Le Dr Abdool Yusuf Boodhoo a été trouvé coupable d’homicide involontaire après qu’une de ses patientes, Bibi Taslimah Baba Saib, est décédée des suites d’une césarienne. Les proches de la victime, notamment son époux, crient au scandale car, selon eux, le verdict n’est pas assez dur.
Cela fait huit ans. Huit longues années durant lesquelles Nazim Baba Saib n’a cessé de verser des larmes, tant son chagrin est immense. Car son épouse, Bibi Taslimah Baba Saib, s’en est allée alors même qu’ils s’apprêtaient tous les deux à écrire une nouvelle page de leur histoire. «Neuf ans après la naissance de notre premier enfant, nous souhaitions en avoir un deuxième. La grossesse de Taslimah s’était très bien passée. On était très heureux d’accueillir un nouveau membre dans la famille», confie Nazim. Mais ce sentiment de bonheur a disparu lorsque, le 1er mai 2005, il a appris que sa femme avait rendu l’âme après son accouchement.
Aujourd’hui, c’est la colère qui anime Nazim. Car le Dr Abdool Yusuf Boodhoo, gynécologue qui a pratiqué une césarienne sur son épouse, a été condamné, cette semaine, à neuf mois de prison. Ce qui met Nazim hors de lui. «La sentence n’est pas assez sévère. Car mes enfants sont contraints de grandir sans leur mère. Ils sont privés de son affection», lâche-t-il. «Je ne voudrais surtout pas que d’autres femmes connaissent le même sort que Taslimah», ajoute Nazim.
Il se souvient du jour fatidique comme si c’était hier. «Je me rappelle tout dans les moindres détails. Taslimah a eu des contractions dans l’après-midi. Des proches et moi l’avons conduite à l’hôpital Victoria. Le médecin de ma femme n’était pas de service. Donc, c’est un gynécologue qui était «on call» qui l’a prise en charge», raconte Nazim. Il poursuit : «Elle devait accoucher dans l’immédiat. Alors, elle a été conduite au bloc opératoire. Mes proches et moi attendions dans l’enceinte de l’hôpital. Après l’accouchement, ma femme a été reconduite en salle opératoire car elle saignait beaucoup.» Et, «quelques minutes plus tard, nous avons appris son décès», lâche, non sans peine, Nazim.
Colère
Lorsqu’il apprend la cause du décès de sa femme, la colère se mêle à sa tristesse. Il décide alors de porter plainte à la police et de réclamer des dommages à l’État. «Nous avons reçu
Rs 800 000. Mais l’argent ne remplace pas un être disparu», confie Nazim qui, depuis la mort de sa femme, se «consacre entièrement» à sa famille et à son fils aîné qui vit avec lui. Son benjamin, lui, a été pris en charge par la sœur de Taslimah et son mari. «Depuis sa naissance, il vit chez eux. Ils les appelle maman et papa. Mon fils ne sait pas que sa vraie mère est morte après lui avoir donné la vie. Plus tard, je lui en parlerai. Je lui rends visite assez souvent. Il se porte bien au sein de sa famille adoptive», confie Nazim, avec tout de même du chagrin.
De son côté, le Dr Abdool Yusuf Boodhoo a fait appel du jugement de la cour. Il a retrouvé la liberté après avoir fourni une caution. Depuis la mort de Bibi Taslimah Baba Saib, il avait été suspendu de ses fonctions à l’hôpital mais exerce toujours dans le privé.
Nazim Baba Saib, lui, se bat au quotidien pour assurer l’avenir de ses enfants. Une bataille qu’il mène sans son épouse, partie dans des circonstances tragiques, il y a huit ans.