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La Mondrain Reserve à Henrietta

Un véritable sanctuaire de la biodiversité mauricienne

27 septembre 2025

Jean-Hugues Gardenne, responsable du financement et de la communication à la MWF, explique que des projets ambitieux sont déjà en cours dans la réserve.

La superficie de cette réserve naturelle passe de cinq à 10 hectares grâce à un accord avec le groupe Médine ! Ce qui permettra à la Mauritian Wildlife Foundation d’y cultiver encore plus d’espèces endémiques menacées, tout en réhabilitant des plantes rares découvertes par Gabriel D’Argent. Plus de 199 espèces indigènes et endémiques cohabitent actuellement sur le site, soutenu par un projet de l’Union européene visant la restauration écologique, l’écotourisme et la participation communautaire. Cette réserve devient un symbole de résilience et de préservation, garantissant un refuge durable pour la biodiversité mauricienne. Une visite s’impose…

C’est un matin ensoleillé sur ce flanc de montagne à Henrietta. Un vent frais traverse les crêtes, portant avec lui le parfum subtil des bois et des fleurs indigènes. Aujourd’hui, la Réserve de Mondrain, anciennement associée au Chassée Moon, vit un moment historique. Une équipe de la Mauritian Wildlife Foundation (MWF) s’affaire à préparer des pots pour des espèces endémiques de l’extension du site.

Rameshwar Digumber, biologiste au département de la conservation des plantes à la MWF, et sa collègue Vanousha Pillay, Project Support Officer, préparent la terre à main nue. Non loin de leur pépinière improvisée, des pots de plantes rares attendent patiemment leur acclimatation avant d’être mises en terre dans les mois à venir. Parmi elles, le Zanthoxylum heterophyllum et le Senecio lamarckianus, deux trésors botaniques menacés, sont sur le point de retrouver un habitat sécurisé.

L’air frais est rempli d’une énergie particulière. Les membres de la MWF parlent doucement des espèces qui bordent le sen- tier : des noms que peu connaissent hors du cercle des botanistes, qui résonnent comme des légendes pour ceux qui ont consacré leur vie à la conservation. Ici, chaque plante raconte une histoire. Par exemple, l’Hibiscus genevei, considéré disparu, qui renaît parmi les fougères et les orchidées. Pour la petite histoire, c’est par le biais d’un tableau peint par une dénommée Malcy de Chazal-Moon (1803-1880), alors qu’elle avait 17 ans, qu’on a redécouvert l’existence de cet hibiscus dans la réserve. L’artiste faisait une marche dans les environs lorsqu’elle s’est arrêtée pour faire ce dessin.

Il n’y a que trois plantes dans la réserve qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Parmi, le Syzygium pyneei, surnommé Bois de pomme, témoigne de la patience et de la persévérance des équipes sur plusieurs décennies. Cette réserve surplombant la vallée de Magenta peut désormais accueillir plus de plantes et de projets car elle a doublé sa superficie grâce à un accord historique avec le groupe Médine. Passée de cinq à dix hectares, elle est désormais officiellement protégée jusqu’en 2073, assurant un refuge à long terme pour une biodiversité fragile. «C’est un moment de fierté pour tous ceux qui travaillent pour la nature à Maurice», confie Jean-Hugues Gardenne, responsable du financement et de la communication à la MWF. Il explique que des projets ambitieux sont déjà en cours. Bientôt, il y aura un centre de visiteurs et une pépinière installés sur place, offrant aux Mauriciens et aux écotouristes une immersion dans la richesse de la flore locale.

Riche histoire

Vanousha Pillay et son collègue Rameshwar Digumber préparent la terre à main nue dans leur pépinière improvisée.

L’histoire de la Réserve de Mondrain commence en 1979 lorsque la Royal Society of Arts and Sciences de Maurice entame un programme de restauration forestière. Mais c’est avec l’arrivée de la MWF en 1982 que le projet prend une dimension nouvelle, avec la réhabilitation de nombreuses espèces disparues ailleurs sur l’île. Chaque arbre planté, chaque fougère protégée raconte l’histoire d’une île en quête de sa mémoire écologique. Dans ce contexte, la figure de Gabriel D’Argent reste omniprésente. Jusqu’à son décès en 2019, celui-ci parcourait la réserve, pédalant plusieurs kilomètres chaque semaine pour observer et documenter chaque détail. C’est lui qui, en 2015, a découvert le Syzygium pyneei comme nouvelle espèce. Son nom continue de vivre à travers la Turraea dargentiana, une plante baptisée en son honneur en 2016, et l’Hibiscus dargentii nommé en 2025. Aujourd’hui, ses observations et son dévouement inspirent encore les équipes qui poursuivent la restauration de la forêt.

La biodiversité de Mondrain est exceptionnelle, nous dit le biologiste Rameshwar Digumber. Il explique que plus de 199 espèces de plantes indigènes et endémiques y cohabitent, dont 18 espèces d’orchidées et 24 ptéridophytes. Il est fascinant de constater que l’une de ces plantes, l’Oecoclades maculata, orchidée rare presque disparue depuis longtemps ailleurs à Maurice, a développé un mimétisme fascinant, imitant les feuilles mortes pour se protéger des prédateurs. En tout cas, des espèces vitales pour l’équilibre écologique de l’île trouvent ici un havre sécurisé, certaines étant les plantes sauvages de plantes cultivées.

L’extension du site est soutenue par un financement de l’Union européenne. L’initiative, sur cinq ans, prévoit des actions concrètes pour restaurer l’écosystème, développer l’écotourisme durable et impliquer la communauté locale dans des activités participatives. Il ne s’agit pas seulement de planter des arbres, mais de sensibiliser et de créer un lien entre les Mauriciens et leur patrimoine naturel, précise Jean-Hugues Gardenne.

Outre les plantes endémiques natives, à l’instar du Bois mozambique, du Bois d’olive, du Bois chandelle ou encore du Bois de reinette, la Réserve de Mondrain abrite des espèces d’oiseaux endémiques, notamment le Pic-Pic, et parfois aussi la Crécerelle de Maurice. On y trouve également plusieurs membres de la famille des geckos, dont la Blue Tailed et l’Ornate Day Gecko. À l’aube de cette nouvelle ère, les sentiers de la réserve résonnent du bruit discret des pioches, du bruissement des feuilles et des discussions enthousiastes. Chaque membre de la MWF marche avec précaution, conscient de l’importance de son geste. Ici, la nature n’est pas seulement un décor : elle est vivante, fragile et précieuse.

Le groupe Médine, de son côté, confirme son rôle dans la protection de l’environnement en renouvelant le bail et en doublant la surface de la réserve. «C’est un geste rare dans le paysage économique de l’île», souligne Vanousha Pillay. Le partenariat avec la MWF garantit que cette montagne, ces arbres et ces espèces uniques continueront d’être préservés pour les générations futures. Jean-Hugues Gardenne précise que l’objectif est de mettre en terre 40 000 plantes endémiques d’ici 2030.

Alors que le soleil est à son zénith, les premières plantations du projet prennent racine dans le sol. Mondrain n’est plus seulement un sanctuaire pour les plantes, mais un symbole de résilience, d’engagement et d’espoir. Dans chaque feuille, dans chaque fleur se lit l’histoire d’une île qui refuse d’oublier sa richesse naturelle et de ceux qui se battent pour la protéger.

Opportunités d’emploi…

La réserve de Mondrain est une opportunité unique pour les passionnés de nature. La MWF recrute actuellement un technicien en restauration. Le poste consiste à participer à l’entretien et à l’amélioration de la beauté et de la santé naturelle de la réserve, tout en travaillant aux côtés d’une équipe de terrain dynamique et multidisciplinaire. Le package proposé sera attractif et adapté selon les qualifications, l’expérience et la personnalité du candidat. Les candidats intéressés peuvent obtenir davantage d’informations et postuler via le site www.mauritian-wildlife.org/jobs ou en appelant le 6976097 pour toute assistance. Les candidatures seront prises en considération à partir du 19 septembre, et le recrutement se poursuivra jusqu’à ce que les candidats appropriés soient sélectionnés. Nous avons aussi des opportunités d’emploi à temps partiel pour les personnes habitant la région qui souhaitent participer au travail de restauration de la réserve.

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