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Par Michaëlla Seblin
9 août 2025 19:04
Ramgoolam l’avait promis, Bérenger l’a fait ! Alors que le Premier ministre s’était engagé à présenter un bilan tous les 100 jours devant la population, c’est finalement son vice-premier ministre (VPM) qui a joué le jeu face à la presse, ce jeudi. Un exercice – au timing calculé ? – intervenant à seulement 24 heures de la nomination de son gendre à la tête d’Airport Holdings Ltd !
Le numéro 2 du gouvernement a été ainsi épargné de toute question sur cette nomination, se concentrant uniquement sur son agenda : expliquer le rôle d’un vice-premier ministre sans «portefolio» ! Un statut, qui a conduit certains «ti lespri» à penser qu’il ne «travaillait pas», alors que «zame», a-t-il lancé, «mo finn otan travay que ces huit derniers mois !»
Est-ce parce que l’équipe dirigeante a manqué de communication efficace ces derniers temps (surtout après les décisions impopulaires, essentiellement l’annonce de la pension à 65 ans et la suppression de certaines allocations) que le leader du MMM a jugé utile de prendre la parole ? Ou faut-il voir, dans ses propos – «mo konsepsyon de lademokrasi se bizin esanze, bizin donn maximum informasion o piblik» – une volonté de se démarquer d’un Ramgoolam qui n’a toujours pas tenu son engagement du 12 mars dernier de rendre régulièrement des comptes en toute transparence ?
Toujours est-il qu’on a eu droit à un Bérenger loquace, livrant un premier bilan personnel détaillé de ses huit mois d’action, soulignant son implication dans de nombreux comités interministériels, sa pleine participation à des dossiers phares comme le budget et les Chagos tout en mettant en lumière deux urgences nationales : une possible crise de l’électricité pouvant mener à des rotating blackouts façon Afrique du Sud ; et la lutte contre la drogue qu’il qualifie de «désastre national».
Désireux de démontrer la «kantite travay» accomplie sans portefeuille, il dresse une longue liste de ses contributions : Agaléga et Saint-Brandon – qu’il accuse le MSM d’avoir massacrés – la fierté du travail accompli à l’île aux Bénitiers en collaboration avec les opérateurs locaux, le nettoyage salutaire dans le secteur du sport avec une relance du Comité national olympique revigoré, la préparation de la délégation mauricienne pour la COP30, ou encore la présidence du comité ministériel sur les algues. Avant d’évoquer en vrac des dossiers comme le thon, Jin Fei, ou encore le Domaine Les Pailles…
Et l’impatience des Mauriciens face aux promesses toujours non tenues ? Le leader du MMM concède : «Mo konpran sa linpasians-la. Nou pou realiz nou promes, me leritaz MSM pou pran inpe letan a repare… Nou finn fer enn travay imans pandan 8 mwa, me finn ena ousi erer, fo pa, lanter ki bizin korize.»
Alors qu’à l’heure des questions, il a fait voler en éclats sa réputation de «sap lor kal», il a néanmoins passé quelques messages qui au mieux traduit une sincérité d’analyse, au pire quelques divergences entre les partenaires de l’alliance : non, il n’est pas satisfait avec certaines nominations, avec certaines lenteurs qu’il faudra corriger ! Il souhaite de nouvelles élections Régionales à Rodrigues dans l’intérêt des Rodriguais (ce qui lui a valu une mise en garde de Roussety) mais avoue que la décision revient au Premier ministre et au cabinet. Air Mauritius ? Des décisions doivent être prises et il a une opinion tranchée sur la question !
Si la guerre Navarre Marie - Babooram a débouché sur une mutation de la Junior Minister du ministère de l’Egalité des genres à celui de la Santé, Bérenger aura pris le soin de dire que le Premier ministre et lui seraient sur la même longueur d’onde concernant ce «cafouillage»** qui «n’est pas un problème central du pays».
Au final, à quoi aura servi cet exercice ? À démontrer qu’il est possible de rendre des comptes, même quand on fait partie du gouvernement, et de garder une liberté de ton. Bérenger s’est montré à la fois critique et solidaire, assumant les erreurs de l’équipe dirigeante tout en revendiquant des réussites collectives. Est-ce que le Premier ministre – qui n’a pas été dispensé de compliments essentiellement sur le budget – a apprécié l’initiative de son second ? En tout cas, l’opinion retient que Ramgoolam l’avait promis, Bérenger l’a fait !
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