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16 novembre 2025 20:11
Au domicile des Hossenbocus, à Roches-Brunes, une immense tristesse se mêle à un non moins immense sentiment d’indignation. Face au décès tragique de Muzammil, 30 ans, et aux circonstances incompréhensibles qui l’entourent, les membres de cette famille sont complètement désemparés. Mehmet, 62 ans, entouré de sa fille aînée Shamirah, 33 ans, et de son benjamin Arshaad, 27 ans, exprime sa souffrance et sa colère.
«Nou oule zis lazistis. Nou anvi kone kouma sa zenn sofer-la inn kapav large lor parol landime lamor mo garson ek gagn kosion so lindi. Li pena lisans. Li ti sove linn ale. So alkotes ek so drug test ti positif. Kifer inn met zis sarz omisid involonter lor li apre tou seki linn fer ? Sofer-la ek so kamarad inn kit mo garson koumsa mem lor sime zot inn sove apre aksidan», s’insurge Mehmet.
Muzammil Hossenbocus, un jeune homme très connu et très apprécié, a perdu la vie après un tragique accident de la route survenu dans la soirée du 7 novembre à Camp-Levieux, Rose-Hill. Il circulait à moto quand il a été heurté par une voiture dont le conducteur ainsi que son passager ont ensuite pris la fuite, abandonnant le véhicule – une voiture de location – sur place. Grièvement blessé, il a été transporté à l’hôpital Victoria où son décès a été constaté peu après son admission. Le conducteur et son passager ont, eux, été arrêtés le samedi 8 novembre après une véritable chasse à l’homme.
Arshaad a été le premier à se rendre sur les lieux du drame le soir fatidique. «Aksidan-la finn arive 75 met ek nou lakaz. Nou ti sorti Rose-Hill ansam sa swar-la. Enn lazourne mo frer ti okipe ek bann preparatif pou enn program dan Centre de Documentation et de Dialogue. Enn lekip ansam ek li ti organiz enn partaz lor Coran laba. Sipoze fer sa samdi 8 novam. Nou ti lor sime retour kan mo frer finn fer sa aksidan-la. Li ti lor moto. Mo ti dan loto. Robo ti rouz pou mwa. Mo frer ti pe roule divan. De lwin mo’nn trouv enn loto pe fer zigzag pe vini. Mo’nn dir ek momem : get sa fou-la. Se sa loto-la mem kinn touy mo frer. Li ti res zis 35 segon pou ran lakaz. Mo frer inn gagn enn lamor orib. Sofer-la inn trenn li lor plizir met avan aret so masinn», s’indigne le jeune homme.
Il a retrouvé son frère agonisant sur l’asphalte. «Bann dimounn landrwa ti fini koumans vini. Sofer-la ek so pasaze ti ankor lamem. Nou pa ti kone zot sa. Zot finn gagn pou dir mwa ki de dimounn inn galoupe inn sove. Lor bann zimaz kamera trouv zot apre kouma pe kit baz-la trankil pe marse pe ale», souligne Arshaad.
Muzammil Hossenbocus, dit-il, est aujourd'hui, très regretté par sa famille, ses amis et tous ceux qui l'ont connu. Il était très populaire en raison de son engagement dans le social. Il venait également d’organiser un concours de récitation du Quran. «Muzammil venait aussi de se marier le 28 juin dernier. Son épouse Shifa Hooboyekhan est dévastée par cette terrible perte. Li pe demann kouraz a So Rabb pou sirmont sa bann moman difisil la ek li krwar ki enn zour li pou rezwenn so misie dan Jannah. Notre mère est également inconsolable. Nous sommes tous dévastés. Et notre famille est également révoltée par la décision du DPP de libérer le chauffeur sous caution après ce qu’il a fait», lâche Shamirah avec colère.
La police a organisé une reconstitution des faits le 13 novembre mais cet exercice a dû être annulé car une foule de gens était descendue dans la rue ce jour-là pour exprimer sa colère.
La police, de son côté, a tenu à clarifier la situation par le biais d’un communiqué de son service de presse. Ledit document stipule que les deux suspects arrêtés ont passé la nuit de samedi à dimanche derniers en détention policière. Ils ont comparu devant la Bail and Remand Court le 9 novembre. La police avait annoncé son intention de s’opposer à leur remise en liberté provisoire. Toutefois, le bureau du Directeur des poursuites publiques n’a pas approuvé cette démarche (il explique pour quelles raisons dans un communiqué - voir hors-texte). La police précise que les deux suspects ont finalement été libérés sur parole. Ils ont comparu devant le tribunal de Rose-Hill, le 10 novembre pour leur inculpation provisoire. Ils ont été autorisés à rentrer chez eux après. Ils ont fourni une caution de Rs 100 000 et signé une reconnaissance de dette de Rs 300 000. Le conducteur, qui était poursuivi pour homicide involontaire, a de nouveau été arrêté ce samedi 15 novembre sous d'autres chefs d'accusation (voir hors-texte). Son passager fait, lui, l’objet d’une charge provisoire de non-assistance à personne en danger.
Les Hossenbocus ont, eux, retenu les services d’un panel d’avocats comprenant Me Nadeem Hyderkhan et Me Arshad Gassita. «Ils ont écrit au DPP pour contester sa décision de libérer les deux suspects sous caution. Ils ont également demandé une copie de toutes les images des caméras de vidéosurveillance. Comment un jeune de 19 ans, qui n’a pas de permis, a pu louer une voiture à une tierce personne qui avait lui-même loué ce véhicule d’une autre personne?» se demande Arshaad.
Le Sunniy ‘Ulamâ and Aïmmah Council a également pris position dans cette affaire. Il se demande notamment comment dans une affaire pareille le conducteur a pu être relâché sur parole et obtenir la libération sous caution aussi facilement. Il demande a gouvernement d’introduire des lois plus sévères dans les cas de hit and run et concernant les accidents en général.
Le bureau du DPP s’explique dans un communiqué ; le conducteur impliqué à nouveau arrêté
Dans un communiqué émis le samedi 15 novembre, le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) a tenu à apporter des clarifications quant à sa décision d’accorder la liberté sous caution au conducteur ayant mortellement renversé Muzammil Hossenbocus à Camp-Levieux. Informé de cet accident le dimanche 9 novembre, cette instance avance que le Station Commander du poste de police de la localité aurait formulé une requête pour que le suspect reste en détention policière, en évoquant que ce serait pour sa propre sécurité. Il ajoute qu’à aucun moment, les forces de l’ordre ne l’auraient informé des circonstances entourant cette tragédie. Ainsi, le bureau du DPP aurait jugé que le suspect devrait être relâché, estimant que le motif avancé par la police était injustifié.
Après avoir pris connaissance des incidents survenus à Camp-Levieux le jour de l’exercice de reconstitution des faits, soit le jeudi 13 novembre, où les membres du public ont fait part de leur mécontentement dans la manière dont cette affaire a été traitée, une réunion d’urgence a été convoquée dès le lendemain avec les enquêteurs responsables de cette affaire. Ce ne serait que le vendredi 14 novembre, apprend-t-on dans ledit document, que le bureau du DPP aurait appris que le conducteur impliqué ne détenait pas de permis de conduire, avait été testé positif à la drogue, n’avait pas porté assistance à la victime et que des boissons alcoolisées avaient été découverts dans son véhicule. Il indique que s’il avait été informé de ces faits plus tôt, le suspect aurait connu un tout autre sort.
En se basant sur les informations qui lui ont été communiquées par la suite, l’instance a recommandé à la police de loger de nouvelles charges provisoires contre le suspect qui reflèterait la gravité du délit commis, soit : involuntary homicide by imprudence, culpable omission, driving under the influence of drugs et driving without a valid driving licence. Compte tenu des circonstances de la tragédie, le bureau du DPP a ainsi agréé à la demande de la police pour que le suspect soit maintenu en détention policière. Il a été arrêté une nouvelle fois ce samedi 15 novembre et comparaîtra à nouveau devant la Bail & Remand Court (BRC) ce dimanche 16 novembre.
Le bureau du DPP avance avoir également pris connaissance de la déclaration du DASP Suhail Lidialam à la presse ce vendredi 14 novembre. Il déplore que celui-ci ait omis de préciser que des informations cruciales ne lui avaient pas été communiquées en premier lieu. «This omission misinformed the public and gave the impression that this Office was made aware of all the relevant facts and circumstances of the case from the outset. This omission, in our view, is very unprofessional and, if made deliberately, is unethical and dishonest.»
Une marche en hommage aux victimes d’accidents
Save the date. Le Mouvement pour la Sécurité et la Justice Routière organise une marche pacifique dans les rues de Rose-Hill, le samedi 22 novembre, à 10 heures, pour rendre hommage à Amrita Luchmun, au petit Kelian Alfred, 3 ans, à Laeticia Ramkalawon et Muzammil Hossenbocus, tous décédés ces dernières semaines, ainsi qu’aux autres victimes de conducteurs imprudents sur la route. La marche débutera au Plaza pour prendre fin à la Place Margéot.
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