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Par Elodie Dalloo
18 mars 2025 23:18
C’est, d’abord, à cause d’un accident vasculaire cérébral (AVC) qu’elle avait été hospitalisée d’urgence le 6 octobre 2024. Alitée depuis, cette habitante de Baie-du-Tombeau de 71 ans a dû être hospitalisée pendant plusieurs semaines, au cours desquelles elle a développé de profondes escarres. Aujourd’hui, son état continue de s’aggraver, les antibiotiques ne semblant pas faire effet. Se sentant impuissante, sa fille a non seulement adressé une correspondance au ministère de la Santé mais a aussi porté plainte pour négligence médicale. Elle raconte le martyr qu’a vécu sa mère.
Elle est non-voyante et souffre de problèmes d’hypertension, mais c’est néanmoins après un AVC que cette habitante de Baie-du-Tombeau, âgée de 71 ans, a été admise d’urgence à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, le 6 octobre 2024. Les conséquences ont été rudes : elle est désormais clouée au lit, incapable de se déplacer. Souffrant déjà beaucoup des séquelles de cette attaque, la septuagénaire a eu d’autres complications de santé durant son hospitalisation. Des escarres se sont développées sur ses talons ainsi que sur son dos, n’ayant pas été placée sur un matelas spécialisé dans sa condition, et ses plaies continuent de s’infecter. Ne sachant plus à quel saint se vouer, sa fille, Véronique*, a envoyé des correspondances au ministère de la Santé et au ministère de l’Intégration sociale, ainsi qu’au Premier ministre afin qu’une solution soit trouvée pour soulager sa mère. Ce lundi 10 mars, elle a aussi consigné une déposition pour négligence médicale. «Avan mo mama rant lopital, li pa ti ena tousa problem-la. Zot ti kone linn fer enn atak, ki li pa kapav deplas li, me personn pa finn bouz li. Azordi, mo pa pe gagn okenn solision pou mo mama. Akoz enn neglizans, mo ena linpresion ki a nimport ki moman mo kapav perdi li», lâche notre interlocutrice, complètement désemparée.
Le désespoir et la colère s’entendent dans sa voix lorsqu’elle revient sur le martyr qu’a vécu sa mère. Après son hospitalisation le 6 octobre 2024, la septuagénaire aurait passé plusieurs jours à l’Intensive Care Unit, puis à la High Care Unit et c’est au bout d’environ trois semaines qu’elle avait enfin été transférée en salle puisque son médecin «avait jugé que son état de santé s’améliorait». Bien que sa mère était alitée, notre interlocutrice ne s’était pas laissé abattre. Elle avait déjà prévu de lui trouver un physiothérapeute pour l’aider à retrouver l’usage de ses jambes une fois qu’elle aurait quitté l’établissement. Cependant, les problèmes ont bien vite fait leur apparition. Durant ses visites, Véronique relate que «bann nurse-la ti met lasonn avek mo mama me zot pa ti pe sanz li. J’ai dû intervenir à plusieurs reprises pour le leur faire remarquer». Puis, poursuit-elle, «ils lui changeaient rarement ses couches. Ma mère est restée dans des couches et des draps humides d’innombrables fois. Lorsque je le reprochais au personnel, on me répondait que Dry Cleaning pa pe travay ou que pena ase staff. Ce n’est que lorsque je leur ai dit que je ferai une plainte auprès du surintendant de l’hôpital qu’ils ont pris les mesures nécessaires». Elle était loin de se douter que ce n’était que le sommet de l’iceberg.
Plaies infectées
Au bout de quelques semaines, Véronique a commencé à faire d’étranges observations sur le corps de sa mère. «Mo ti remark bann plak ble lor so de talon lipie me mo pa ti pe kone kiete sa. Mo ti koz sa avek bann nurse, zot finn reponn mwa ki zot pou dir so dokter. Me kan zour finn pase, bann blesir-la finn koumans soupire. Ils avaient simplement placé des lingettes sur ses plaies, sans les traiter. J’ai donc décidé de m’adresser directement à son médecin traitant. Linn ankoler, li finn kriy ek enn nurse, inn dir li ki ti bizin met mo mama lor enn lot lili me li pa finn explik mwa kifer li finn gagn sa.» L’état de santé de sa mère était loin de s’être amélioré lorsqu’elle a été autorisée à rentrer chez elle. «J’ai dû prendre quelques jours de congé pour m’occuper d’elle. J’ai sollicité les services d’un physiothérapeute pour l’aider à retrouver l’usage de ses jambes et c’est là que j’ai appris que ma mère avait développé des escarres parce que le personnel de l’hôpital ne l’avait pas placée dans la position appropriée pour une bonne circulation sanguine. Il m’a dit qu’il ne pourrait rien faire pour l’aider et a seulement pu lui prescrire des médicaments pour la soulager.»
C’est finalement le 20 décembre, lors du rendez-vous médical de la patiente, que sa fille a pu en faire part à son spécialiste. En voyant que ses plaies s’infectaient, il lui a recommandé l’hospitalisation. «Linn dir mwa pou bizin donn li antibiotik par lavenn. J’ai accepté qu’ils la gardent à contre-cœur. Ils lui ont aussi fait subir une intervention au talon mais je n’ai pas constaté d’amélioration dans son état de santé. Ma mère a aussi perdu beaucoup de poids parce qu’elle n’avait pas reçu une alimentation adéquate.» Les semaines suivantes, la septuagénaire a été référée à un autre médecin, qui l’a à son tour référée à un spécialiste en chirurgie plastique de l’hôpital Victoria, à Candos. «Kan monn zwenn dokter-la, linn dir mwa pa pou kapav fer plastic surgery dan sa ka-la. Linn dir mwa ki lopital Jeetoo pe pran zot fardo pe met lor so ledo. Linn explik mwa ki si mo mama fer enn gref, li pa pou tini ek si bann antibiotik ki finn donn li pa konpatib ar so lekor. Mo nepli kone ki mo bizin fer pou soulaz li. Tousala finn arive akoz zot neglizans.»
N’ayant obtenu aucun retour du ministère de la Santé après sa première correspondance, elle s’est rendue dans leurs locaux pour s’adresser à leurs officiers, ce mardi 11 mars. Ces derniers lui ont recommandé de leur adresser une nouvelle correspondance pour leur détailler les dernières observations du chirurgien plastique, lettre que Véronique compte leur soumettre en début de semaine. C’est à partir de là qu’ils décideront de la marche à suivre. Entretemps, une enquête policière a déjà été ouverte afin de déterminer s’il y avait bel et bien eu négligence médicale.
(*prénom modifié)
Il met en cause une clinique après le décès de sa mère
Cet homme de 52 ans invite la police à mener une enquête après la mort de sa mère. Il demande également une autopsie de la dépouille de celle-ci. La cause du décès est «multiple organ failure». Mais l’habitant de Curepipe est convaincu que sa maman a été victime d’un mauvais traitement lors de son admission dans une clinique. Il a consigné une déposition à cet effet au poste de police de sa localité le 7 mars. Dans sa plainte, le quinquagénaire explique que sa mère, âgée de 85 ans, avait été admise dans une clinique le 5 février 2025 pour soigner un abcès au ventre. Mais, selon lui, cinq jours plus tard, soit le 10 février, de la matière fécale sortait du vagin de sa mère. Il précise qu’il a fait ce constat lorsqu’il a changé ses vêtements. Révolté, il souligne avoir fait transférer sa maman dans une autre clinique. L’octogénaire est finalement décédée le 7 mars dernier. Son fils est d’avis qu’elle a été victime d’une grosse négligence médicale lors de son séjour dans la première clinique. D’où sa demande insistante pour l’ouverture d’une enquête policière. Selon nos informations, des policiers du poste de Curepipe ont déjà sécurisé quelques documents importants dans le cadre de cette enquête. La direction de la clinique concernée n’est pas restée insensible à cette démarche. Elle nous a fait comprendre, par le biais de son agence officielle de relations publiques et de communication, qu’elle reste ouverte et prête à fournir des éclaircissements sur ce cas après les allégations faites contre elle. La direction de l’établissement souligne également que sa principale préoccupation concerne la responsabilité liée au partage de renseignements sur les patients, étant donné que ces renseignements sont protégés en vertu du Data Protection Act et d’autres dispositions relatives à la confidentialité des patients conformément aux lois locales.
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