Publicité

2025 ou la déception face à un gouvernement porteur d’espoir !

28 décembre 2025

Autant la fin de 2024 était marquée par une euphorie post-électorale nourrie de rêves et de lendemains meilleurs, autant ce décembre 2025 est empreint d’un profond désenchantement. Et signe la fin d’une année pendant laquelle les déceptions se sont succédé, laissant place à un sentiment de trahison, tant l’Alliance du Changement a manqué à sa parole et aux promesses qui l’avaient portée au pouvoir.

Le Premier ministre aura beau affirmer qu’il ignorait l’ampleur de la situation et qu’il ne cherche pas à devenir populaire – comme il l’a déclaré sur Radio Plus –, sa gouvernance laisse planer une impression d’escroquerie politique.

Qu’il s’agisse de son engagement personnel – non tenu – de rendre des comptes à la population tous les 100 jours, ou des mesures phares annoncées en campagne électorale ( gratuité des transports et de l’internet, réduction des tarifs de l’électricité et des médicaments pour les personnes âgées, soulagement du coût de la vie), le constat est amer. Les prix des produits de première nécessité n’ont pas connu de baisse conséquente malgré quelques ajustements cosmétiques. C’est ainsi que l’Alliance du Changement boucle sa première année sur un vent d’impopularité à la hauteur des espoirs suscités fin 2024.

Certes, on peut comprendre que l’ancienne équipe du MSM n’avait pas dit toute la vérité sur l’état des finances, que les dettes publiques nous étranglent et que Ramgoolam ne dispose pas d’un «baton mazik». Il n’en demeure pas moins que ce gouvernement a puisé dans les caisses de l’État pour indemniser l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice (Sithanen), pourtant contraint à la démission. Des sacrifices pour les uns, des millions pour les autres…

Si la déception a graduellement gagné une partie des Mauriciens, c’est aussi en raison du relèvement de l’âge de la pension à 65 ans, une décision vécue comme un veritable coup de poignard dans le dos de nombreux travailleurs. Ceux-là se sont sentis trahis, estimant – à juste titre – que Ramgoolam et ses alliés n’auraient jamais remporté les législatives si une telle mesure figurait dans leur programme. La récente annonce de la compensation salariale à Rs 635 et les recommandations du rapport PRB – qui n’aura pas d’effet rétroactif et qui se réalisera en deux fois – cristallisent ce sentiment d’avoir été induit en erreur.

Cela dit, tout n’est pas – et heureusement – entièrement sombre. Plusieurs décisions prises par l’Alliance du Changement vont dans le sens d’un renforcement démocratique. Là où Jugnauth et son équipe étaient accusés d’autocratie, le nouveau pouvoir envoie quelques signaux positifs : rétablissement des prérogatives du Directeur des poursuites publiques (DPP), tenue des élections municipales – malgré une abstention dépassant les 70 % et l’absence du MSM et du PMSD de la course –, retour à un climat courtois au Parlement (bien que certains arbitrages restent contestés) et transformation notable de la MBC. Autant d’indices encourageants laissant entrevoir une volonté de réinscrire Maurice parmi les démocraties respectueuses de leurs institutions.

S’il y a une plateforme qui a occupé les colonnes de l’actualité cette année, c’est bien la Financial Crimes Commission (FCC) – du moins avant d’être elle-même fragilisée par une crise interne – qui s’est illustrée par une série d’enquêtes et des arrestations visant des figures de l’ancien pouvoir, allant de Jugnauth à Padayachy en passant par l’ex-gouverneur de la Banque de Maurice (Seegoolam).

Les enquêtes ont ensuite gagné les Casernes centrales, avec l’arrestation de plusieurs hauts gradés soupçonnés de détournement de fonds issus de la caisse dite du Reward Money, destinée à récompenser des informateurs. Reste désormais à savoir quelles suites concrètes seront données à ces dossiers qui ont rythmé l’année 2025.

Parallèlement, certaines nominations, perçues comme des récompenses accordées à des fidèles au détriment de la transparence et de la méritocratie, ont terni le discours de rupture porté par l’Alliance du Changement avant son accession au pouvoir. L’image de népotisme projetée par la nomination du gendre de Bérenger à Airports Holdings Ltd et de la fille du député Juman à la Competition Commission – nominations finalement abandonnées sous la pression populaire – a éclaboussé un pouvoir donnant l’impression de reproduire les mêmes pratiques que ses prédécesseurs.

Enfin, cette première année a également révélé des tensions internes au sein de l’Alliance : attaques publiques entre alliés (Babooram–Navarre-Marie), commentaires maladroits de certains députés (Juman à l’égard de Rezistans ek Alternativ), confusion entre fonctions ministérielles et état-major politique (Rezistans ek Alternativ). Des incidents se révélant, au final, secondaire car éclipsés par la menace de démission du leader du MMM, suivie d’un retour au calme – du moins pour l’heure.

Autant de secousses, de tensions et de désillusions qui confèrent à cette fin d’année 2025 un goût de désenchantement, loin de l’euphorie de décembre 2024 où l’espoir flottait dans l’air et où les rêves d’une meilleure île Maurice étaient réels…

Publicité