lui, tout cela relève d’un complot visant à lui faire du mal. «Personnellement, je pense qu’il y a quelqu’un qui essaye de déstabiliser Rama. Cette personne cherche à lui faire des coups bas. Il est impliqué dans trop de cas comme l’affaire l’Amicale, où beaucoup de têtes vont tomber. On tente de l’atteindre à travers ces allégations», soutient Taslima Valayden.

L’épouse de l’ancien Attorney General rappelle d’ailleurs que celui-ci fait souvent l’objet d’allégations. Il a 47 cas d’allégations contre lui, dit-elle, en précisant que son casier judiciaire est toutefois «clean». «Je suis très attristée à chaque fois que ce genre de chose arrive. Je lui apporte tout mon soutien et lui donne tout l’amour dont il a besoin dans ces moments difficiles», confie Taslima qui est aux côtés de Rama Valayden depuis plus de 10 ans, soit depuis les émeutes de février 1999, après la mort en détention policière de Kaya. Celui-ci avait avoué avoir fumé du gandia lors d’un concert organisé par le Mouvement républicain, parti lancé par l’ancien ministre et des amis au début des années 1990.

Aujourd’hui, Taslima affirme qu’elle n’a plus confiance en la police. «Je suis une personne qui faisait confiance à la justice mais tel n’est plus le cas maintenant. Il n’y a pas de justice à Maurice. En plis, si avek enn Rama Valayden ki milit pu ti dimun zot inn fer kumsa aster mo demann mwa ki zot fer ek lezot ti dimun ?» s’interroge-t-elle. Elle fait d’autant moins confiance à la police, dit-elle, que les enquêteurs ont refusé de consigner sa déposition selon laquelle elle détient des preuves pour innocenter son époux suite aux allégations d’Ahkee Bhikajee.

Taslima raconte qu’elle s’était également rendue aux Casernes centrales, le jeudi 17 octobre, dans le but de témoigner en faveur de son époux, mais les limiers du CCID, dit-elle, auraient fait fi de sa démarche : «J’ai en ma possession des preuves pouvant innocenter Rama, à savoir des SMS provenant de celle qui l’accuse mais les enquêteurs ont refusé de consigner ma déposition. Ces derniers avaient un seul but : arrêter Rama Valayden et le faire inculper suite à des allégations.»

«Traumatisés»

Tout cela révolte Taslima au plus haut point : «On cherche également à l’atteindre à travers d’autres affaires, à savoir celle de l’assassinat de Denis Fine ou l’affaire Bramer Bank. Pu sa osi nu ena prev. Vous pouvez aller vérifier ; Rama Valayden est le seul avocat qui peut vous donner le numéro de son compte bancaire pour connaître le montant de son argent en banque. Eski ena lot avoka ki kapav fer sa ? Il l’a déjà dit lorsqu’il était Attorney General. Je veux savoir qui est la personne qui est derrière toute cette affaire car ce n’est pas dans nos habitudes de faire du tort aux gens.»

Au contraire, dit-elle, son époux est plutôt connu pour voler à la rescousse de ceux qui en ont besoin. «C’est très triste que quelqu’un qui n’hésite pas à venir en aide aux gens soit traité de cette façon. Il a notamment aidé plusieurs personnes au Parti travailliste mais nul dans ce parti ne l’a appelé pour sympathiser avec lui», regrette la jeune femme.

Selon l’épouse de l’ex-Attorney General, cette situation est très pénible à vivre pour toute la famille : «Nos enfants sont traumatisés. Ma fille, qui fait actuellement le bac, n’en revient toujours pas. Elle n’arrête pas de me dire que cette femme ment, qu’elle est folle, qu’elle dit n’importe quoi. Elle ne comprend pas comment la police l’a crue.»

Car pour les proches de Rama Valayden, à en croire Taslima, celui-ci est au-dessus de tout soupçon. Ce, bien qu’il ait fait l’objet de nombreuses critiques au fil des années, notamment à cause de ses fréquentations parmi lesquelles des clients voleurs, violeurs, drogués ou encore des criminels. De plus, lorsqu’il était Attorney General, ses collègues ministres lui reprochaient régulièrement de trop communiquer avec la presse. On lui reprochait aussi très souvent de toucher à des dossiers qui dérangent.

Quoi qu’il en soit, le natif de Stanley est connu pour être un bosseur. Dès l’aurore, il est sur pied, selon sa femme, pour recevoir les gens qui se bousculent devant sa porte pour solliciter son aide. «Il est proche des plus faibles car il est un homme au grand coeur», précise Taslima. Elle ajoute que son mari n’est pas non plus rancunier car il est capable de serrer la main d’une personne qui, la veille, lui a donné un coup dans le dos.

C’est aussi, confie-t-elle, un homme comme les autres qui fait la vaisselle après le dîner, aime faire du jardinage, raffole du thé, adore regarder le foot anglais en fan des Red Devils alors qu’elle défend les Reds bec et ongles. Un homme de loi acharné, un politicien reconnu même s’il a un peu pris ses distances avec la politique active mais un mari ordinaire une fois qu’il est rentré à la maison, qui adore sa petite famille.

En tout cas, qu’il soit défenseur ou accusé, quelle que soit l’issue de toute cette affaire de complot, Rama Valayden ne laisse pas indifférent… Et ça, Taslima ne le sait que trop bien.

Rama Valayden : «Je suis victime de mon succès»

Arrêté et inculpé pour complot dans le but de pervertir le cours de la justice, l’enfant terrible de Stanley ne compte pas se laisser faire. Il a expliqué pourquoi, selon lui, il a été arrêté : «Je suis victime de mon succès. Je suis victimisé car j’ai osé dire que les quatre condamnés dans l’affaire l’Amicale sont sujets à une grosse erreur du judiciaire dans le rapport “Wrongly Convicted”. Il y a également l’affaire Michaela Harte où mon client a été innocenté alors qu’il y avait des pressions pour qu’il soit condamné. J’allais aussi prendre position contre la nouvelle carte d’identité nationale. J’ai également soutenu les pêcheurs ainsi que les policiers. Pas plus tard que le 10 octobre, j’avais émis un communiqué, adressé à tous les policiers, dans lequel je disais qu’ils ont, entre autres, droit à un avocat devant un comité disciplinaire. Je suis de ceux qui pensent que les policiers doivent être syndiqués. Comme par hasard, la police m’arrête peu après tout ça sur la base des allégations d’une dame. L’ordre vient de très haut. D’ailleurs, tous ceux qui veulent faire bouger les choses se retrouvent avec une charge provisoire contre eux.»

Lors de sa conférence de presse à son bureau, après sa remise en liberté sous caution, l’avocat s’est aussi dit déterminé à se battre jusqu’au bout. «Rien ne m’empêchera de continuer. La vérité finira par éclater. Je vais continuer mon travail qui est d’ailleurs mon seul gagne-pain. Plizier fwa dimunn inn fer alegasyon kont mwa. Tou zafer pena narnie kont mwa me mo pa intousab. Zot tou repros mwa mo tro bon leker. Dan mo lenket monn dir mo ena buku lennemi», a déclaré celui qui a créé le Mouvement républicain avec des amis et participé, en 1976, à l’âge de 13 ans, au lancement du Sports and Literary Club de la route Hugnin, à Rose-Hill, comme il l’a mentionné lors de sa rencontre avec la presse.

L’affaire de corruption alléguée dans le judiciaire

Voilà une histoire qui a fait couler beaucoup d’encre. Et voilà qu’aujourd’hui, l’arrestation de Rama Valayden vient la remettre sous les feux des projecteurs. L’avocat a été arrêté dans le cadre de l’affaire de corruption alléguée dans le judiciaire. Cette affaire avait éclaté en juillet suite à une déposition de Paul Foo Kune, directeur de Play on Line, une compagnie engagée dans les paris sur des matchs de foot étrangers. Il accusait les responsables d’une compagnie concurrente, Sport Data Feed Ltd, qui dirige SMS Pariaz, d’avoir comploté avec des secrétaires de juges afin qu’ils aient un jugement favorable dans une affaire opposant les deux compagnies. Cinq suspects avaient été arrêtés dont deux secrétaires de juges, un avoué, un avocat et Ahkee Bhikajee, une employée de SMS Pariaz. Celle-ci accuse aujourd’hui Rama Valayden d’avoir comploté avec un directeur de SMS Pariaz afin qu’elle modifie sa déposition.

Jacques Panglose : «Il n’y a pas l’ombre d’un cas contre Rama»

Le leading counsel de Rama Valayden, Me Jacques Panglose, est catégorique : «Il n’y a pas l’ombre d’un cas contre Rama. J’ai toujours gagné les procès dans lesquels je l’ai défendu dans le passé. Il a toujours fait l’objet de procès d’intention plus qu’autre chose. Il a connu des moments difficiles mais à chaque fois, on a gagné haut la main.» Jacques Panglose précise que concernant l’enquête sur l’assassinat de Denis Fine, les enquêteurs ne souhaitent pas aller de l’avant après avoir pris connaissance de la version de son client.

Me Sanjeev Teeluckdharry, qui fait partie du panel d’avocats, avance, pour sa part que «mon frère Rama est victime d’une vendetta» : «On le persécute car il défend des causes qui dérangent. Rama est la voix des sans-voix. La police a agi de façon arbitraire et uniquement sur la base des doggy allegations of a self-confessed criminal et n’a pas voulu entendre ni vérifier sa version des faits qui démontre clairement que son accusatrice est en train de mentir.»

La police se défend d’être partiale adans cette affaire

La police n’est pas restée indifférente aux propos de Valayden disant qu’il est «victimisé». Il avait déclaré en cour qu’il se sentait persécuté en raison de sa prise de position pour la mise sur pied d’un syndicat dans la police, de son rôle comme avocat dans l’affaire Harte, de sa demande de réouverture de l’enquête sur l’incendie criminel de l’Amicale, sa lutte pour les droits des pêcheurs de Bain-des-Dames et de Les Salines ainsi que sa prise de position sur la nouvelle carte d’identité nationale.

Le Police Press & Public Relations Office (PPPRO) s’est fendu d’un communiqué pour répondre aux propos de l’avocat. Dans ledit document, le service de presse de la police précise que l’homme de loi âgé de 52 ans a été arrêté dans un cas allégué de complot dans le but de pervertir le cours de la justice, en lien avec l’affaire de corruption dans le judiciaire.

Le PPPRO récuse les allégations selon lesquelles la police a reçu des directives pour le «victimiser» afin de lui causer du tort ainsi qu’à sa famille. La police fait ressortir que toutes les enquêtes sont menées de façon indépendante, impartiale, transparente et indépendamment du statut de la personne accusée. Le service de presse de la police précise que les charges provisoires sont logées en conformité avec les prévisions légales : «The police would like to reassure the public that Mr Valayden’s accusation to the effect that the head of the police or any other person in authority is allegedly trying to do him harm is totally baseless and unfounded.»

Archive: