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1er Mai : l’appel de détresse des travailleurs

1 mai 2022

Rashid Imrith, président de la All Employees Confederation : «Les travailleurs sont inquiets»

 

«On est à la veille de la présentation du Budget et nous sommes encore à subir les séquelles de la pandémie. Puis, il y a la guerre entre l’Ukraine et la Russie dont les citoyens mauriciens subissent les retombées. Avec, en plus, la flambée des prix que nous subissons en ce moment, il y a le risque de subir une pénurie alimentaire. Concernant la présentation du Budget à venir, il est clair que cet exercice ne peut se dérouler dans une optique de business as usual. Les travailleurs et les citoyens attendent une transition fondamentale. En ce 1er mai, notre réflexion se penchera dessus avec la question de savoir quelle île Maurice on veut voir dans le futur, avec les conséquences provoquées par tous les événements que j’ai mentionnés. Il faut avoir une démocratie participative, c’est-à-dire que chaque citoyen puisse donner son point de vue pour que le pays puisse dessiner un plan d’action pour l’avenir, qu’on appelle un five-year plan. On est encore à faire avec un Budget basé sur le discours-programme qui avait été présenté par le président de la République en janvier 2020. Pour nous, ce discours-programme est obsolète avec la pandémie et la guerre. Le 11 juillet 2020 et le 29 août 2020 à Port-Louis et le 12 septembre 2020 à Mahébourg, les travailleurs et citoyens avaient commencé à s’exprimer. Un signal avait été donné avec beaucoup de sang-froid et de calme. Le message était que le peuple est inquiet pour l’avenir. Depuis, on a l’impression que la voix des citoyens n’a pas été entendue. Les travailleurs sont inquiets. C’est important de développer un effective communication mechanism entre les citoyens et nos dirigeants pour que la voix des citoyens soit entendue. Plus on tarde à le faire, pli tempo-la pou kontign soufle. En ce dimanche, ma confédération, la All Employees Confederation, et la Fédération des syndicats du secteur public, dont j’assure aussi la présidence, la GWF, Care et le mouvement Rezistans ek Alternativ, faisons une réflexion dans le cadre du 1er mai à l’Emmanuel Anquetil Center, à Sable-Noir, Grande-Rivière.»

 

Jane Ragoo, porte-parole de la Confédération des Travailleurs des Secteurs Public et Privé : «Nous, les syndicats, constatons la souffrance du peuple»

 

«Ça fait la 3e année que la CTSP ne peut organiser une célébration de la fête du Travail comme il se doit, ek ki nou pa kapav desann dan lari avek bann restriksion an viger akoz pandemi. Nounn touletan fer enn rallye, la nou pa pe kapav fer li. Nou extra sagrin. On vit un contexte difficile. Les Mauriciens qui se trouvaient déjà en difficulté et qui ne pouvaient pas manger à leur faim, se retrouvent dans une situation encore plus difficile. Boukou dimounn pe bizin trase, bat bat 2-3 jobs et pas forcément des emplois qui rémunèrent bien, pour pouvoir joindre les deux bouts. Jusqu’a présent, les travailleurs ne se sentent pas écoutés. Le Workers' Rights Act a été promulgué en octobre 2019. À 95 %, c'était une loi intéressante pour les travailleurs, avec des conditions formidables. Malheureusement, il y a des clauses qui ne sont pas encore entrées en application. Le National Tripartite Council ki bizin sorti depi 2019 inn sorti sa semenn-la. On l’a constaté avec la Covid, le gouvernement est uniquement à l’écoute du secteur privé de Business Mauritius. Nous, les syndicats et les ONG, nous constatons la souffrance du peuple. Si les autorités nous accordaient de l’écoute, beaucoup de problèmes pourraient être évités. On ne nous écoute pas. On a l’impression que les décisions se prennent en faisant fi du petit peuple. Un exemple : akoz Covid, zot ferm zardin danfan me zot ouver bann malls. C’est le petit peuple qui est pénalisé. Au niveau de la CTSP, nous sommes la voix du petit peuple. On sait par exemple que quelqu’un qui part au supermarché avec Rs 1 000 en ressort avec à peine quelques produits. C’est une situation difficile. Dans le cadre du 1er mai, on a élaboré un document avec une vingtaine de points avec les demandes des travailleurs. On demande, par exemple, qu’un comité disciplinaire, soit un comité indépendant, et qui est sous l’égide du ministère du Travail, soit mis en place. Comité disciplinaire fode pa dan lame patron. Mo swet tou travayer enn bon fet malgre la sitiasyon, nou bizin gard lespwar ek res uni.»

 

Jack Bizlall, Muvman Premye Me : «Que cessent la répression, l’État policier et la hausse des prix abusifs»

 

«Ce sont les trois années sans doute les plus difficiles qu’on ait eues depuis 1973, avec la période de la crise énergétique (...) Après il y a eu la crise économique en 2008 et 2012, basée sur l’endettement. La période de Covid-19 est une période durant laquelle l’État a dû pénétrer le secteur de la défense des travailleurs pour garantir les salaires. Cela a maintenu l’emploi, surtout dans l’industrie touristique. Pour le côté négatif, il y a eu les licenciements abusifs. Heureusement, le Redundancy Board a bloqué un peu les abus mais pas dans les cas des actions disciplinaires. On a discuté avec les autorités et pendant le Budget en juin, il y aura des amendements dans la loi pour permettre la réintégration suite à des comités disciplinaires. À la fin du jour, la pandémie a aussi aidé à faire avancer les lois du travail. Contrairement à la pandémie de la grippe espagnole  de 1918-1920, on risque d’avoir affaire à  une crise inflationniste et aux retombées de la guerre en Ukraine, sur l’Europe et par ricochet sur Maurice. On aura un gros problème dans le secteur touristique à cause de cette guerre. Je souhaite que Maurice puisse agir en opportuniste et que les parlementaires, et là je compte sur les gens que je connais : Steven Obeegadoo, Alan Ganoo, Gilbert Bablee, Sandra Mayotte, etc, prennent les bonnes décisions pour que cessent la répression, l’État policier et la hausse des prix abusifs et qu’ils entendent ceux qui souffrent.»

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