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3e anniversaire du Groupe Solidarité Rodrigues | Fok Sen Ho Tu Nam, président de l’ONG : «Les Rodriguais vivent dans des conditions inhumaines à Maurice»

23 février 2016

Le président attend la mise sur pied de La Maison de Rodrigues.

«Il y a tellement de signes visibles qui montrent qu’une partie de la communauté rodriguaise établie à Maurice a besoin d’aide», lance d’emblée Fok Sen Ho Tu Nam, président du Groupe Solidarité Rodrigues. Le 28 février, cela fera trois ans que cette ONG a été créée. Pour l’occasion, une messe se tiendra à l’église Immaculée Conception, Port-Louis, à 8h30. Celle-ci sera dite en hommage à Ursule Antonia, 4 ans, décédée le 3 janvier.

 

La fillette dormait dans la modeste case en tôle de sa mère Ariane Chevery à Crowland Tory, Tranquebar, lorsque la maisonnette a pris feu. C’était dans la nuit du 25 décembre 2015. «C’est la misère qui a emporté ma fille. Là où on vit, il n’y a pas d’électricité car on est en situation de squatters», confiait Ariane Chevery lorsque nous l’avions rencontrée après le drame.

 

Elle n’est pas la seule ressortissante du dixième district à vivre illégalement sur les terres de l’État, un peu partout dans l’île. «Il y a une forte concentration du peuple rodriguais dans la capitale, qui occupe illégalement des terres de l’État. Par exemple, le quartier de Bangladesh à Tranquebar, Cité La Cure et autres. Ces Rodriguais vivent dans des conditions inhumaines. Et force est de constater que la majorité des victimes des récentes averses sont des Rodriguais», souligne Fok Sen Ho Tu Nam.

 

La pauvreté et l’absence de logement décent ne sont pas les seules difficultés auxquelles sont confrontés les Rodriguais, poursuit-il. «Ils quittent leur pays car il n’y a pas de boulot. Ils viennent ici dans l’espoir d’une vie meilleure, d’offrir à leur enfant un bel avenir. Mais la réalité est autre. Le secteur de la construction ne recrute plus comme auparavant. Les petits boulots sont de plus en plus difficiles à trouver. Ce sont autant de facteurs qui les plongent dans la précarité et les entraînent dans d’autres fléaux sociaux comme la violence», explique Fok Sen Ho Tu Nam, en évoquant l’agression mortelle de Jean Sténio Collet, poignardée à l’aide d’un tournevis à son domicile, à Cité Bois Marchand.

 

Au cœur de ce drame : deux familles rodriguaises, celle de la victime et celle des présumés meurtriers. Dans le sillage de cette affaire, Jocelyne Genave, originaire de Rodrigues, soupçonnée d’avoir porté le coup fatal, a été arrêtée, ainsi que ses quatre fils. «La situation est des plus alarmantes. Au bout de trois ans d’existence du Groupe Solidarité Rodrigues, je constate que la situation des Rodriguais à Maurice n’a guère évolué. En tant qu’ONG, nos ressources sont limitées. Nous accompagnons certaines familles, nous les soutenons dans la mesure du possible. Durant ces trois années, il n’y a pas eu de grosses réalisations mais il y a eu une plus grande solidarité», précise Fok Sen Ho Tu Nam.

 

Plusieurs rencontres ont eu lieu entre les membres du Groupe Solidarité Rodrigues et des représentants du Prime Minister’s Office en vue de faire bouger la situation des Rodriguais à Maurice, précise notre interlocuteur. «Dans le dernier budget, on a annoncé la mise sur pied d’une institution vers laquelle les Rodriguais pourront se tourner, soit La Maison de Rodrigues. C’est une bonne chose mais on attend impatiemment que ce projet soit concrétisé.»Le député Francisco François abonde dans son sens : «Le problème des Rodriguais à Maurice est très complexe. Il y a différents aspects qu’il faut prendre en considération. On travaille actuellement avec les différents stakeholderspour répondre à tous ces problèmes de manière efficace. Il y a aussi le projet de La Maison de Rodrigues sur lequel on travaille.»

 

En attendant, le Groupe Solidarité Rodrigues vous donne rendez-vous le dimanche 28 février en l’église Immaculée Conception à 8h30. La messe sera suivie de l’Assemblée générale de l’ONG à la salle Marie Reine de la Paix. Objectif : faire le bilan de l’année écoulée et établir un calendrier d’activités et de projets-phares pour 2016.

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