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Le père de Dylan, 13 ans, révolté : «Il faut fermer ce parc définitivement»

Selon le rapport d’autopsie, le jeune homme est mort après avoir inhalé le contenu de son estomac.

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Gino Dennemont ne peut retenir ses larmes lorsqu’il évoque les circonstances dans lesquelles son fils est décédé.

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Kendy Bidias, le cousin de l’adolescent, raconte les derniers instants de ce dernier.

Voilà un autre drame qui est venu s’ajouter à la liste des accidents au Waterpark après celui de la petite Britney. Cette fois, c’est un adolescent de 13 ans qui a péri après une baignade. Ce qui a contraint la direction du parc aquatique à arrêter toutes ses activités sur les instructions du gouvernement. Le père de la victime revient sur cet événement tragique et nous fait part de son désespoir.

Révolte, tristesse, stupeur, abattement. Autant de sentiments qui animent les proches de Dylan Dennemont, 13 ans, qui est décédé le jeudi 10 octobre au Waterpark. Dix jours seulement après que la petite Britney Joomun, 8 ans, a péri noyé dans un des bassins du parc aquatique. Un mort de trop qui a scandalisé toute l’île Maurice et poussé le gouvernement à prendre la décision de fermer le site temporairement en attendant qu’une enquête détermine les circonstances de ces deux drames (voir hors-texte). Une fermeture qui vient hélas trop tard pour la famille de Dylan. «Après la mort la tisane, regrette son père Gino, en larmes. Mon fils serait toujours là si on avait fermé le site avant.»

Pour l’homme, une fermeture temporaire ne suffit toutefois pas. «Je pense que la direction aurait dû fermer ses portes depuis que la petite fille est décédée là-bas. Cela aurait pu éviter un deuxième drame et mon fils serait encore en vie. Maintenant, il faut fermer le Waterpark définitivement. Il y a eu trop d’accidents là-bas. C’est très dur pour un père de perdre un fils de cet âge. Je ne veux plus que d’autres parents subissent le même sort. Ils ne doivent pas perdre leurs enfants bêtement», lance Gino avec désespoir.

Et dire que le jour du drame, il avait déconseillé à son fils de se rendre au Waterpark. «Je ne voulais pas qu’il y aille à cause des nombreux accidents là-bas. Mais il a insisté pour y aller. Je n’ai pas voulu le décevoir en l’empêchant de se rendre au Waterpark d’autant que ses deux cousins Kenny et Kendy allaient aussi être de la partie. D’autres jeunes du quartier participaient également à cette sortie», raconte cet habitant de Cité Florida, à Baie-du-Tombeau. C’est donc tout joyeux que Dylan avait quitté son domicile vers 9h45 en compagnie de plusieurs enfants et parents pour se rendre au Waterpark. La sortie était organisée par une école maternelle de sa localité.

État de choc

Malheureusement, quelques heures plus tard, il apprenait une terrible nouvelle. Son fils était mort au parc aquatique après avoir fait un malaise. Le rapport d’autopsie a conclu qu’il avait inhalé le contenu de son estomac. L’étudiant en Form II au collège International à Triolet aurait trop mangé au déjeuner avant d’aller se baigner dans un des bassins où il y a d’énormes toboggans jaunes.

Depuis ce terrible drame, Gino Dennemont, ainsi que son épouse Patricia et leur fille Alison sont en état de choc. Ils essaient tant bien que mal de comprendre ce qui s’est réellement passé et de faire face à la disparition soudaine et tragique de Dylan. Une perte cruelle qui affecte aussi grandement les autres proches de l’adolescent, surtout son cousin Kendy Bidias qui l’accompagnait le jour fatidique, avec son frère Kenny. Il raconte, la voix brisée, les derniers instants de Dylan. «Je lui avais conseillé de ne pas monter sur les énormes toboggans mais il n’a pas écouté. Il était déjà descendu lorsque j’ai escaladé les marches pour me rendre moi aussi au bassin. Après la descente vertigineuse, Dylan s’est allongé sur le sol avant de perdre connaissance. Ses yeux étaient déjà devenus vitreux quand un secouriste est arrivé pour lui faire un massage cardiaque. Il a, par la suite, vomi le contenu de son estomac. On avait mangé des spaghettis au déjeuner.»

À ce stade, précise Kendy, son cousin était toujours en vie mais son état s’est dégradé en attendant l’arrivée du SAMU qui, selon le jeune homme, a pris plus d’une heure à arriver sur place. Ce qui révolte terriblement Gino Dennemont et les siens. «Mes neveux m’ont dit que l’ambulance a trop tardé. Des gens ont voulu emmener mon fils à l’hôpital dans un taxi mais le personnel du Waterpark a refusé insistant sur le fait qu’une ambulance était déjà en route», s’insurge ce père de famille.

Kendy explique que deux médecins avaient fait le déplacement. Sur place, ils ont prodigué d’autres soins à Dylan qui respirait à ce moment tout en étant inconscient. Selon l’acte de décès, l’adolescent a rendu l’âme vers 15 heures. Pour Gino Dennemont, si son fils est mort, c’est aussi la faute du Waterpark. «Pourquoi n’y a-t-il pas de médecin qualifié basé en permanence au Waterpark pour prodiguer les premiers soins aux blessés en cas d’accidents ? Ceux qui vont là-bas sont livrés à eux-mêmes. J’ai perdu mon fils bêtement. C’est aussi par négligence de la direction du Waterpark.»

Gino et les siens ne comptent d’ailleurs pas rester les bras croisés. Ce pêcheur précise qu’il va rencontrer un avocat et un avoué afin d’enclencher les procédures pour une plainte au civil contre la direction du Waterpark. Une autre plainte de plus qui est venue grossir la liste des procès en cours contre ce parc marin.

Mais en attendant, la famille de Dylan essaie de trouver le courage pour affronter cette terrible épreuve qui s’est abattue sur elle. Ses parents et sa sœur s’accrochent comme ils le peuvent aux souvenirs de cet être cher qui les a laissés si jeune, un «adolescent rempli d’énergie» parti trop tôt. «Il aimait beaucoup le foot. Il allait souvent en jouer avec ses amis et ses cousins. Il était très attaché à ses cousins (Kenny, Kendy et Rodney) qui habitent juste à côté. Ils étaient inséparables», raconte son père, ému.

Comme tous les jeunes de son âge, il adorait «jouer aux jeux vidéo, surtout les jeux de courses automobiles». Ses parents garderont de lui l’image d’un «enfant tranquille et sans histoire, qui aimait beaucoup l’école et dessiner». Un enfant qui les rendait heureux, fiers mais qui, aujourd’hui, est parti dans des circonstances tragiques, les laissant dans une tristesse sans nom.

Textes : Jean Marie Gangaram et CA

Fermeture du Waterpark le temps d’une enquête

L’accident de trop ! Après la mort du jeune Dylan Dennemont, 13 ans, au Waterpark, le jeudi 10 octobre, 10 jours seulement après celle de Britney Joomun, 8 ans, au même endroit, la direction du Waterpark a décidé d’interrompre toutes ses activités sur les instructions du gouvernement. «Suivant le décès tragique de deux enfants au Waterpark Leisure Village et sur les instructions du gouvernement, le board du parc a décidé de suspendre toutes les activités du Waterpark & Leisure Village», souligne un communiqué émanant du Waterpark. Et ce, le temps d’une enquête : «Le gouvernement a aussi donné l’instruction d’ouvrir une enquête sur les points suivants : (i) pour déterminer les circonstances dans lesquelles deux enfants sont morts au Waterpark Leisure Village (ii) pour faire un audit concernant les mesures de sécurité au Waterpark Leisure Village (iii) pour faire des recommandations concernant les points ci-dessus.»

Cette enquête permettra aussi de déterminer si les responsables des groupes qui ont accompagné les deux enfants n’ont pas failli à leur tâche en matière de vigilance. Les compétences et la formation des Life Savers seront également évaluées afin de définir s’ils ont une connaissance des premiers soins pour intervenir en cas de problème.

En attendant l’ouverture de l’enquête, le Master and Registrar devra, en début de semaine, désigner un Senior Magistrate pour lui confier cet exercice. Ce dernier sera assisté de deux adjoints. La direction du Waterpark, pour sa part, assure qu’elle collaborera étroitement avec les autorités policières dans le cadre des enquêtes.

Le Waterpark avait d’ailleurs envoyé un premier communiqué à la presse plus tôt vendredi, pour s’expliquer sur ces deux drames : «Dans les deux cas, nos secouristes ont déployé tous les moyens pour éviter le pire. Ces deux très malheureux accidents étaient en dehors de notre contrôle.» On peut aussi y lire : «Nous réagissons avec beaucoup de tristesse et de consternation aux cas de décès de deux jeunes enfants survenus le dimanche 29 septembre et le jeudi 10 octobre au Waterpark Leisure Village.»

Des familles soulagées mais…

Dans notre édition de la semaine dernière, nous vous faisions le récit de ces divers drames au cœur du Waterpark. Avec des témoignages poignants des victimes elles-mêmes ou de leurs proches. Aujourd’hui que le parc est fermé suite au décès de deux enfants en dix jours, ces mêmes personnes se disent soulagées même si dans certains cas, comme celui de Cindy, cela ne ramènera pas l’être cher disparu.

Sweety Joseph : «C’est une bonne chose»

Elle regrette que les choses en soient arrivées là. «C’est dommage que des gens aient perdu la vie parce que le parc était mal équipé. Je pense que les structures ne sont pas bien faites», déclare Sweety Joseph. Pour elle, «c’est une bonne chose que le parc de loisirs ait stoppé toutes ses activités». Elle n’oubliera pas de sitôt le jour où elle a eu la mâchoire fracturée et plusieurs coups à la tête. Elle s’est rendue au Waterpark avec des amis étrangers en janvier 2011. Mais ce qui s’annonçait comme une journée sympa a viré au cauchemar. «[…] Je m’apprêtais à descendre dans le tunnel noir, lorsqu’un employé du Waterpark m’a poussée dans le dos. Ma bouche a alors heurté la bordure du tunnel. J’ai perdu beaucoup de sang. Je précise qu’il n’y avait aucun secouriste pour nous venir en aide. C’est un volontaire qui m’a transportée à l’hôpital […] l’ambulance n’est jamais venue.»

Cindy : «Cela ne me ramènera pas ma fille Britney»

Son cœur de mère n’arrête pas de pleurer, de saigner. Deux semaines après la disparition tragique de sa petite chérie, Britney, 8 ans, Cindy est plus que jamais anéantie. Le dimanche 29 septembre, la petite a péri noyé au Waterpark après avoir fait une crise d’épilepsie dans un des bassins. Mais aujourd’hui, la décision de la fermeture du site lui met un tout petit peu de baume au cœur. «C’est une bonne chose même si cela ne me ramènera pas ma fille. Mais cela empêchera qu’il y ait d’autres morts. Maintenant tout ce que je souhaite c’est que plus aucun enfant ne perde la vie là-bas», confie Cindy.

Le jour du drame, elle avait accompagné sa fille pour une sortie au Waterpark organisée par le CEDEM, où la petite était scolarisée. Mais la journée a bien vite tourné au drame. «Il était aux alentours de 12h10. Mon compagnon était allé faire une petite virée et moi j’ai donné le dos à ma fille pendant quelques secondes […]. En me retournant, j’ai vu qu’elle avait la tête dans l’eau. Je l’ai sortie de l’eau sans tarder car je savais qu’elle faisait une crise d’épilepsie. Elle avait déjà perdu connaissance », nous racontait Cindy, dans notre dernière édition. Suite à cela, des volontaires étaient venus prêter secours à la petite fille mais selon la maman, les lifesavers n’étaient venus que dix minutes plus tard. «Ils ont ensuite appelé le SAMU qui est arrivé 45 minutes après.»

Sa petite fille est malheureusement décédée sur place. Aujourd’hui, avec la fermeture du parc, elle ne peut que pousser un ouf de soulagement. « Cela ne me ramènera pas ma fille. Mais cela empêchera qu’il y ait d’autres cas similaires», conclut la maman.

Royco Nobin : «On aurait dû faire cela depuis longtemps»

Trop d’accidents. Deux morts de trop. Des tragédies qui auraient pu être évitées, affirme Royco Nobin : «On aurait dû fermer ce parc depuis longtemps. Cela aurait évité bien des drames.» Le 3 février dernier, cet habitant de Cap-Malheureux a failli, dit-il, laisser sa vie dans un des tunnels du Waterpark. Ce jour-là, il avait accompagné sa fille de 10 ans dans le tunnel noir. «Elle était derrière moi. Lors de la descente, j’ai percuté de plein fouet un homme qui était dans le tunnel avec ses habits. […]. Toujours est-il que j’ai atterri dans un bassin plus bas avec le nez fracturé. Du sang dégoulinait de partout sur mon visage. Ma fille a, quant à elle, eu un mauvais coup à la tête.» Royco Nobin déplore que les autorités aient pris tout ce temps pour prendre les sanctions nécessaires.

Ravin Racktoo : «Des gens ne souffriront plus»

Cet endroit a brisé la vie de son enfant et aujourd’hui il est heureux que Waterpark ferme ses portes. «Des familles ne souffriront plus», soutient Ravin Racktoo. Son fils, Sarvesh Racktoo (photo), 17 ans, est devenu complètement invalide après un accident au Waterpark. Cela s’est produit le 26 janvier 2010. Le jeune homme était en compagnie de ses cousins dans le bassin à vagues lorsqu’il a été grièvement blessé au niveau de la colonne vertébrale. Selon le jeune homme, faute de secouriste, il a dû attendre longtemps avant d’être conduit à l’hôpital de Flacq. «Il n’y a qu’à voir le nombre d’accidents et de morts pour comprendre que les lifesavers n’étaient pas qualifiés», soutient son père qui tient à présenter ses sympathies à la famille du petit Dylan.

Marjorie Colas : «Il y a un réel manque de lifesavers au Waterpark»

La fermeture du parc ne lui ramènera pas sa belle-mère. Mais Marjorie Colas pense qu’il était temps que cet endroit mette la clef sous le paillasson. Lors de la fête des mères, le 26 mai 2006, sa belle-mère Paquerette Nanette est décédée d’un arrêt cardiaque dans l’enceinte du site. « […]. J’ai demandé de l’aide mais il n’y avait personne. Ma belle-mère serait encore en vie si les lifesavers lui avaient porté secours. […] Une doctoresse, qui était au Waterpark en famille, a ausculté ma belle-mère et nous a informés qu’elle avait déjà rendu l’âme», nous avait déclaré Marjorie la semaine dernière.

Marjorie trouve dommage qu’un parc pareil n’ait pas de personnel qualifié. «Si le Waterpark avait employé des personnes qualifiées, tout cela ne serait pas arrivé. Vu les circonstances, c’est une bonne chose que le site soit fermé. Car il y a un réel manque de lifesavers au Waterpark »

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