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Price Stabilisation Fund : les Mauriciens partagés entre espoir et scepticisme

11 août 2025

Un nouveau mécanisme pourrait être mis en application ce mois-ci, comme annoncé lors du dernier Conseil des ministres. Il s’agit du Price Stabilisation Fund, visant à préserver le pouvoir d’achat des Mauriciens face à la montée des prix internationaux. Le gouvernement prévoit d’injecter 10 milliards de roupies sur cinq ans pour réduire le coût des produits essentiels tels que le lait ou l’huile. Toutefois, cette mesure sera-t-elle réellement un game changer et apportera-t-elle un soulagement concret ? C’est la question que nous avons posée à certains d’entre eux, afin de recueillir leurs impressions et leurs attentes.

Sunil Foolchand, ex-professeur en économie : «Encourager les vendeurs à être plus transparents…»

«La mise en place d’un prix de vente maximum est une initiative constructive qui pourrait jouer un rôle essentiel dans la régulation du marché, en particulier à Maurice où les prix des produits de consommation augmentent régulièrement. Ce système consisterait à fixer un plafond de prix sur certains produits, afin d’éviter les abus et de pro-téger le pouvoir d’achat des consommateurs. Par exemple, un produit importé, une fois passé par le pro-cessus de dédouanement et incluant la TVA, pourrait revenir à 200 roupies. Si l’État autorise une marge bénéfi-ciaire raisonnable de 40 %, alors le prix de vente final ne devrait pas dépasser 280 roupies. Cela permettrait non seulement de limiter les prix abusifs, mais aussi de stimuler la concurrence entre vendeurs. En plus de protéger les consommateurs, ce mécanisme encouragera les vendeurs à être plus transparents sur leurs marges, tout en conservant leur liberté d’action.»

Miss Bibi Shahina Chattun : «Investir dans la production locale»

«Cette initiative aidera les consommateurs, mais seulement à court terme. Nous devons réfléchir à des stratégies à long terme, par exemple en encourageant la production locale à grande échelle à Maurice plutôt que d’importer des produits de l’étranger. Combien de temps le gouvernement pourra-t-il aider la nation ? Nous, Mauriciens, devrons être capables de produire à Maurice. Mais comment ? En incitant les jeunes à se former à l’agriculture, et en accordant des subventions aux entrepreneurs pour les encourager à investir dans la production locale. Dans ce contexte, nous serions indépendants et les prix ne grimperaient pas, puisqu’il n’y aurait pas de coûts d’importation. Les consommateurs doivent connaître leurs droits. Je pense que le gouvernement devrait aider les personnes pauvres, car les autres peuvent se permettre d’acheter ces produits.»

Pascal Tron, habitant de St-Pierre : «Vers une autonomie alimentaire grâce au soutien aux PME et aux familles»

«Le Price Stabilisation Fund pourrait en effet être une bonne initiative, mais personnellement je pense que pour aider de nombreuses familles mauriciennes, le gouvernement devrait fixer un prix maximum sur les produits essentiels, donner des subventions aux familles vulnérables. Mais aussi aider les petites entreprises (PME) à produire localement. En donnant des subventions aux PME agricoles et alimentaires, le pays pourra produire plus de nourritures sur son territoire. Cela réduira la dépendance aux importations et aidera Maurice à devenir plus autonome sur le plan alimentaire. Mais pour que cela fonctionne, il faut une bonne organisation, un bon suivi, et un ciblage clair des bénéficiaires.»

Kellia Martina, Cottage : «Une nécessité de réformes structurelles»

«À mon sens, la mise en place du Price Stabilisation Fund constitue une initiative louable dans la mesure où elle vise à atténuer l’impact direct des fluctuations inter-nationales sur des produits de première nécessité tels que le lait ou l’huile. Cependant, si cette mesure peut offrir un soulagement ponctuel et concret sur certaines postes de dépense, elle ne saurait, à elle seule, inverser la tendance générale à la hausse du coût de la vie. Les effets réels dépendront étroitement de la bonne gestion de fonds, de la transparence dans la répercussion des baisses de prix au consommateur final et de la capacité à élargir, si nécessaire, la liste des produits subventionnés. Pour un changement plus profond et durable, cette initiative devrait s’accompagner de réformes structurelles visant à réduire notre dépendance aux importations et à stimuler la production locale.»

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