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Une délégation mauricienne à Londres

Olivier Bancoult : «Nous avons toujours demandé à ce que les Chagossiens soient impliqués»

14 janvier 2025

La mission mauricienne à Londres dans le cadre des négociations entre Maurice et le Royaume-Uni pour la rétrocession de l’archipel des Chagos est menée par l’Attorney General Gavin Glover. Olivier Bancoult, qui ne fait pas partie du voyage, souligne que c’est l’intérêt des Chagossiens qui doit primer.

Se dirige-t-on vers un dénouement dans les négociations entreprises par Maurice et la Grande-Bretagne sur la rétrocession de l’archipel des Chagos ? Le dossier a pris un coup d’accélérateur avec la présence d’une délégation mauricienne menée par l’Attorney General Gavin Glover à Londres pour discuter de certains points importants de cet accord dont la durée du bail de Diego Garcia, le libellé de l’accord et l’aspect financier de ce deal politique conclu le 3 octobre dernier entre Pravind Jugnauth, alors Premier ministre, et son homologue britannique, Keir Starmer. Ce sont là trois points que Navin Ramgoolam souhaitait revoir à sa prise de pouvoir après les élections générales de 2024. Le 30 décembre dernier, il avait d’ailleurs envoyé des contre-propositions au gouvernement britannique.

Le comité interministériel sur les Chagos, présidé par le Premier ministre et composé de plusieurs membres du gouvernement, dont Paul Bérenger, Premier ministre adjoint, Gavin Glover, et le ministre des Affaires étrangères Ritish Ramful, mais aussi de hauts fonctionnaires, s’est réuni en début de semaine pour finaliser les derniers détails avant le départ de la délégation mauricienne pour Londres. Celle-ci implique aussi plusieurs spécialistes de ce dossier dont le constitutionnaliste Milan Meetarbhan, le Solicitor-General Dhiren Dabee, mais pas Olivier Bancoult.

Si au temps de Pravind Jugnauth, celui-ci était au courant de toutes les discussions et de toutes les missions à l’étranger, cette fois le leader du Groupe Réfugiés Chagos n’est pas de la partie. «Nous avons toujours souhaité qu’un consensus soit trouvé et nous avons toujours demandé à ce que les Chagossiens soient impliqués dans les discussions même si nous comprenons que certains volets du dossier doivent être considérés en toute confidentialité et traité d’État à État. Nous comprenons qu’il y a des sujets sensibles comme la base militaire, mais les Chagossiens sont les premiers concernés.»

«More money»

Aujourd’hui, au milieu de toutes ces discussions qu’il suit de loin, Olivier Bancoult insiste sur le fait que le plus important est de savoir quelle réparation sera offerte à la communauté chagossienne. «Quand je dis ça, je pense principalement aux natifs qui ont été expulsés et déportés de leur terre. Beaucoup sont morts et aujourd’hui, leurs descendants directs ont droit à cette réparation pour la souffrance qui a été infligée à leurs aînés. Il y a une obligation envers ceux qui ont souffert. Et par réparation, je comprends compensation financière. Nous entendons en ce moment parler de sommes astronomiques, je veux savoir quelle est la part des Chagossiens dans tout cela», martèle Olivier Bancoult.

Suivant les contre-propositions de Navin Ramgoolam, les discussions sont toujours en cours.

Pour lui, il est tout aussi important de mettre un plan de relogement en place afin que ceux qui souhaitent retourner vivre dans leur île aient la possibilité de le faire. «Nous devons respecter l’opinion de tout un chacun. Comme nous respectons ceux des autres, nous demandons à ce que notre opinion aussi soit respectée. Nous connaissons la souffrance qui nous a été infligée injustement, nous savons ce que nous avons subi. Aucun Mauricien ne connaît cette douleur mieux que le Chagossien qui a été déraciné de sa terre natale. Avant de penser à n’importe quel budget, il faut penser à la réparation que mérite la communauté chagossienne.»

À Londres, les discussions, précipitées par l’investiture de Donald Trump en tant que 47e Président des États-Unis le 20 janvier prochain, semblent avoir atteint une phase décisive. Très peu de communication officielle a transpiré de ces négociations jusqu’ici. Dans la presse britannique, on a appris que le Parti travailliste britannique propose de verser à l’île Maurice environ 90 millions de livres sterling par an (environ Rs 5,4 milliards) dans le cadre de son accord controversé de cession de la souveraineté sur les îles Chagos. Ce qui représenterait un total de 8,9 milliards de livres sterling (environ Rs 540 milliards) pour le bail initial de 99 ans.

La mission est menée par l’Attorney General Gavin Glover.

Il semblerait que les Britanniques souhaitent désormais consulter les Américains avant de décider de la marche à suivre. Dans la presse britannique, on avance que le gouvernement anglais compte maintenir sa position et ne pas revoir à la hausse le montant de la compensation en contrepartie à la base de Diego Garcia malgré les demandes de Navin Ramgoolam. Selon un article du Times, la défaite de Pravind Jugnauth et l’arrivée du nouveau PM est venu perturber les plans des Anglais. «It did not help Britain either, since Ramgoolam is now demanding more money», peut-on lire dans cet article.

Intervenant sur Skynews, le Foreign Secretary David Lammy a déclaré que le Royaume-Uni «refuses to rule out keeping Chagos Islands as the UK Government’s deal to hand them over to Mauritius hangs in the balance» avant de souligner que «this is the deal on the table. It is a negotiation but it takes two sides to get us there». Dans un article, le Financial Times a évoqué un possible «versement anticipé d’une première tranche couvrant plusieurs années de paiement, en guise d’incitation», ce qui servirait à conclure l’accord entre les deux pays.

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