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9 août 2025 17:32
Face à la violence au sein des familles qui ne cesse de faire des dégâts, Caritas Soleil de l’Ouest intensifie ses actions avec un nouveau projet de soutien aux victimes. Objectif : briser le silence et accompagner dans la reconstruction tout en favorisant la prise de conscience.
Elle fait aujourd’hui encore de nombreuses victimes, brise des vies à jamais et marque au fer rouge des enfants qui n’ont rien demandé si ce n’est que de l’amour et de la protection. Encore aujourd’hui, la violence au sein des familles reste une réalité douloureuse et pénible qui a du mal à s’effacer de notre société. Cette violence est souvent cachée, rarement dénoncée et, quelquefois, dans certains milieux, elle est même banalisée alors qu’elle ne devrait jamais, en aucune circonstance, être tolérée.
Avec 5 758 cas signalés en 2024, Maurice enregistre une baisse par rapport aux 7 177 incidents de 2023. Des données qui, à première vue, semblent encourageantes, mais derrière ces chiffres, la réalité reste alarmante. À titre de comparaison, en 2021, le pays comptait 1 654 cas officiellement enregistrés, tous genres confondus. Aujourd’hui, l’ampleur du problème et son évolution interpellent. Avec près d’une femme sur quatre ayant déjà subi une forme de violence basée sur le genre, dont la majorité des cas ne sont jamais déclarés, il est urgent d’agir et de trouver des solutions concrètes contre ce fléau.
En effet, rester les bras croisés n’est pas une option et Caritas Soleil de l’Ouest l’a compris il y a longtemps. Elle a récemment mis en place un nouveau projet intitulé Family Violence, qui fait partie d’un programme global de soutien familial et d’accompagnement qu’elle mène depuis plusieurs années dans plusieurs villages de l’Ouest, dont Chamarel, Le Morne, Case-Noyale, La Gaulette et Coteau-Raffin, entre autres, où la violence au sein des familles reste problématique. Profondément humain, le projet Family Violence a été à son tour conçu, nous explique Sabrina Lapierre, counsellor au sein de Caritas Soleil de l’Ouest, pour accompagner les victimes de violences domestiques dans un parcours de reconstruction. «Caritas Soleil de l’Ouest a un programme utilisant une méthodologie d’approche systémique, Strong Families, Stronger Communities, mise en œuvre pour répondre aux besoins des membres de la communauté dans notre catchment area. Fidèle à notre slogan, Ensemble pour le bien-être de la communauté, chaque activité que nous entreprenons reflète notre vision : promouvoir le bien-être holistique de nos clients. Le projet Family Violence vient appuyer cela et fait partie de notre programme holistique qui vise à apporter du soutien et un accompagnement à tous ceux qui sont affectés par ce fléau croissant qui affecte notre société.»
Avec la mise en place du Family Violence Support Group, lance cette dernière, l’objectif est de créer un espace sûr et bienveillant où les victimes de violences familiales peuvent s’exprimer librement, se reconstruire et retrouver confiance en elles. «Le Family Violence Support Group repose sur plusieurs piliers. Nous voulons avant tout créer un espace sûr et sain/bienveillant afin que les survivant(e)s puissent parler de leurs expériences en toute confidentialité. Nous souhaitons les aider à donner sens à leur vécu et à se retrouver en soi-même, tout en encourageant le soutien mutuel afin qu’elles ne se sentent pas seules. Les aider à développer un lien d’amitié et des connexions sociales est aussi important. Nous voulons aussi les aider à avoir une prise de conscience par rapport à leurs droits et à renforcer leur capacité à agir en toute autonomie, sans oublier le côté psychoéducation et self-care.»
Prévention
Sur le terrain, l’action est plurielle. D’un côté, Caritas Soleil de l’Ouest mène une écoute active grâce à ses travailleurs sociaux. De l’autre, elle organise des activités de groupe, des ateliers et des programmes spécialisés pour soutenir, accompagner et venir en aide aux survivantes de la violence familiale et domestique. Il y a le programme Réflexion Partage Parents pour les adultes, le Social Emotional Learning dans les écoles primaires et le Problem Management+, développé par l’Organisation mondiale de la santé pour aider à gérer le stress et les traumatismes. C’est ce que nous explique Sylvia Figaro, social worker auprès de l’organisation non gouvernementale (ONG). «La sensibilisation à travers les programmes d’accompagnement de groupe est importante. 22 % des clients que nous accompagnons ont été victimes de violence familiale. Nous avons aussi pu mettre en place un système de référencement vers d’autres services. En interne, cela se traduit par le counseling individuel pour les adultes et les enfants, la sécurité alimentaire et le jardin communautaire, alors qu’en externe, nous créons des ponts vers des professionnels de santé ou d’autres ONG partenaires.»
Leur approche, souligne notre interlocutrice, est donc centrée sur la prévention et l’intervention. «La prévention est surtout accentuée lors de nos interventions pour une prise de conscience et aussi pour le renforcement des capacités avec les écoles primaires et pré-primaires de la localité. La modalité principale que nous utilisons dans la prévention, c’est de promouvoir une santé mentale positive, surtout chez les jeunes, afin de réduire les risques de troubles mentaux. Sinon traités, ces problèmes de santé mentale peuvent amener à des comportements agressifs et à des violences basées sur le genre, entre autres problématiques. Nos interventions avec les adultes et les enfants sont principalement axées pour traiter la détresse psychologique.»
Malgré les difficultés rencontrées sur le terrain, telles que la peur des victimes de s’ouvrir aux autres et que leur confidentialité soit compromise, ainsi que la normalisation du fléau, le travail abattu par l’ONG a permis de voir des changements importants chez les bénéficiaires du programme. «Nous avons pu observer une plus grande prise de conscience des survivantes de violences domestiques et une meilleure participation des hommes dans les sessions de counseling.» Mais le chemin à parcourir reste encore long. Caritas Soleil de l’Ouest entend poursuivre ses efforts et élargir le champ d’action du projet. Une nouvelle étape est déjà en réflexion : travailler avec les auteurs de violence, dans le cadre d’un programme de groupe. Car prévenir, ce n’est pas seulement protéger les victimes ; c’est aussi agir auprès des auteurs. Afin d’avoir des familles plus fortes et harmonieuses, il ne faut pas seulement traiter les conséquences, mais aussi s’attaquer aux causes.
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