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Le Waterpark au coeur de plusieurs drames

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Cindy est inconsolable depuis le décès tragique de sa fille.

L’île Maurice a appris, avec stupeur, le décès de la petite Britney Jummun, 8 ans, au Waterpark, dimanche dernier. Une mort qui choque et révolte plus d’un. Hélas, si l’accident de la fillette est sans doute le plus tragique qu’il y ait eu à cet endroit jusqu’ici, d’autres incidents, plus ou moins graves, ont été rapportés par des personnes qui s’y sont rendus. Parmi eux, un adolescent devenu complètement infirme. 5-Plus dimanche revient sur plusieurs de ces drames, où les victimes ou leurs proches décrient un manque de sécurité et l’absence de secouristes pour prodiguer les premiers soins.

Noyade de la petite Britney, 8 ans

Sa mère : «Ma fille respirait toujours lorsqu’on l’a sortie de l’eau»

Ce devait être un week-end festif. La petite Britney devait faire sa première communion hier matin en l’église Ste-Brigitte, dans sa localité, à Palma. Et ses proches avaient prévu d’organiser une petite fête aujourd’hui pour marquer d’une pierre blanche cette étape importante de sa vie. Mais au lieu de ça, sa mère Cindy va organiser la prière des huit jours. Car cela fait bien huit jours que sa petite chérie l’a quittée brutalement, la laissant dans un désespoir total. La fillette de 8 ans est décédée le dimanche 29 septembre, après avoir fait une crise d’épilepsie alors qu’elle se trouvait dans un bassin au Waterpark.

La joie, les rires, l’espoir… Tout a disparu pour laisser place à une détresse sans nom. Cindy est complètement anéantie depuis qu’elle a perdu son unique enfant. Mais son immense chagrin ne l’empêche pas de revenir sur cette tragédie et de dénoncer ce qu’elle qualifie de «négligence» de la part de la direction du Waterpark. Car, confie-t-elle en larmes, il n’y avait personne, ni lifesaver, ni first-aider pour venir en aide à sa fille au moment du drame. Elle repense péniblement à cette sortie du CEDEM, école spécialisée que fréquente sa fille depuis qu’elle a 4 ans – elle était épileptique et souffrait d’un handicap aux jambes –, qui a viré au cauchemar.

«Il était aux alentours de 12h10. Mon compagnon Gilbert était allé faire une petite virée et moi j’ai donné le dos à ma fille pendant quelques secondes pour voir dans quelle direction se trouvaient les toilettes. En me retournant, j’ai vu qu’elle avait la tête dans l’eau. Je l’ai sortie de l’eau sans tarder car je savais qu’elle faisait une crise d’épilepsie. Elle avait déjà perdu connaissance», raconte Cindy, les larmes aux yeux.

Des volontaires ont alors accouru pour lui prêter secours mais aucun employé du Waterpark, affirme la jeune femme de 31 ans. «Ma fille respirait toujours lorsqu’on l’a sortie de l’eau. Elle a vomi un peu d’eau après que des volontaires lui ont fait un massage cardiaque. Un lifesaver est venu dix minutes plus tard avec une petite trousse de secours qui ne contenait presque rien. Un autre est arrivé peu après pour faire un autre massage cardiaque à Britney, sans toutefois lui faire du bouche-à-bouche. Ils ont ensuite appelé le Samu qui est arrivé 45 minutes plus tard. Des volontaires avaient proposé d’emmener ma fille à l’hôpital mais les lifesavers ont refusé.»

Selon Cindy, sa fille était toujours vivante lorsque l’ambulance est arrivée : «Son petit cœur battait fébrilement. Elle a rendu l’âme environ dix minutes plus tard alors qu’on la transportait à l’hôpital. Le cas de ma fille doit servir d’exemple. Mo pa anvi gagn enn lot ka kuma Britney ankor», martèle Cindy.

Dernière sortie

Et dire que ce dimanche 29 septembre devait être un jour de joie. Britney, tout comme les autres enfants du CEDEM, à Vacoas, attendaient ce jour-là avec impatience pour aller s’amuser au Waterpark. Sa mère raconte que, dans le passé, la petite fille avait eu l’occasion de faire plusieurs sorties avec son école, notamment au Casela, à l’aquarium de Maurice et à Le Val Nature Park, et que tout s’était bien passé.

«Les sorties avaient pour but d’aider les élèves du centre à se relaxer. Celle au Waterpark était la dernière prévue pour cette année. Nous avons quitté la maison vers 7 heures. Dans le bus, Britney a chanté et dansé comme à l’accoutumée. Elle avait également mangé des biscuits, du chocolat et bu du jus avant qu’on arrive au Waterpark vers 10 heures», relate Cindy, la voix cassée par l’émotion.

Toutefois, un élément de taille attire l’attention des parents des petits élèves à leur arrivée sur les lieux. «Cette sortie était sponsorisée. Ce qui explique qu’on n’avait rien à payer à l’entrée. Cependant, il n’y avait personne pour nous guider vers les bassins. On nous avait uniquement donné un bracelet qu’il a fallu porter à nos poignets. La direction du Waterpark savait qu’on venait mais rien n’a été fait pour encadrer les enfants comme il le fallait. Nous avons tous pris le chemin des bassins réservés aux enfants pour des raisons bien évidentes. Il y avait une douzaine d’enfants et leurs parents respectifs. La matinée s’est très bien passée et nous n’allions pas tarder à quitter le Waterpark pour aller déjeuner à Belle-Mare. Hélas, le pire est arrivé», pleure la maman de Britney.

La fillette allait fêter ses 9 ans le 21 janvier. Depuis sa naissance, elle souffre d’une cerebral palsy, c’est-à-dire d’une malformation au niveau du cerveau qui ne s’est pas développé convenablement. Ce problème est dû, selon sa mère, à sa naissance prématurée alors que sa mère était enceinte de sept mois. Britney pesait 1,3 kg à la naissance.

Cindy raconte qu’elle a souffert de convulsions jusqu’à l’âge de 5 ans mais que son état de santé s’était quelque peu amélioré depuis. Toutefois, elle avait des crises d’épilepsie de temps en temps et suivait un traitement pour cela. «À part ça, c’était une enfant joviale. Elle se débrouillait tant bien que mal même si elle n’arrivait pas à marcher. Il fallait la prendre par la main pour l’aider à se déplacer. De plus, elle aimait bien danser», souligne la jeune femme.

Aujourd’hui, rien ne peut la consoler de la perte de son petit trésor, parti trop tôt. Mais elle veut que justice soit faite concernant sa mort.

Royco Nobin : «J’ai failli mourir dans un des tunnels»

Un cauchemar. C’est comme cela qu’il se souvient de son passage au Waterpark, le 3 février dernier. Car ce jour-là, sa fille et lui ont été, dit-il, victimes d’un accident dans un des tunnels du site. Royco Nobin a d’ailleurs entamé des poursuites contre le Waterpark.

Selon cet habitant de Cap-Malheureux, l’incident s’est produit dans le tunnel noir : «J’étais en compagnie de ma fille de 10 ans qui était descendue derrière moi. Lors de la descente, j’ai percuté de plein fouet un homme qui était dans le tunnel avec ses habits. Comment cet homme a fait pour se retrouver dans ce tunnel ? Où étaient les personnes de la sécurité ? Je me le demande. Toujours est-il que j’ai atterri dans un bassin plus bas avec le nez fracturé. Du sang dégoulinait de partout sur mon visage. Ma fille a, quant à elle, eu un mauvais coup à la tête.»

Royco Nobin, qui dirige deux compagnies – Motobikecafe Ltd et Nobin Tours –, souligne qu’il a reçu les premiers soins sur place d’un infirmier du Waterpark. Il a ensuite été transporté d’urgence à l’hôpital avant de revenir au parc pour récupérer les autres membres de sa famille. Sur le chemin du retour, il a cependant été pris d’un malaise et a dû retenir les services d’un taxi pour rentrer chez lui à Cap-Malheureux. Dans la nuit, son état de santé s’est détérioré et il a dû se faire soigner dans une clinique privée.

Peu après, il a entamé des poursuites contre la direction du Waterpark : «Je leur réclame seulement Rs 15 000. Je réclame des dommages car j’ai dû prendre des congés de maladie, ce qui m’a pénalisé au niveau de mon travail. De plus, mon nez me fait toujours mal.» Depuis son accident, il ne veut plus s’approcher de cet endroit : «J’avais pour habitude d’emmener des clients au Waterpark. Depuis mon accident, j’ai arrêté de le faire. Je ne sais pas ce qui se serait passé si ma fille avait pris ma place ce jour-là. Le Waterpark doit revoir son système de sécurité car il y a des gens qui ne respectent pas les règles, notamment concernant la consommation d’alcool sur le site.»

Sans cela, dit-il, les accidents continueront à se succéder et certains avec des conséquences beaucoup plus dramatiques, comme pour la petite Britney.

Le calvaire de Sarvesh Racktoo, 18 ans, devenu totalement infirme

Il était jeune, plein de vie, avec des projets et des rêves plein la tête. Mais un accident au Waterpark l’a réduit à l’état d’infirme. Aujourd’hui, presque quatre ans plus tard, Sarvesh Racktoo, qui fêtera ses 19 ans le 28 octobre, reste alité car il ne peut pas marcher, ni faire aucun autre mouvement. Il porte des couches pour adultes et a besoin d’avoir quelqu’un à ses côtés constamment. Ses parents ont retenu les services de Me Viren Ramchurn et entamé des poursuites contre le Waterpark pour réclamer Rs 57 millions de dommages pour les préjudices causés. L’affaire suit son cours.

L’ancien élève du collège Eastern se souvient comme si c’était hier de ce jour fatidique du 26 janvier 2010 où il est devenu presque totalement infirme – à 97 %. Il s’était rendu au Waterpark en compagnie de ses cousins et s’amusait avec eux dans le bassin à vagues quand il s’est grièvement blessé au niveau de la colonne vertébrale. Selon le jeune homme, à ce moment-là, il n’y avait pas de secouristes sur place pour lui venir en aide et il a dû attendre un bon moment avant d’être transporté à l’hôpital de Flacq pour ensuite être transféré à l’Apollo Bramwell Hospital où il avait passé 98 jours dont 16 en soins intensifs.

Depuis, la vie de Sarvesh et de toute sa famille a complètement basculé. Y compris financièrement. À ce jour, les Racktoo ont dépensé plus de Rs 1 million pour les traitements de Sarvesh. Ravin Racktoo, qui travaille avec des touristes, n’arrive pratiquement plus à joindre les deux bouts car il croule sous les dettes ayant dû contracter de nombreux emprunts pour financer les soins de son fils. D’ailleurs, il précise qu’il doit toujours Rs 180 000 à Apollo Bramwell. Son épouse Sandhya, qui gérait un snack, a dû mettre la clé sous le paillasson pour pouvoir être aux côtés de son fils cadet. Elle est devenue dépressive et suit un traitement avec un psychiatre du privé.

Le frère aîné de Sarvesh a dû mettre fin prématurément à ses études afin de prendre de l’emploi comme serveur pour aider sa famille. Sa petite sœur Roopal avait, quant à elle, échoué à ses examens peu après l’accident de son frère. Dans quelques jours, elle doit prendre part à des examens importants et essaie de garder la tête sur les épaules.

Ravin et Sandhya ont dû réaménager complètement une chambre de leur maison, notamment avec un lit orthopédique acheté à Rs 60 000, pour que leur fils Sarvesh ait un minimum de confort. Sa mère dort dans un autre lit dans la même chambre pour être à son chevet nuit et jour. Sarvesh doit aussi porter un appareil pour pouvoir s’alimenter par lui-même. De plus, il a une alimentation spéciale, composée d’aliments cuits à la vapeur uniquement. Le dossier médical de Sarvesh est tellement volumineux que son père en rigole presque : «Mo pre pu vin dokter ek sa kantite term medical ki mo kone la !»

Les Racktoo tiennent à remercier la direction d’Apollo Bramwell. «C’est grâce à cette clinique que notre fils est toujours en vie. De plus, la direction nous a accordé beaucoup de faveurs concernant le paiement des frais médicaux», souligne Ravin.

Sandhya précise, quant à elle, qu’aucun membre de sa famille n’a remis le pied au Waterpark depuis le terrible accident de son fils. Le décès de la petite Britney a bouleversé cette famille qui lutte depuis des années à cause d’un autre drame au même endroit. Bien que triste pour la fillette, Sarvesh reste dans un mood combatif. Très pieux, il lit la Bible tous les jours et prie pour sa guérison. «Jésus pu fer mwa remarse», dit-il.

Paquerette Nanette meurt d’un arrêt cardiaque

Marjorie Colas : «Ma belle-mère serait encore en vie si…»

Waterpark. Ce seul mot leur donne des frissons et les plonge dans une grande colère. C’est à cet endroit qu’ils ont perdu un être cher : Paquerette Nanette, 56 ans. Cette habitante de Vacoas est décédée d’un arrêt cardiaque à l’âge de 56 ans, le 29 mai 2006, soit le jour de la fête des Mères. Laissant derrière elle des proches anéantis. Ce jour-là, elle s’était rendue au Waterpark avec des membres de sa famille et avait fait un malaise alors qu’elle se trouvait dans le lazy river en compagnie de sa belle-fille Marjorie Colas.

Marjorie Colas revient sur ce drame qui a marqué sa famille à jamais : «C’était vers midi. Ma belle-mère a eu le temps de me dire qu’elle ne se sentait pas bien avant de perdre connaissance. J’ai demandé de l’aide mais il n’y avait personne. Ma belle-mère serait peut-être encore en vie si les lifesavers lui avaient porté secours. J’ai dû laisser ma belle-mère sur place et courir chercher de l’aide. Mais quand les secouristes sont arrivés, il était trop tard. Une doctoresse, qui était au Waterpark en famille, a ausculté ma belle-mère et nous a informés qu’elle avait déjà rendu l’âme.»

Par la suite, les proches de Paquerette ont dû attendre trois heures avant l’arrivée d’une ambulance. De plus, Marjorie a passé un sale quart d’heure entre les mains de la police ce jour-là. «Les policiers m’ont traumatisée. Ils m’avaient posé des drôles de questions parce que j’étais seule avec ma belle-mère lorsqu’elle a fait son malaise.»

Depuis, la seule évocation du Waterpark est synonyme d’horreur pour les proches de Paquerette. «Quand on entend quelqu’un parler du Waterpark, on a des frissons. Ma fille, qui a 19 ans, éclate en sanglots à chaque fois qu’elle pense à ce jour fatidique. Et chaque année, la fête des Mères est synonyme de deuil pour nous», souligne Marjorie.

Selon elle, le plus révoltant dans cette histoire c’est que la direction du Waterpark a envoyé un bouquet de fleurs à la famille lors des funérailles, en précisant qu’elle n’était en aucun cas responsable du décès de Paquerette car cette dernière a rendu l’âme de cause naturelle. Mais sa famille n’en démord pas : elle est persuadée qu’elle serait encore en vie si elle avait reçu très vite les premiers soins d’un secouriste.

Sweety Joseph

Comment je me suis fracturé la mâchoire dans le tunnel noir

Marquée à vie. Sweety Joseph l’est après avoir été victime d’un grave accident au Waterpark, en janvier 2011. Elle s’était rendue au parc avec des amis étrangers qui étaient en vacances à Maurice dans le cadre des festivités du Nouvel An. Mais le bon moment qu’ils passaient tous ensemble s’est transformé en cauchemar quand l’habitante de Rose-Hill s’est fracturé la mâchoire dans le tunnel noir.

Selon la jeune femme, l’accident s’est produit parce qu’un membre du personnel du Waterpark l’a «poussée» dans ledit tunnel : «C’était le premier samedi de janvier et il y avait beaucoup de monde ce jour-là. Il y avait une longue queue pour le tunnel noir. Je m’apprêtais à descendre lorsqu’un employé du Waterpark m’a poussée dans le dos. Ma bouche a alors heurté la bordure du tunnel. J’ai perdu beaucoup de sang. Je précise qu’il n’y avait aucun secouriste pour me venir en aide. C’est un volontaire qui m’a transportée à l’hôpital deux heures plus tard car l’ambulance n’est jamais venue.»

Sweety Joseph a également entamé des poursuites contre le Waterpark et réclamé des dommages de Rs 200 000. Somme qu’elle a obtenue de la compagnie d’assurances du Waterpark : «La direction du Waterpark m’avait demandé de ne pas ébruiter l’affaire mais je ne peux rester tranquille car j’ai dû subir plusieurs interventions chirurgicales pour mettre des implants dans la bouche car j’avais perdu toutes mes dents et j’ai même dû arrêter de travailler. Il faut fermer ce parc car le personnel n’est pas équipé ni formé comme il le faut. De plus, il n’y a pas d’ambulance en permanence au Waterpark pour parer à toute éventualité.» Trop, c’est trop, dit-elle.

La direction du Waterpark s’abstient de commentaire

Nous avons voulu avoir la version des faits de la direction du Waterpark concernant le décès de la petite Britney et les autres incidents qui ont eu lieu à cet endroit dans le passé et dont nous faisons mention dans notre texte. Nous avons adressé un mail contenant plusieurs questions à cet effet à la direction du Waterpark. Toutefois, Jay Appiah, directeur par intérim du Waterpark, nous a fait comprendre que la direction ne va pas commenter ces accidents pour une raison bien précisé : «Il y a plusieurs enquêtes policières qui sont toujours en cours et des procès au civil en cour suprême dans certains cas. On ne souhaite pas commenter les accidents pour ne pas porter préjudice aux diverses enquêtes et aux procès.»

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