Firdaus Nawoor et sa mère Leila croient dur comme fer en l’innocence de Shafik.
C’est derrière les barreaux, à la prison centrale, que Shafik Nawoor a essayé de mettre fin à ses jours par pendaison. Pour sa famille, qui s’est entretenue avec lui quelques jours plus tard, il s’agit là d’un acte de détresse lié à un crime qu’il «n’a pas commis».
Il a été incarcéré à l’âge de 18 ans. Et depuis, Shafik Nawoor, un des quatre condamnés de l’affaire Amicale, n’a cessé de clamer haut et fort son innocence. Toutefois, il y a deux mois, cet ancien habitant de Vallée-des-Prêtres, qui purge actuellement une peine de 45 ans de prison pour l’incendie criminel qui a fait sept morts le 23 mai 1999, nourrissait l’espoir de recouvrer la liberté. Cela, après qu’un panel d’avocats, mené par Me Rama Valayden, eut demandé à la Commission de pourvoi en grâce de réexaminer le dossier des quatre condamnés. Le hic c’est que ces derniers n’ont finalement pas obtenu la grâce présidentielle.
En effet, le 6 septembre, le président de la République, Kailash Purryag, a affirmé, dans un communiqué, qu’il n’y a aucune possibilité pour la Commission de pourvoi en grâce de vérifier les points avancés par les avocats des condamnés. Depuis, l’espoir des quatre détenus s’est envolé, les plongeant dans un terrible désarroi.
Shafik Nawoor, aujourd’hui âgé de 33 ans, en fait partie. Désespéré par la décision de la Commission de pourvoi en grâce, il a tenté de mettre fin à ses jours par pendaison, le dimanche 6 octobre. «Nous avons eu un appel téléphonique nous informant que mon frère s’était suicidé. On a cru qu’il était déjà mort. Puis, lorsque nous avons téléphoné à la direction de la prison, nous avons appris qu’il ne s’agissait que d’une tentative», explique Firdaus, la sœur
de Shafik Nawoor.
Elle est catégorique : son frère a tenté de se suicider parce qu’il paye pour un crime qu’il n’a pas commis. «Mon frère est innocent. Ma mère lui a rendu visite hier (NdlR : samedi 12 octobre). Il lui a dit qu’il préfère mourir que de payer pour un crime qu’il n’a pas commis», confie Firdaus.
«Allah fera un miracle»
En septembre, lorsqu’il a appris que son dossier allait être remis à la Commission de pourvoi en grâce, Shafik Nawoor était sûr à 100 %, raconte sa sœur, de recouvrer la liberté et de rentrer enfin chez lui. «Il s’était rasé. Il avait même fait ses valises. Il attendait juste l’heure de prendre le
chemin de la maison. Il a été tellement déçu en apprenant la décision
de la Commission. Depuis, il a sombré dans la dépression», souligne Firdaus. D’autant que Shafik avait hâte de rentrer chez lui pour fêter ses 34 ans, le 15 novembre, avec les siens.
Leila, la mère de Shafik, n’en peut plus de le voir dans un tel état. Souffrant d’hypertension et de diabète, elle a dû être conduite chez un médecin du privé lorsqu’elle a appris que son fils a tenté de se suicider. «Je remets tout cela entre les mains d’Allah. Il fera un miracle pour que mon fils sorte de là», dit-elle en larmes. Les larmes, elle en a aussi versé quand son époux est décédé quelque temps après la condamnation de Shafik. «Il est mort il y a trois ans. Il était très stressé. Un jour, après avoir regardé un match de foot et alors qu’il s’apprêtait à aller au lit, il est tombé et est mort sur le coup. Son cœur a lâché», nous confie Leila.
Comme Shafik, les frères Sumodhee sont aussi très affectés par la décision de la Commission de pourvoi en grâce. D’ailleurs, l’un d’eux, soit Sheik Imran Sumodhee, ne jouit pas d’une bonne santé. «Il vient de se faire opérer. Il souffre beaucoup. Mon époux, Khaleeloodeen, n’a pas vraiment le moral. Il essaie d’être fort pour soutenir son frère», explique Rozina Sumodhee.
Cette dernière, ses proches et ceux des autres détenus condamnés dans cette affaire, se soutiennent mutuellement et gardent espoir qu’un jour, ils verront la lumière au bout du tunnel.