Ce que je suis devenue : «Je suis restée la même. J’ai toujours été une battante, une travailleuse, et je fais toujours en sorte d’avoir un ou plusieurs buts dans ma vie. Je suis toujours cette femme indépendante, sûre d’elle, qui a grandi mentalement. Je suis aussi plus mûre et je réfléchis beaucoup plus avant de prendre une décision. Je me remets aussi beaucoup en question car je suis une personne qui pratique beaucoup l’autocritique.»
Ma nouvelle vie : «J’ai quitté l’île Maurice sur un coup de tête il y a sept ans. J’ai beaucoup voyagé. Comme je suis indépendante, je travaille dur pour arriver à atteindre mon but. Je ne compte que sur moi. La semaine, du lundi au jeudi, je travaille dans un hôtel comme barmaid. Le week-end, je bosse dans une boîte de nuit. Je consacre mes journées à ma peinture, ma passion. Les gens ici, en France, adorent mes trompe-l’œil. Moi aussi je les adore. Chaque trompe-l’œil est différent et spécial parce que tout se passe dans ma tête. J’ai juste une idée de base au départ et je ne sais jamais comment ça va se terminer. Voilà toute la magie de l’art. Ma vie, c’est mon art. C’est ma raison de vivre.»
Mon bonheur : «Ce que j’aime, c’est de pouvoir continuer à travailler ma passion comme un métier. Vivre pour mon art, croire en moi, pouvoir créer encore des tableaux ou des trompe-l’œil, m’aident à rester positive quand je regarde ma vie. J’ai une très belle vie.»
La source : «L’art a toujours été dans ma vie depuis ma tendre enfance. J’ai commencé à dessiner et peindre à l’âge de 12 ans. À l’époque, je vendais mes posters en faisant du porte-à-porte avec mon jumeau. Je suis née dans une famille très pauvre et à 12 ans, j’ai dit à ma mère qu’un jour, je deviendrai une artiste-peintre très connue. J’ai grandi avec beaucoup de problèmes, les difficultés de la vie. À cause de ma différence, j’ai été maltraitée, insultée, mais j’ai toujours dit qu’un jour, je serai une artiste et que je ferai mon opération même si je devais avoir beaucoup de patience. J’ai fait deux tentatives de suicide. Mon art m’a toujours sauvée. J’avais, grâce à lui, une porte de sortie. Après les six expositions en solo que j’ai réalisées un peu partout à Maurice, j’avais même ouvert une galerie à Grand-Baie. Après quatre ans, je me suis rendue en France pour mon opération. J’ai atteint mon but ultime. Pendant ma convalescence, j’étais sous tranquillisants. Je réfléchissais à ce que j’allais faire de ma vie maintenant que j’avais réalisé mon désir le plus fou. C’est là que j’ai pris la décision de quitter Maurice pour aller en France et me lancer dans une carrière internationale. En janvier 2013, j’étais en France. Je ne connaissais personne. J’ai pris une décision un peu folle mais je ne regrette pas. J’ai dû tout recommencer à zéro. J’ai rencontré beaucoup de complications administratives mais je suis une battante et je ne baisse pas les bras rapidement.»
Aujourd’hui… : «Je suis maintenant très bien intégrée et j’ai monté ma première exposition en France sans sponsors. J’ai tout investi toute seule et c’est ma plus grande fierté. J’ai aussi eu la chance d’avoir mes amis et mon jumeau à mes côtés. Comme je dis souvent, je suis tellement bien entourée que je n’ai besoin de rien d’autre dans la vie. Quand vous avez des gens qui vous aiment autour de vous, tous est possible.»
Autour d’une exposition : «Mon exposition, qui a eu lieu à l’hôtel Ibis, 39 boulevard Robert Jarry, au Mans, était sur le thème de l’univers. Mon art n’a pas de limite ; je veux tout apprendre et j’ai encore beaucoup à apprendre. L’art est vaste… Pourquoi se coller une étiquette de style ? Moi, je n’aime pas ça !»
Et Maurice ? «Une future exposition dans mon île ? Bien sûr, j’aimerais revenir à la source. Mais je n’ai pas de date en tête. J’ai tellement de choses à faire ici.»