Pension à 65 ans : les opposants font de la résistance

Face à la mesure du gouvernement de relever l'âge de la pension universelle de 60 à 65 ans, la mobilisation reste de mise. Ceux qui militent contre cette mesure annoncent d'autres actions et des rendez-vous à venir... À suivre...

Ils ne sont pas prêts à enterrer la hache de guerre. Eux, ce sont les opposants à la pension universelle à 65 ans, qui ne lâchent pas prise face aux autorités qui ont décidé d’aller de l’avant avec cette mesure qui ne fait pas l’unanimité, et cela, malgré les différentes actions menées par des syndicats et d’autres organismes contre cette décision.

Après des marches de contestation et une pétition, entre autres initiatives, les activistes engagés dans le combat contre le fait que la pension universelle passe de 60 à 65 ans viennent avec d’autres rendez-vous pour faire entendre leur voix. Parmi eux : la plateforme citoyenne Pa touss nou pension 60 ans. Le mouvement travaille sur une nouvelle manifestation pacifique prévue pour le samedi 30 août.

Loin d’être démoralisés par le fait que les autorités ne reculent pas, les membres de la plateforme restent plus que jamais mobilisés et affûtent leurs arguments pour maintenir la pression. Linda Lam, membre active de l’association, sollicite ainsi les Mauriciens pour continuer à les soutenir dans leurs démarches.

«La plateforme Pa touss nou pension 60 ans invite tous les citoyens de Maurice et de Rodrigues à venir à la marche pacifique du samedi 30 août à 11 heures devant l’église St-Jean pour marcher jusqu’à Arab Town à Rose-Hill. Venez faire entendre votre voix pour montrer que vous n’êtes pas d’accord avec la réforme, car c’est injuste et arbitraire. Nos ancêtres ont combattu pour cela. C’est injuste qu’on reporte l’âge de la pension universelle de 60 à 65 ans. Me Sanjeev Teeluckdharry a déposé une affaire en cour concernant ce sujet et pour montrer leur solidarité, nous invitons les citoyens à venir à la marche. Un nombre important de participants à la manifestation peut jouer en notre faveur, car les juges constateront ainsi la masse de citoyens qui ne sont pas d’accord avec la réforme de la pension universelle», nous déclare Linda Lam.

Les membres de l’association ne chôment pas et croient dans leur combat. «En tant que responsables de la plateforme Pa touss nou pension 60 ans, nous tenons à informer le peuple que Me Sanjeev Teeluckdharry a mis un case contre la Basic Retirement Pension (BRP) devant la Cour suprême. L’affaire sera entendue et jugée le 15 septembre 2025 par la cheffe juge. De ce fait, nous maintenons notre manifestation nationale. (...) Il est de la responsabilité du peuple de faire de cette marche un succès. Merci», fait état d’un communiqué du mouvement.

Pour Linda Lam, il est primordial que le peuple reste uni.* «À part loger cette affaire en Cour suprême, il nous faut rester visibles dans les rues pour rappeler aux autorités que les citoyens n’ont à aucun moment été consultés. C’est cela la démocratie participative. La marche vient dire que les citoyens sont là et bien présents, car ce sont nous qui avons mis ce gouvernement au pouvoir et nous pouvons tout aussi bien le sanctionner au moment voulu», s’insurge Linda Lam.

Dave Kissoondoyal, un autre Mauricien qui avait aussi rejoint le combat contre la pension universelle à 65 ans à travers une grève de la faim, mène aussi une nouvelle action dans l’espoir de voir les autorités faire marche arrière. «Le mouvement STOP (San tous ou pension – San tous ou dignité) a été officiellement invité par le Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies (CESCR) à s’exprimer lors de sa 78e session à Genève le 19 septembre. Cette plateforme internationale n’est pas réservée à STOP. Elle appartient à tous les Mauriciens, à la société civile, aux syndicats, aux mouvements citoyens, aux ONG et à toutes les voix qui refusent l’injustice. Nous avons une opportunité historique de présenter aux Nations unies une soumission forte, complète et unifiée sur les impacts réels de l’augmentation de l’âge de la pension de retraite de base de 60 à 65 ans, et sur toute autre violation des droits économiques, sociaux et culturels de notre peuple», souligne Dave Kissoondoyal.

Pour lui, cette bataille est pour tous les Mauriciens.* «Pourquoi devons-nous nous unir ? Pour défendre la dignité et la sécurité sociale de nos aînés, pour dénoncer l’impact discriminatoire sur les travailleurs qui occupent des emplois manuels et physiquement exigeants, pour exiger des réformes qui soient créées avec le peuple et non contre lui, et pour montrer que la voix de Maurice est unie, organisée et impossible à ignorer. Nous appelons toutes les organisations, les syndicats et les acteurs de la société civile à se joindre à nous pour préparer une soumission unifiée, crédible et puissante qui portera la voix de toute la nation aux Nations unies»,souligne Dave Kissoondoyal.

D’une mobilisation à une autre, la bataille s’accentue. La Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP) a ainsi déposé une plainte contre l’État au sujet de la décision qui ne cesse de faire des vagues. La plateforme commune syndicale, avec son slogan «Pansion vieyes bizin peye a 60 an», reste aussi déterminée. et est au four et au moulin. «Nou pa pou kile. Mobilize pou le 20 septam», lancent les membres du collectif déjà à l’initiative de plusieurs démonstrations de contestation de la BRP à 65 ans. Ils invitent donc la population à une «manifestation à Port-Louis».

Le rendez-vous est donc donné.. Car les opposants à la pension universelle à 65 ans maintiennent plus que jamais la résistance...