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12 octobre 2020 01:03
Des sourires. De l’émotion... Mais aussi de la fierté. Pour marquer les 15 ans du Collectif Arc-en-Ciel (Caec), l’organisme qui milite pour les droits des personnes de la communauté LGBTQ+ à Maurice, ils étaient nombreux, ce samedi 10 octobre, à marcher dans les rues de Rose-Hill, «au nom de l’amour». C’est au Plaza, là où tout a commencé, que ceux qui militent pour la cause homosexuelle et pour que tous les Mauriciens jouissent des mêmes droits s’étaient donné rendez-vous pour faire entendre leur voix et célébrer cette étape spéciale pour l’organisme militante.
C’est autour du thème «Eski to tann mwa ?» – comme un cri du coeur lancé aux autorités mais aussi à toute la nation – que ceux présents dans la foule, jeunes et moins jeunes, pancartes en main, masques sur le visage, certains vêtus de T-shirts blancs avec les slogans comme «Ziz mo konpetans, pa mo lapparans» ou encore «Mo anvi promne san gagn maltrete», étaient réunis. Car pour eux, «tout le monde, peu importe son orientation sexuelle, à sa place dans la société mauricienne». Selon le collectif, «les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres sont quotidiennement victimes de harcèlements, de menaces et d’agressions dans les lieux publics». Et ceux qui ont marché ce samedi – certains sont des fidèles qui répondent présents chaque année et d’autres y étaient pour la première fois – partagent aussi l’avis qu’«aucun individu ne devrait se sentir en danger de par son identité».
Ayant lieu normalement en juin mais repoussée cette année à cause de la crise sanitaire, la Marche des Fiertés de cette année coïncide avec la Journée internationale du coming out, observée aujourd’hui, dimanche 11 octobre. Cela a donné un cachet très spécial au rassemblement de cette année car cette démarche très personnelle – le coming out – est l’occasion pour les membres de la communauté LGBTQ+ d’affirmer leur identité et aussi de «rappeler que trop souvent, beaucoup sont dans l’obligation de se cacher au risque d’être victimes de violences»...
Et qui dit anniversaire, dit souhaits... Les marcheurs, gays et gay-friendly, présents à cette initiative pour «passer un message de tolérance», n’ont pas manqué d’exprimer leur gratitude envers le Caec qui, année après année, a tenu bon pour défendre les droits de la communauté homosexuelle. Et dans la foule, ils étaient aussi nombreux à se souvenir du triste épisode de 2018 quand, à cause de contre-manifestants, la marche à Port-Louis avait été annulée. «C’est ma deuxième participation à La Marche des Fiertés et je trouve que c’est une bonne et belle façon de célébrer qui nous sommes. Je me sens bien et heureuse avec toutes ces personnes qui croient dans la tolérance et l’acceptation de l’autre. Je souhaite au collectif du courage pour continuer la lutte», nous confie Chloé Jean-Baptise. Pliny Soocoormanee souhaite aussi que les choses bougent dans le pays : «Je souhaite au collectif de progresser dans son combat et que les lois changent concernant les personnes de la communauté.» Michel Cundasamy, qui a vu le collectif cheminer depuis le commencement, trouve magnifique cette foule de toutes les couleurs : «On veut voir évoluer les choses...» Tous partagent le même rêve : «Que tous les Mauriciens, gays ou pas, vivent en paix et en harmonie sous le même arc-en-ciel»...
Anjeelee Beegun, directrice du Collectif Arc-en-ciel : «Je souhaite que les 15 ans de lutte du collectif portent leurs fruits et que nous puissions tous vivre ensemble avec les mêmes droits dans notre petite île.»
Anaïs Boulet, présidente : «Nous demandons que tous les Mauriciens soient traités sur un même pied d’égalité. Nous ne demandons pas plus de droits, ni moins. Nous demandons les mêmes droits. Une personne trans peut se faire virer légalement de son travail juste parce qu’elle est trans. L’Equal Opportunity’s Act ne la protège pas contre ces discriminations. La section 250 du Code pénal rend coupable une pratique sexuelle qui ne devrait concerner que ceux qui la pratiquent et qui sont consentants. La section 282 du Code pénal interdit d’inciter à la haine envers une section de la population en fonction de sa couleur de peau, de son opinion politique ou de sa religion. Mais rien sur l’orientation sexuelle, rien sur l’identité du genre. Quand les gens déversent leur violence sur la communauté, la loi ne nous permet pas de porter plainte. Nous souhaitons que cela change.»
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