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Anaïs Mohabeer, atteinte de surdité : le monde merveilleux d’une belle demoiselle

31 octobre 2016

Quelques sons. Des bribes de conversation. Le tempo d’une musique qui résonne dans son cœur. Autour d’elle, le monde est fait principalement de silence. Anaïs Mohabeer est sourde mais grâce à un appareil, elle peut avoir une capacité auditive de 10 %. Mais elle est surtout une belle jeune femme. Avec ce qu’il faut de charisme et de charme. Dès le premier contact, c’est son sourire, qui fait briller ses yeux, que l’on remarque, pas son appareil. Comme un rayon de soleil qui se serait égaré dans sa maison de Cité Sainte-Claire à Goodlands. Elle penche la tête et ses beaux cheveux bouclés suivent le mouvement. Elle est so fresh ! D’ailleurs, avec son physique de mannequin, elle est inscrite dans une agence et a fait un défilé et des photos professionnelles.

 

Mais celle qui aime la peinture, le maquillage, le football et la danse (elle a une très belle vidéo d’elle dansant devant la Tour Eiffel), a un magnifique secret. Dans la maison de son grand-père (qui se trouve dans la même cour que la sienne), elle a aménagé un atelier. Alors que ses parents sont au travail et qu’elle se retrouve seule dans son monde de bruits étouffés, elle manie avec dextérité scie sauteuse, perceuse visseuse, pistolet à colle et câbles électriques. Et de ses mains naissent des objets uniques, généralement faits de matériaux recyclés. D’ailleurs, pour nous, elle a aligné ses plus belles réalisations sur la table de la salle à manger : des lampes faites avec des guidons de bicyclette, des floppy disks, des jantes de roues de camions, des petites guitares…

 

Des premiers mots échangés – elle lit sur les lèvres et répond –, elle nous parle de cette passion pour la création d’objets, de son envie d’exposer ses chefs-d’oeuvre un jour et de montrer aux gens qu’on peut avoir un handicap mais avoir également de nombreux talents. «C’est avec mon grand-père que j’ai tout appris. Il m’a montré comment manier ces outils. Puis, quand il est mort, j’ai continué.»

 

Aujourd’hui, à 19 ans, celle qui vient de commencer des cours à la JR School pour devenir électricienne (un autre de ses rêves), a trouvé une façon d’avancer en créant de belles choses de ses mains, en remplissant sa vie de rêves à réaliser et d’aventures à vivre (elle imagine bien une vie en France, où elle sent moins le poids du regard des autres, confie-t-elle). Une bouffée d’air frais pour ses parents de la voir si engagée dans sa vie, si passionnée.

 

Parce que ces dernières années n’ont pas été faciles. Il y a eu des moments de doute, de tristesse (avec la perte de son oncle et de son grand-père à quelques mois d’intervalle). Des instants de douleur intense que sa maman Magda nous raconte en pleurant, où Anaïs ne voulait plus sortir de chez elle : «Je crois que c’est là qu’elle a compris qu’elle était différente et elle ne l’a pas supporté.»Des voyages en France, chez la sœur de Magda, pour changer d’air, pour apprendre à aimer la vie à nouveau, des mauvaises rencontres, des fausses promesses et de la bataille continue contre la dépression. «Je suis tellement heureuse de la voir comme ça. Son père et moi, nous ferons toujours de notre mieux pour l’encourager et l’encadrer.»

 

D’ailleurs, le couple Mohabeer, parent également de Benji, 11 ans, offre à leur belle demoiselle une très belle vie. «Nous lui achetons des appareils auditifs de qualité. Nous l’aidons dans ses passions. Ce n’est pas facile financièrement tous les jours. Mais nous y arrivons avec l’aide de toute la famille.»Grâce aux siens, Anaïs peut laisser libre cours à son imagination… dans son merveilleux monde à elle.

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