Publicité

Violente agression à Plaine-Verte

Une banale querelle de stationnement dégénère en «tentative d’assassinat»

23 juin 2025

Une capture d’écran de cette agression sordide qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux.

Ce qui a commencé comme une simple altercation entre voisins au sujet d’une place de stationnement dans une rue à Plaine-Verte s’est transformé en une violente scène d’agression avec coups de sabre, matraque télescopique et blessures graves. Deux frères ont été sérieusement blessés. L’un d’eux a même dû subir une délicate intervention chirurgicale au visage. Deux vidéos relatives à cette affaire sanglante ont d’ailleurs fait le buzz sur les réseaux sociaux. Récit.

La peur d’une nouvelle agression plane comme une ombre tenace dans son esprit depuis ce fameux jour noir où il a vu la mort en face. «Nou per pou nou sekirite.» Cette phrase revient d’ailleurs sans cesse dans sa bouche après l’agression sauvage dont son frère et lui, ainsi que d’autres membres de sa famille, ont été victimes le samedi 14 juin, aux alentours de 19 heures, devant leur maison à Plaine-Verte. Selon les témoignages concordants de Mohin, 46 ans, et de son frère Reaz, 45 ans, l’agression aurait été préméditée et particulièrement violente.

Tout a commencé lorsqu’un homme, connu sous le nom d’Ally, est entré dans une vive colère en raison d’une voiture garée devant la maison de sa belle-mère qui habite la même rue. Il aurait exigé le déplacement du véhicule, menaçant de «kraz loto-la ek met dife ladan» si celle-ci n’était pas retirée de cet endroit. Reaz, prévenu par un appel téléphonique d’un membre de sa famille alors qu’il se trouvait encore à son travail à Tranquebar, a tout quitté immédiatement pour venir s’enquérir de la situation. À peine arrivé sur les lieux, il aurait été attaqué par trois hommes : Ally, Wassim Lalloo et un individu surnommé «Atul marsan poul».

Matraque télescopique

Roué de coups de poing et de pied, il est tombé au sol, perdant connaissance après avoir été frappé violemment à la mâchoire, au cou et au visage, notamment avec un casque et une matraque télescopique. Alerté par les cris de sa mère, son frère Mohin est alors descendu promptement de l’étage de la maison familiale pour voler à son secours. Ce faisant, il a, à son tour, été violemment agressé. Wassim Lalloo aurait alors pris un sabre de son véhicule 4x4 avec lequel il aurait tenté d’égorger Mohin. Ce dernier a réussi à parer le coup, mais a été grièvement blessé au visage, avec des entailles profondes au niveau du nez et de la bouche.

Atul, de son côté, lui aurait asséné des coups de matraque télescopique sur plusieurs parties de son corps. Selon Reaz, leur mère âgée de 68 ans a été projetée au sol alors qu’elle tentait de s’interposer. La scène, filmée par des témoins, montre les présumés agresseurs s’en prenant violemment à cette famille. Ces images ont d’ailleurs fait le buzz sur les réseaux sociaux durant la semaine écoulée. Ces mêmes images ont été remises à la police pour les besoins de l’enquête. Après cette sauvage agression, Mohin a été transporté d’urgence à l’hôpital Jeetoo avant d’être transféré à l’hôpital ENT, où il a dû subir une délicate intervention chirurgicale. Ses blessures au visage ont nécessité la pose de plus de 15 points de suture. Il a été autorisé à rentrer chez lui le 18 juin.

Reaz souffre, lui, d’une fracture de la mâchoire et de multiples contusions mais il a refusé l’hospitalisation, dit-il, afin de s’occuper de ses proches également affectés par l’agression. Il explique que cette affaire a pour toile de fond une banale histoire de parking. Ses trois présumés agresseurs, dit-il, «pa res dan landrwa». L’un d’eux est moniteur d’auto-école. «So belmer res dan nou sime», précise-t-il. Il raconte que cela fait plus de 10 ans qu’il a pour habitude de garer sa voiture vis-a-vis de la maison de la belle-famille du moniteur. Reaz souligne que «zame pann gagn problem avan sa».

Il avance qu’un autre voisin aurait garé sa voiture devant la demeure de la belle-mère du moniteur d’auto-école ce soir-là. Et celui-ci serait entré dans une grande colère lorsqu’en venant sur place, il n’a pu se garer pour déposer les siens. «Mo pa ti la dan sa moman-la. Mo ti ankor pe travay dan mo pet shop. Monn apran ki enn mari diskision inn koumanse dan sime akoz sa problem parking la. Misie-la inn fer vwazin-la tir so loto divan laport so belmer», explique Reaz. La situation déjà tendue se serait détériorée lorsque le moniteur aurait exigé que Reaz déplace également sa voiture.

«Linn menas pou kraz mo loto ek met dife ladan si pa tir li dan sime. Mo frer ek mo papa inn sorti dan sime kan zot inn koumans tann tapaz divan laport. Misie-la inn koumans zour zot. Mo pa ti lakaz, mo ti ankor dan travay. Anplis, mo ti malad, mo ti ena lafiev sa zour-la. Kan monn gagn enn call pou sa problem-la, dan mo lespri, mo ti pe demann momem ki kapav inn arive pou ki sa misie auto-ecole la pe ankoler koum sa parski monn touzour konn li bon garson, me kouma li’nn trouv mwa ariv divan laport, li’nn tir enn sab ek mwa. Li’nn panse ki mo’nn vini ek enn lekip taper», déclare Reaz.

«Monn tonbe»

Le quadragénaire avance que les images mises à la disposition de la police confirment ses propos. «Ou trouv seki mo pe dir la bien dan bann zimaz ki ek lapolis-la. Ou trouv bien kouma zot inn pous mo mama dan video-la. Ou trouv mo belser ousi dan sime sa lerla. Marsan poul inn donn mwa enn kout helmet pandan ki so kamarad Ally et Wassin inn kontign donn mwa kout pie kan monn tonbe. Ti ena ousi sab ek zot. Zot ti al tir sa dan enn 4x4. Zot ti dir zot pou touy mwa», s’indigne Reaz. Il précise que ses trois présumés agresseurs ont d’abord bousculé sa mère avant de s’attaquer à son frère. «Zot inn donn li kout sab dan figir. Lapolis inn vini zis apre. Mo bann fami inn dir mwa ki mo ti fini perdi konesans sa moman-la. Se lapolis mem kinn amenn nou lopital apre.»

La police a déjà ouvert une enquête pour tentative d’assassinat et agression avec préméditation. L’enquête est menée par l’ASP Rajesh Moorghen, un enquêteur chevronné qui a déjà élucidé plusieurs grosses enquêtes dans le passé, dont un cold case de plus de 20 ans, lors de son affectation à Rodrigues il y a quelques années. Il vient également de mettre Al Madani Hossenally, un clerc de notaire habitant Morcellement Raffray, à Pailles, sous les verrous. Ce dernier fait l’objet de plusieurs accusations provisoires pour trafic humain, séquestration et complot.

L’ASP Moorghen a arrêté un premier suspect dans l’affaire d’agression à Plaine-Verte le mercredi 18 juin. Il s’agit de Wassim Lalloo qui est déjà connu des services de police pour son implication présumée dans une affaire de meurtre à Vallée-Pitot en 2023. Le jeune homme a été présenté au tribunal de Port-Louis sous une accusation provisoire de tentative d’assassinat. La police a déjà saisi plusieurs pièces à conviction : un sabre, le véhicule utilisé lors de l’agression, les vêtements des suspects ainsi que le téléphone portable de Lalloo. Son avocat Rama Valayden souligne qu’il collabore avec les enquêteurs.

Trois autres arrestations

La police a arrêté trois autres personnes le vendredi 20 juin. Les deux premières sont Dawood Ally Raza, âgé de 47 ans et habitant Plaine-Verte, et Noor Mohamed Hosenee, 28 ans, portant le sobriquet d’«Atul marsan poul» et habitant Vallée-Pitot. Ce dernier est actuellement en liberté conditionnelle pour deux affaires criminelles. Ils sont tous les deux accusés d’assault with premeditation et d’attempt at murder. S’ils ne nient pas avoir été présents sur les lieux et avoir participé à la bagarre, ils réfutent avoir prémédité celle-ci et avoir tenté de tuer qui que ce soit.

Par ailleurs, le suspect Noor Mohamed Hosenee ne s’est pas opposé à ce que la police organise une descente chez lui à Vallée-Pitot. Lors de cet exercice, les enquêteurs ont saisi une matraque télescopique. La troisième personne arrêtée ce vendredi est le père de Reaz et Mohin. Il fait l’objet d’une accusation provisoire d’agression avec préméditation. Cet homme de 78 ans a été arrêté après la diffusion d’une vidéo compromettante où on le voit s’en prendre à la bande opposée avec une arme. Il a retrouvé la liberté après avoir fourni une caution de Rs 6 000. Sa famille n’a pas souhaité faire de commentaire sur son arrestation.

En tout cas, cette affaire suscite l’indignation à Plaine-Verte où les proches et les voisins de Reaz et Mohin dénoncent un climat de tension grandissant et la crainte d’une nouvelle attaque. «Pa ti ena zis sa trwa-la ki ti la sa swar-la. Ti ena lezot dimounn ankor ek zot. Dan bann zimaz kamera ou trouv enn 4x4. Ti ena ousi enn motosiklet. Se akoz sa ki mo dir ki mo fami ek mwa per pou nou sekirite. Sa bann dimounn-la pa ti per pou menas bann lapolis ki ti la ek zot bann zarm sa swar-la», affirme Reaz. Les deux frères et les siens réclament que justice leur soit rendue et que leurs trois agresseurs soient sévèrement punis.

Publicité